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 black holes and revelations (nerill)

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Quelque part après vingt-deux heures, la voiture ralentit sur la route de campagne bordée par le silence et s’enfonça dans le champ vierge et abandonné où les fermiers de la région, pendant la saison chaude, pullulaient pour cultiver le maïs. À ce temps-ci de l’année, la terre battue demeurait solitaire, propice pour la soirée que l’homme derrière le volant s’apprêtait à passer en compagnie de sa dulcinée — ainsi s’amusait-il à la nommer in petto, avec chaque fois un sourire aux lèvres. Il lui jeta un regard après avoir coupé le moteur; elle ne lui accordait pas la moindre attention, l’air absorbé par sa longue journée de travail, peut-être, à moins que ce ne soit par son récent accident quelques jours plus tôt? Une vilaine chute dans les escaliers du lycée l’avait menée tout droit aux urgences, lui avait-elle raconté au téléphone, la voix encore empreinte de peur panique. Après examen médical, elle n’avait rien de grave, ses blessures, bénignes dans l’ensemble, cicatriseraient en un rien de temps. Pourtant, Nero s’inquiétait. La jeune femme était-elle maladroite au point de dégringoler une dizaine de marches? Qu’est-ce qui avait pu provoquer ce regrettable incident? Hélas, la doyenne du Lone Oak High School demeurait muette à ce chapitre.
Sans doute se confierait-elle à lui quand elle le jugerait opportun. Il lui faisait confiance, trop peut-être. Mais les prémices de leur relation, désormais tendre et voluptueuse, l’aveuglaient. Comme une lumière esseulée violant un lieu opaque et enténébré pour la première fois. Il leur fallait s’habituer à la nitescence nouvelle, aux gestes et paroles avant-gardistes. La nuit qu’ils avaient passée jouait et rejouait en boucle dans sa tête dès qu’il fermait les yeux et se laissait emporter par cette rêverie que jamais il n’aurait imaginé prendre forme dans le monde terrestre. Il éprouvait encore une certaine incrédulité vis-à-vis de la péripétie sentimentale qui avait surgi dans leurs vies et qui pourtant logeait dans les coulisses depuis des années, des décennies, des siècles, attendant que vienne son heure. Alors lui aussi, il attendait. L’attendait, elle. Avec patience et docilité. Comme toujours. Mais pour l’heure, il préférait ne pas songer à ce malheureux accident.

« La Terre appelle Jill Blackwell, la Terre appelle Jill Blackwell… » annonça-t-il d’une voix robotique et solennelle, une lueur amusée au fond des prunelles. Il apprivoisait encore le périmètre de leur relation qui lentement se traçait au gré des jours et des impulsions sentimentales. Il goûtait à la familiarité nouvelle qui le liait désormais à la jeune femme. Exit le vouvoiement et les politesses maniérées qu’il lui témoignait par le passé. Non pas qu’il s’en plaignît. Loin de là. Il avait longtemps cru qu’aux yeux de Jill, il incarnerait à jamais le vieil ami de la famille dans le meilleur des cas, l’ancien majordome et précepteur dans le pire des cas. Mais les vieilles équations étaient mensongères et erronées et les vieilles cartes, caduques et décolorées. Tout méritait d’être réécrit et réinventé. L’ère des incertitudes, balayée d’un vulgaire geste de la main. Tabula rasa des lois et préceptes.

Il se dirigea vers l’arrière du véhicule d’où il extirpa une montagne de plaids. Véritable gentleman aux idées quelque peu rétrogrades, il refusa que Jill l’assiste pour placer les morceaux d’étoffe sur le pare-brise. Cette tâche accomplie, il lui tendit la main pour l’aider à prendre place sur leur siège de fortune pour la soirée, puis se saisit des deux Thermos qu’il avait remplis de thé une heure plus tôt. Il lui en offrit un avant de lui-même la rejoindre sur le pare-brise, où il recouvrit leurs corps du plus large plaid. Par chance, la nuit était fraîche, mais pas froide. Pour une fois que les températures de fin février se montraient clémentes, il fallait en profiter. Il tourna la tête dans les environs. Personne. Absolument personne. Juste Jill. Nero. Et les myriades étoilées là-haut, peintes sur la toile noire, absente de toute couverture nuageuse. Son Thermos à la main, Nero soupira d’aise et leva la tête vers l’œuvre théâtrale qui chaque nuit se répétait pour les beaux yeux des mortels ici-bas. Après quelques minutes de silence, il chuchota : « Tu crois qu’on nous observe de là-haut? Je ne parle pas forcément de petits bonshommes verts au crâne gigantesque et aux yeux globuleux, mais… eh bien, d’une forme de vie peut-être différente de la nôtre, mais non moins dénuée d’intelligence. Parfois, j’aimerais que ces êtres, s’ils existent, me kidnappent simplement pour fuir la bêtise humaine, ne serait-ce que pendant quelques heures. » Un rire léger secoua sa vieille carcasse. Il avait l’impression de pouvoir lui confier les plus intimes et les plus sots de ses secrets. À cinquante-trois ans, il redevenait un adolescent en plein émoi amoureux.

