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 we're under the same sky (nihad)

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we're under the same sky ❋
un vendredi matin, 7:58 p.m

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— Bonjour, Nihad.

Scarlett Prince ne s’offre pas d’emblée. Fragmentaire, heurtée, allusive, elle est complexe à aborder. Ses haussements de sourcils sont sa seule et unique ponctuation, et quand elle parle, elle ne cherche pas ; avec Scar, c’est toujours dans la bonne direction.
De légères cernes viennent orner son regard acerbe, plongé dans celui du professeur de l’Université ; mais son port altier, presque princier, résiste encore et toujours à la fatigue accumulée. 1 mètre 65 d’une prestance sauvage, presque animale, vernis d’une maîtrise d’elle-même à l’assiduité scientifique, disciplinée. Scarlett, c’est la perfection faire femme, style antique statue de pierre. Une reine du Sud faite de glace, véritable guerrière. Le mot inexactitude a été depuis longtemps rayé de son vocabulaire, et dans son domaine d’étude erreur rimait avec échec. C’est insensé peut être, mais intrinsèque. Les gens qui la connaissent de réputation disaient de la poète qu’elle était en quête de précision ; mais les loups de l’asphalte, qu’elle côtoient au quotidien, parlent plutôt de perfection. C’est cela. L’infime détail, l’élémentaire altérité. Le schisme dans la matrice, la perfection imprécise ; floue et brutale. Infinitésimale.
Le bureau de Nihad qui s’étale devant elle lui semble pittoresque, l’Université modeste, la foule d’étudiants amassée dans la cour, indigeste ; cette partie d’Exeter, invariablement, l’oppresse. La ville est trop grande, trop peuplée, trop bruyante, et la mer lui manque. Scar a toujours aimé la mer, car la mer c’est un rappel éternel du passé, de ce passé dont elle n’a jamais réussi à se débarrasser.
Refermant la porte de la pièce derrière elle, la jeune femme dépose sur le bureau du professeur étonné, un gobelet encore fumant de café. Zélée.

— Sans sucre, mais avec un zeste de lait. J’ai retenu ma leçon d’hier professeur, ça mérite bien une petite faveur.

Leurs regards se croisent, après s’être cherchés, l’éternité se met en pause tandis que les méninges du professeur se mettent à s’agiter. Non, elle n’a décidément pas abandonné, et ses yeux mordorés œuvrent subrepticement à le décortiquer ; et sous le regard brûlant de la poète, Nihad Trahivut est mis à nu, déshabillé de son vernis, de ses habits, de ses pensées. Elle est un peu sauvage Scarlett, un peu sans gêne. Nihad lui, ne change pas, jamais. Il possède cette espèce d’immobilité qui dérange le siècle, défraye la chronique. C’est le sourire de la vitesse. Chez lui c’est automatique, cette aura narcoleptique, qui donne envie à Scarl de tout laisser tomber, de fuir en tirant sur sa vie, de retourner au fond de son lit. Pourtant elle ne bouge pas, et le temps se suspend sur ses lèvres tandis que le professeur l’observe sans broncher.

—  Je ne comprends pas pourquoi vous refusez encore de me prendre avec vous. Je ne suis ni votre élève, ni votre assistante. Je suis majeure, vaccinée et prête à signer une décharge si c’est vraiment cela qui vous rend si inquiet. Cela fait cinq jours que je vous poursuis, et je ne vais pas m’arrêter. Je reviendrai demain, et après demain, vous n’aurez plus de répit. J’ai besoin de vous, Nihad....

La passion ici, ne connait pas de trêve. Elle se love, inflexible entre ses hanches, miroite dans son regard, d’une inflexibilité presque odieuse, un tantinet adipeuse. Scarlett fait partie de ses femmes passionnée, et nul ne peur en douter. Pas comme le commun des mortels il est vrai, mais à sa façon à elle, intime, sibylline et réservée. Sa passion ne s’exprime pas avec le corps, ni avec les mots, car aucune langue ne peut résumer l’existence de Scar, aucun geste, aucune voyelle. Elle est trop. Trop ou pas assez, un peu bancale peut être, jamais cassée.