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@nero de funès / fin février 2021
Every river flows into the sea, but it's never enough. And when the night gives way, it's like a brand new doomsday. ( @architects // doomsday )

Les arbres défilent derrière la vitre à mesure que le véhicule s’enfonce dans la forêt. Le regard s’égare sans se ferrer à la moindre attache quand le mutisme endigué depuis des jours remplace sa traditionnelle gaité. L’esprit est ailleurs depuis cette nuit-là. Nuit aux allures de fin du monde ayant ébranlée son cosme. [ Nuit de terreur. Nuit de tourments. Le pandémonium infiltré dans l’enceinte du lycée d’Exeter. La doyenne à la merci de la force brutale et cruelle d’un ignominieux. Les blessures fixées sur les stries de ses os. Le corps en planque sous le bureau. L’échange de balles, le revolver renversé sur la tempe, l'imminence du trépas. L’épouvante, la répulsion, la frénésie sanguinaire. Le vermillon avalé à la source. Le vampirisme promu existant. Les dents du prétendu sauveur glanées d’un morceau d’épaule de son agresseur. La chair mâchée puis recrachée. L’horreur interminable. Les révélations sanglantes : le secret divulgué sur les wendigos. Sur Asta, sur Nox, sur ces imposteurs. ] Nuit d'épouvante authentique, établie et indubitable. Remanié de concert par ces deux témoins. Le théâtre des épreuves sanglantes, subtilisé au prix de faussetés : les horreurs métamorphosées en simple chute dans les escaliers auprès des médecins. Les coupures sur les bras et les mains, prétendues faites sur un vase brisé dans l’écroulement. Un mensonge vital et primordial pour masquer les vérités apprises. De fausses déclarations, de faux témoignages, exprimés sous la même ruse auprès de l’aimé.
Chaque jour et chaque nuit depuis son retour de l'hôpital, Jill se perdait dans une introspection devenue invivable. Prise dans un carrousel infernal, la jeune femme soudainement extraite de son déni perpétuel s'évertuait à accepter la réalité au prix d’efforts pénibles : annihiler toute trace de scepticisme au surnaturel, consentir à l’inacceptable. Incorporer le besoin vital de chair d’un frère et d’un ami supposé. Comprendre et admettre d’avoir été tenu si longtemps éloigné sur leur nature bestiale. Et enfin, tolérer ses propres péchés (ses œillères) à l'égard de tout cela. Une prise de recul infâme et obligatoire, sans cesse interrompue par les atrocités et les désolations causées par la nuit démente. [ Les réminiscences putréfiées. Le supplice ultime dans les côtes. Les hématomes dispersés sur l’enveloppe tout entière. Le coeur noir. Le spectre plongé dans le néant. ] Ce mal-être évident et les troubles dans ses encéphales, Jill s’était efforcée de les maintenir à l’écart de Nero, dans l’attente d’un jour ou d’une nuit plus propice pour le confronter aux réalités infâmes de ces tribulations innommables. Pour se faire, alors, la Blackwell s’était imposée une retraite nécessaire. [ Les visites repoussées. La chambre fermée à double tour. Le sommeil prétendu illimité sur ses paupières. ] Et dans cette distance, exposée indispensable pour sa santé, une idée, un songe puis une certitude s’était répandue en elle comme une violente toxine : l’étendu du savoir de Nero de Funès quant à l’existence du surnaturel. Les révélations éprouvantes et violentes n’avaient guère laissé le temps au doute de s’installer dans ses méditations. Petit à petit, pourtant, des certitudes tangibles s’établirent dans la sente d’une conclusion déconcertante : Nero était certainement au fait des secrets d’Asta. Comment Asta, durant l'âge juvénile, aurait-il pu  protéger le secret de sa nature bestiale ? Qui, de mieux placer que le guide et protecteur des Blackwell, pouvait capturer ce secret épineux ? N’y avait-il pas plus protecteur et porteur des fardeaux de leur famille que Nero ? Pendant des jours et des nuits, Jill se confronta à bien des énigmes et incertitudes à son sujet. Ses interrogations restèrent suspendues à ses songes jusqu’à ce qu’elle n’ose enfin les confronter à Asta, sur cette conversation post mortem d’un déni assurément enseveli.