— Vous voulez que je sois franche ? J’ai failli mourir il y a quelques mois, et quand je me suis réveillé du coma vous savez à quoi j’ai pensé : pourquoi je suis encore là, pourquoi j’ai résisté ? Mourir ? Pourquoi pas. Si c’est pour une cause que je trouve noble et méritante, une cause qui me donne envie de rester. Comme vous d’ailleurs, sinon vous ne vous mettriez pas vous même en danger. La seule chose qu’il me reste aujourd’hui, c’est ma poésie. Alors réfléchissez encore, parce que je ne vais pas vous lâcher. Je vous le promet.

Scarlett se tait. Voilà longtemps qu’elle n’avait pas autant parlé, ses lèvres sont sèches, et son cœur tambourine violemment dans sa poitrine essoufflée. Elle sait pertinemment qu’il la comprend. Nihad et Scarlett sont les passagers d’une complicité naissante, d’une curiosité similaire éloignée des appréhensions du monde mortel : ils séquestrent en leur sein une éclosion de chaos. Un chaos silencieux, froid, impétueux. La stabilité qui émerge de l’effervescence de la poète la dresse, droite et fière devant son terrible adversaire. Le duo est désormais silencieux, mais cela ne dérange pas Scarlett. Son père lui avait dit un jour que les hommes ne supportaient pas le silence parce que cela voudrait dire qu’ils se supporte eux même. Ici, dans ce petit bureau du bout du monde, le silence se prolonge, il devient de plus en plus épais, comme un brouillard duveteux, il est un recoin, un abri pour souffler loin de l’agitation du monde.  
Scarlett presse ses mains gantées contre ses cuisses, et sans un mot se lève. Elle a encore échoué mais rien n’y fait, hors de question d’abandonner.

— À demain Nihad, bonne journée.

Et sans bruit, elle se glisse vers la porte d’entrée.

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Winnie Burgos
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we're under the same sky. -- @Scarlett Prince

La rumeur au bord des lèvres, presque captivé par ces inscriptions qui – à ses yeux – valaient mieux que la plupart des individus qui foulaient les couloirs de l’université, Nihad préparait sa prochaine présentation. Les interventions qu’il faisait dans les amphithéâtres, muni de sa seule connaissance et de l’envie de s’investir dans la culture de ses élèves, étaient de moins en moins préparées. Il lui arrivait de plus en plus régulièrement, de s’armer de son seul courage, et d’un semblant d’inconscience, et de s’aventurer face à la fosse avec des élucubrations alarmantes. Les plus studieux s’époumonaient pour le faire partir de ce cursus ; mais les plus créatifs approuvaient ses méthodes. La position qu’il occupait au sein du corps enseignant n’était pas un tremplin vers une liberté d’éducation, et il s’offrait parfois l’opportunité de faire savoir son indifférence à ceux qui en étaient les principaux acteurs. L’administration avait beau rejeter ses manières, et cette habitude qu’il avait de se faire plus désabusé qu’il ne l’était déjà, face à la jeunesse, Nihad ne ployait pas pour une raison qui lui tenait à cœur ; ses étudiants l’appréciaient. Les derniers mois avaient été compliqués, et sa capacité à plonger – tête première – dans les problèmes l’avait éloigné de bien des visages. Mais il avait, à force de plaider sa cause, réussi à garder une place de choix dans certains cœurs ; c’était du moins, ce que son assistante s’était évertué à lui faire comprendre.
Les coudes se bousculaient parfois pour retrouver grâce à ses yeux, et c’était tout ce qui comptait en l’état. Il ne fermait jamais entièrement son bureau, et songeait à offrir un double des clés à Ada – plus de manière significative, que pour qu’elle n’en bénéficie réellement ; Nihad savait que son ancienne élève n’avait pas attendu son accord pour en faire un trousseau. Et si aucun ne l’avait arrêté après sa dernière prise, lorsqu’il avait quitté l’amphithéâtre avec le même pas traînant que celui des mauvais jours, il avait pourtant pu entrevoir une silhouette derrière la porte de son bureau ; à attendre.