Si elle trouva des réponses auprès de son frère, Jill n’osa pas encore confronter Nero à ce qu’elle savait. La crainte, sans doute, que les choses s’enveniment. [ L’angoisse mille fois décuplée de devoir le confronter sur l’étendue de ses secrets quand ils venaient à peine de s’offrir l’extase d’un amour non dissimulé. ] L'angoisse d'un tout

La Terre appelle Jill Blackwell,
la Terre appelle Jill Blackwell.


dont l’appréhension se renforçait à mesure que le véhicule approchait de sa destination.
Pour la première fois depuis l’épisode infernal, le couple naissant se retrouvait sous les diamants des astres étincelants. Profitant d’être isolée sur le siège passager, Jill en profita pour calfeutrer nouvellement quelques traces azurées occasionnées par l’accident. Le visage à peine éclairé par le clair-obscur lunaire, la Blackwell considéra ses traits maussades dans le reflet de son miroir de poche. Rien dans sa tenue ou son apparence ne devait faire figurer l’état continuel dans lequel elle se trouvait depuis la nuit infâme. Les artifices, les vêtements longs et amples, les mains gantées, les sourires forcés pour combler les excès de douleurs sous le derme : Jill s’était fatidiquement conçu une version factice d’elle-même.

Les préparations achevées, Jill avec l’aide de Nero se disposa confortablement sur les couvertures. Le thermos entre ses doigts et la couverture posée sur ses jambes, elle considéra un instant les lieux : la cime des arbres qui lui rappelait ces oiseaux monstrueux auxquels elle se soustrayait complètement [ la phobie au placard, après une nuit de cauchemars ], la température presque irréaliste pour cette période de l’année, les astres et le charme incontestable de Nero assit à ses côtés.
Depuis ces dernières semaines, la fille dans le déni s’était retrouvée dans les mécanismes d’un ascenseur émotionnel violent. D’abord en apesanteur dans les bras de l’ancien factotum quand leur relation prenait un tournant entre irréaliste et merveilleux. Puis la destination du sous-sol quand elle apprenait les secrets d’Asta et de Nox couplés à l’existence du surnaturel. Écoutant les contemplations du fabulateur quant à l’existence d’une autre forme de vie, Jill sentit en elle un émoi considérable. Qui força un passage électrique dans son enveloppe endolorie : « Je crois que tout est possible et je ne serai pas étonnée d’apprendre un jour l’existence d’une autre forme de vie.  »  Détournant un instant les yeux du paradis céleste, Jill adressa pour elle-même un sourire espiègle : « La vérité est ailleurs : n’est-ce pas ? Tu sais Nero, parfois je me demande… » la salive s’avale dans la difficulté, le corps se tend dans l’amorce du précipice dans lequel elle s’apprête à se jeter maintenant : « si ces extraterrestres ne seraient pas responsables de tous ces mystères liés au surnaturel. Des fantômes que je crois surprendre dans les couloirs du lycée jusqu’aux manifestations surréalistes dont certains se prétendent avoir été témoins. »  Le thermos s’ouvre sur ses doigts agités, dans un remous contrôlé mais à peine calfeutré. Se referme aussitôt dans une pointe d’angoisse. Se soustrait à ses doigts pour venir trôner sur la carrosserie. « J’ai tendance à croire que, cachés parmi nous, des individus se démènent pour en protéger l’existence. Et que d’autres préfèrent la renier, jusqu’au jour où ils s’y voient confrontés. Je me demande cependant, ce qui motive ceux qui dissimulent la vérité à ne pas se confier auprès de leur entourage. Comment s'octroient-ils ce droit, de garder le secret ? Si tu apprenais l’existence de… je ne sais pas… des wendigos, par exemple. En admettant qu’ils existent bien sûr et qu’ils subsistent gràçe à disons... la chair qu’ils dévorent. Admettons, aussi, qu’un membre de ton entourage soit l’un de ces êtres à l’appétit bestial. Pourrais-tu, toi,  garder le secret ? Pourrais-tu partager son fardeau et mentir à ceux que tu prétends aimer ? » Le regard perçant s’infiltre partout, analyse la moindre étincelle, la moindre vibration sur ses émotions. Les canines mordent l’intérieur de la joue quand le visage se décompose de lui-même. [ S’écœure elle-même de son procédé pour atteindre la vérité chez celui qui n’a jamais cessé de vouloir la protéger. ] Le silence s’installe un instant, pendant lequel Jill n’a plus qu’un seul souhait : qu’il trouve ses propos ridicules. Qu’il se moque de ses idées folles ou qu’il entre dans son jeu. Que ses yeux n’expriment aucune angoisse, aucun doute sur les faits non-dissimulés. Que cette nuit confrontée aux étoiles ne soit pas le théâtre de nouvelles révélations. Que Nero ne soit au courant de rien et que tout ne soit que fabulation. Même si la vérité est ailleurs, dans les révélations édictées par Asta. Dont Jill ne pourra plus jamais, jamais plus, faire la moindre abstraction.