Il avait laissé s’égrener quelques minutes avant de demander à l’intéressé de prendre place dans cette zone si intime, où il passait le plus clair de son temps, simplement pour la forme. Après avoir réclamé à ce que l’invité le rejoigne, tête toujours baissée sur sa feuille de papier, il s’était rendu compte – ébahi – qu’il ne s’agissait pas d’un de ses étudiants. Ce n’était pas à l’intonation de la voix, qu’il s’en était rendu compte ; pas non plus à cause d’un visage qui lui aurait été inconnu. Mais ce prénom, fragment précis de son identité, n’était accessible que pour ceux qui n’avait aucun rapport d’autorité avec le professeur. Il releva alors le nez, abandonna l’histoire de Prométhée pour celui d’une jeune femme, dont les intentions avaient déjà été énoncées. Il entrouvrit la bouche, comme pour se défendre d’une position qu’elle lui refusait en agissant de la sorte, mais se contenta de darder sur elle, un regard inquisiteur. Le gobelet de café posé sur son bureau était un gage de proximité, et Nihad n’était pas certain d’accepter une telle intrusion.
Il resta surpris face à cette audace, mais ne s’en formalisa pas. Elle avait retenu la manière avec laquelle il prenait son café, et certainement qu’elle s’armerait de toujours plus de renseignements pour arriver à ses fins. Les doigts agités sur le bois de son bureau, tapotant la surface d’un rythme éreinté, il se fit métronome du temps qu’il lui restait à évoluer en ces lieux. Il attendit qu’elle termine de s’exprimer, d’exposer des arguments qui étaient recevables, mais que le professeur ne pouvait accepter. Après cela, il n’aurait qu’à la raccompagner à la porte, et lui demander de ne plus l’importuner. Le discours était déjà préparé, conçu pour lui signifier qu’elle n’avait aucun droit de devenir son ombre. Mais les mots de la jeune femme furent plus incisifs qu’il ne l’aurait cru, et certains restèrent imperceptiblement gravés. J’ai besoin de vous, Nihad.... Plus personne n’avait besoin de lui depuis bien des mois, condamné à mener sa vie de solitude, en attendant d’être remplacé par un modèle plus jeune, et plus légitime, que lui. Il leva alors les yeux au ciel, certain de ne pas mériter de telles élégies.