(c) mars.

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Le tableau vivant des étoiles. L’immensité du cosmos. L’infinité à portée d’œil pour quiconque capable de lever la tête de sa petite personne et ainsi prendre conscience de sa petitesse ici-bas. Voilà ce sur quoi méditait l’ancien majordome, le corps enseveli sous une marée de chaudes couvertures, avec son thé fumant entre ses mains pétries par le froid de cet hiver qui n’en finissait pas et qui pourtant ce soir leur offrait un bref répit. Il garda le silence un moment, l’âme satisfaite par la simple présence de la femme à ses côtés, dont la silhouette reflétait la sienne à cet instant, la tête levée vers la voûte étoilée. Aucun d’eux n’osait briser la quiétude de la nuit qui s’amorçait, douce et limpide à la fois, de celles dont on se souvient pour les générations à venir. Un morceau d’éphémérité à jamais coincé dans le creux de la main. Et puis, il ouvrit la bouche, Nero, se questionna sur la place de l’être humain au sein de l’univers vaste et mystérieux duquel il se couronna roi par vanité, par cécité ou un peu de tout ça, sans se douter qu’ailleurs, quelque part, peut-être, existait une autre forme de vie, semblable ou dissemblable à la sienne. On ne le savait pas. On ne le saurait peut-être jamais. Un mystère hermétique et irrésolu. Le siècle des Obscurités.

Peut-être que c’était mieux ainsi, tout compte fait.
Peut-être qu’il valait mieux ne pas savoir plutôt que de savoir.