Le silence devenait de plus en plus assourdissant, et les minutes se teintaient d’un ennui qu’il souhaitait s’empresser de briser ; malgré l’apparente patience dont il faisait preuve, face à la jeune femme qui dépassait les limites. Il se leva enfin, et fit le tour de son bureau d’acajou, afin de se poster devant. Il s’y assit presque, légèrement affaissé contre le meuble, alors que ses doigts attrapèrent le gobelet encore fumant. Les idées se chambousculaient, et il ne parvenait pas à comprendre l’intérêt si particulier qu’elle portait à ses recherches. Mais la détresse qu’il lisait en elle était réelle, et il se reconnaissait presque en ce regard de clarté qu’elle lui adressait. Lorsqu’elle se leva, Nihad sortit de sa torpeur, pour lever un doigt dans les airs ; attirer son attention. « Attendez, mademoiselle. » Il approcha le museau de la boisson, comme pour détecter une odeur particulière ; était-elle capable de le droguer ? Il n’était jamais trop prudent, pas alors que les prémices d’une relation étaient si brouillées. Il releva les yeux vers Scarlett, et lui montra le siège qu’elle venait de quitter, afin de l’inviter à s’y réinstaller. Il ne voulait pas se retrouver épié, à sentir une présence dans ses pas, jour après jour. Ils devaient mettre les choses au clair, immédiatement. « Je vois que vous êtes bornée, et j’aimerais acheter ma paix. » Il porta le gobelet jusqu’à ses lèvres, et se réchauffa de quelques gorgées d’un café brûlant, et dilué dans du lait ; à sa convenance.
Il pivota sur le côté, et se pencha afin d’attraper un des dossiers sur le haut de son tiroir. Ce dernier n’était pas encore complet, et il manquait bien des choses pour que les informations soient utilisables ; mais c’était ce qu’il avait récolté ces dernières semaines. Il garda le document dans sa main libre, en regardant la jeune femme des pieds à la tête. « A défaut d’accéder à votre requête, je vous propose de partager mes trouvailles. Je sais ce que vous ressentez, et je comprends que vous ne viviez que pour votre travail. Mais je pense que vous ne mesurez pas l’ampleur du danger que vous évoquez. » Toujours plus loquace en présence de ses élèves, ou ceux qui auraient pu l’être, il se fit orateur d’un parti pris qui avait ses forces. « Prenez ce dossier, et nourrissez-vous de ce que vous jugerez bon. Mais je ne peux vous offrir plus. » Il savait que c’était faux, et qu’il avait le pouvoir de décider d’un potentiel accompagnateur. Il avait toujours refusé cette place à son assistante, mais s’était promis de lui accorder quelques affaires dans un futur proche. Mais Scarlett, qu’avait-il à lui offrir ? Il tendit le dossier dans sa direction, enfin prêt à la négociation.



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scarlett & nihad

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Un, deux, trois, quatre.
Un pas après l’autre, une pensée et puis une autre.
Cinq, six, sept, huit.

— Attendez, Mademoiselle...

Et Scarlett s’arrête, immobile, en proie au vent furieux qui déchaîne sa haine en son être. Ses habits chics, parsemés de poussière ne la protègent pas de cette brise humide et froide qui s’élève dans le petit bureau, de ce relent d’éternité morbide. Les heures la perdent dans un souvenir sédentaire qui peuple sa mémoire, sclérosé entre les doutes et les peurs.

Neuf, dix, onze.

—  ...J’aimerai acheter ma paix...

Avec douceur, Scarlett se retourne et prend place sur le siège indiqué. Petit à petit, tandis que Nihad déroule sa tranquille litanie, la sombre forêt de son inconscient devient sienne, non parce qu’elle la possède, mais parce qu’elle finit par la connaître. Elle la voit différemment maintenant. Elle commence à comprendre sa logique et à percevoir son mystère. La clairvoyance, conséquence irrémédiable de l’affliction du désespoir.

Douze, treize, quatorze.

— ...Prenez ce dossier, et nourrissez-vous de ce que vous jugerez bon. Mais je ne peux vous offrir plus.

Oh, la pluie est là, elle l’attendait. Les gouttes s’écrasent sans préavis contre le carreau abimé. Finitude insensée. Déraisonnable mort. Absurde existence. Derrière la fenêtre, l’environnement au dehors s’est paré de son plus beau manteau, cousu de vert et d’ocre, et l’humidité de la terre a des relents d’éternité. Une certaine lucidité l’effleure, et elle se surprend à regarder le monde à travers les larmes du ciel.
C’est l’ululement lointain d’un oiseau qui tire Scarlett de sa torpeur langoureuse, de sa misérable géhenne ; puis le silence, complet, presque irrévérencieux, et enfin, cette petite voix intérieure, ce doux sifflement qui harangue la jeune femme de sa pestilentielle mélopée. Sa conscience, peu à peu, et pas à pas, se réapproprie son corps et la douleur, impertinente, s’installe, vive et ardente.
C’est avec douceur qu’elle se saisit du dossier pour l’examiner. Ce n’est pas assez, elle le sait. Elle a besoin de voir pour y croire. Elle a besoin de cet homme maussade mais effronté, prêt à braver tous les dangers.
La jeune femme, hagarde, relève les yeux brièvement et son regard croise celui de son triste sire.