Nero baissa la tête. Ses pensées philosophiques et quelque peu mélancoliques, souillées par sa culpabilité grimpante. Il comprenait les phrases prononcées, mais leur signification réelle lui échappait. Un message codé semblait se dissimuler derrière les mots, les lettres. Il fronça les sourcils, sa perplexité peinte sur son visage dissimulé par les ombres environnantes. Il n’osa pas l’interrompre, pourtant. Il attendait, espérait peut-être comprendre s’il persévérait encore un peu. Échec monumental. Ce ne fut que lorsqu’il se tourna vers elle qu’il comprit, enfin. Sa colère sourde et muette irradiait de sa peau, de son corps tout entier. Nero ne pouvait s’y dérober; nulle cachette ne s’offrait à lui. Il devait jouer cartes sur table, accepter le verdict de pantalonnade volontaire. Pourtant, il chercha à retarder le procès tant redouté, peut-être par lâcheté. Sa voix prit une teinte à la fois amère et draconienne, comme la nuée de gaz et de cendres s’échappant du volcan juste avant qu’il n’explose et ne rase toute vie sur son passage. « Si tu as quelque chose à me dire, je préférerais que tu me le dises clairement et sans ambages. J’ai horreur qu’on tourne autour du pot comme cela. La vie est trop courte pour ces petits jeux qui ne servent à rien sinon à nous torturer l’esprit. » Avec ces mots d’une simplicité inouïe, il s’aventurait en terre inconnue auprès de Jill. Jusque-là, leur relation se caractérisait par une politesse sans doute excessive, tout simplement parce qu’ils n’avaient rien connu d’autre. Ainsi s’écrivaient les lignes de leur amitié courtoise, aujourd’hui défunte. Car côte à côte, ils les réécrivaient, ces lignes, ils les courbaient, les distordaient de part et d’autre jusqu’à ne plus reconnaître leur forme originelle. Ils les défiguraient, les débaptisaient. Une renaissance nécessaire et moult fois fantasmée. Aux yeux de la jeune femme, Nero n’était plus le majordome ou l’ami de la famille. Il était plus, bien plus que tous ces rôles combinés. Voilà pourquoi il ne se laissa pas manipuler par les manigances de sa belle. Ses accusations se voilaient de pantomimes et de sous-entendus; elles ne lui laissaient entrevoir que l’ombre de ses tourments, sans jamais ( oser ) aller au-delà. Cela, Nero ne le supportait pas.
« Pour répondre à ta question, je pense que hélas, certains faits et certains événements sont si horribles qu’il vaut mieux les taire, les enfouir dans les méandres de sa propre inconscience, si possible. Quitte à... oui, mentir à l’être aimé. Tu sais comme moi qu’il existe des monstres de par le monde, tu l’as même appris trop tôt, à tes dépens. Je sais que tu n’es plus une enfant, mais je ressens le besoin de te protéger de ces monstres. Est-ce mal? Est-ce égoïste? » Il la regarda alors, comme s’il la défiait de lui répondre par un oui ou un non, la croyant peut-être encore trop naïve pour réaliser que le monde n’était ni tout noir, ni tout blanc. Si Jill était l’aînée de sa fratrie, elle demeurait indéniablement la plus innocente dans sa manière de penser et d’aborder le monde qui l’entourait. Elle ne le remettait pas en question, l’acceptait tel qu’il était. Ou plutôt comme elle pensait qu’il était, c’est-à-dire unidimensionnel et cartésien. Cela dit, elle avait mentionné les Wendigos à l’instant, semant le doute dans l’esprit de l’avocat. Se pouvait-il qu’elle ait fait une mauvaise rencontre, laquelle aurait fait dérailler la machine jusque-là bien huilée? Ce n’était pas impossible, ils vivaient à Exeter, la capitale de l’étrange et de l’inusité. Mais si tel était le cas, elle lui en aurait fait part, n’est-ce pas? Elle lui faisait confiance comme lui-même lui faisait confiance.

Avec certes une broderie de mensonges tissés au-dessus de leurs têtes.

Il but une gorgée de son thé. Les étoiles et la galaxie, un lointain souvenir dans ses pensées agitées. La soirée tranquille qu’il envisageait passer en sa compagnie, une chimère romantique. Il n’aimait pas la pente vers laquelle ils se dirigeaient, chaque seconde comme un nouveau mètre parcouru. Sans aucun retour en arrière possible, quoi qu’ils disent, quoi qu’ils fassent. Condamnés tous deux à une descente vertigineuse de laquelle personne ne revenait en un seul morceau. « Tu me diras peut-être que tu n’as pas besoin d’être protégée. Je ne suis pas d’accord. Regarde-toi, tu es tombée dans un escalier. Encore heureux que tu ne te sois pas cassé quelque chose. » Que ce soit clair, il souhaitait la protéger non pas parce qu’il était un homme et elle une femme, mais bien parce qu’il tenait à elle plus qu’à n’importe qui d’autre sur cette bonne vieille terre. Il était conscient de l’absurdité de son rôle de chevalier servant, savait parfaitement qu’elle pourrait se défendre toute seule si elle possédait toutes les cartes de ce combat sempiternel entre l’Homme et la Bête. Seulement voilà, elle tâtonnait ici et là comme une enfant égarée dans une gare bondée de voyageurs, elle était à la merci de créatures rôdant dans les ténèbres de cette ville maudite. Alors oui, son costume de chevalier servant, il l’endosserait autant de fois qu’il le faudrait, pour elle et pour tous ceux qu’il chérissait. Tous ceux qu’il lui restait.

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