— Je vous remercie. Mais je crois que c’est vous qui ne mesurez pas l’ampleur de me détermination. Si ce n’est pas avec vous que j’irai, ce sera seule, ou mal accompagnée, et je ne dis pas ça pour vous faire culpabiliser.

Alors, elle s’accroche Scarlett, elle attrape le bord du bureau pour ne pas s’écrouler, et ses ongles gantés s’enfoncent dans le vernis écaillé. Elle veut souffrir Scarlett, car souffrir c’est aussi ne pas mourir.

— Est-ce que vous avez déjà eu l’impression de tout perdre, Nihad ? De tout perdre sauf le vide, car le vide ne part jamais, il s'installe et gangrène. Un pas après l’autre, c’est comme ça que vivent les gens qui ont tout perdu, ou qui n’ont jamais rien eu. Un pas après l’autre, une journée et puis une autre. Quand on perd tout, on devient lent. Langueur typique d’une existence décomposée. On devient lent parce qu’on ne sait plus vivre. Et après, il n’y a plus de règles, plus de thèses, plus de passion ; plus de virgules, plus de doutes, plus d’excitation. Juste un long chemin aride dont on connaît tous l’exquise finalité.

La Mort. Ô qu’elle te désire, toi, tendre faucheuse. Elle te provoque via ces sombres desiderata, te convoque sans équivoque, mais tu te refuses, à lui ouvrir les bras. Scarlett, sensible au temps intime, à celui qui ne fuit pas, ce temps sans repères et sans lois. Celui de l’ennui, de la solitude, celui où elle se remémore qu’on lui a négligemment arraché un bout de vie. La lumière a quitté son monde depuis sa mort. La vie a quitté son corps depuis sa mort. Pâle et funeste fantôme qui déambule, qui accumule, qui dissimule - ses souffrances et ses cris.
Elle est vide Scarlett, et penchée sur le bureau de Nihad, elle se laisse envahir par cette douleur sans nom, sans visage, sans fin, qui la ronge de l’intérieur, sans jamais discontinuer. Elle est vide, et le monde autour d’elle devient flou tandis qu’émergent de ses lèvres gercées par la vie, les mots qu’elle adresse au professeur, comme une ultime supplique.

— Je ne veux pas de ce dossier. Je veux la vie, la vraie, aussi laide et dangereuse soit elle. Sans mensonge, sans tromperie, sans méfaits. Je veux que vous m’aidiez à planter quelques fleurs sur cet aride sentier.


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Elle reprit place sur le siège qu'il lui avait indiqué d'un geste de la main. Le visage apaisé, mais peint d'une volonté que le professeur n'avait plus vu depuis bien longtemps. La dernière fois, c'était devant son miroir, alors qu'il se répétait que son enfant reviendrait dans son foyer ; qu'il retrouverait sa trace, et le ramènerait par la force de la paternité. Lui qui avait tant à gagner, mais plus rien à perdre. Il comprenait les arguments de sa visiteuse inopinée, et aurait sincèrement pu répondre à sa demande par l'affirmative. Mais s'il venait à lui arriver malheur, par sa faute ? Il ne la connaissait pas, mais ne pouvait ajouter de carnages à sa conscience. Les pas qu'il posait sur le sol hostile, découverte après découverte, ne pouvaient se faire en compagnie d'une innocente. Il mettait sa vie en danger, et prenait un malin plaisir à chahuter la faucheuse afin qu'elle vienne l'emporter. Et ces folies devaient rester personnelles, et ne coûter la vie d'une âme extérieure. Les supplications pouvaient se bousculer, Nihad devait se montrer ferme face à ces décisions. Son assistante était la première à souffrir de cette excès de raison, mais le chercheur ne pensait pas voir une seconde jeune femme venir en prendre les contours.
Il poussa un soupir de soulagement en la sentant s'emparer du dossier. L'espoir qu'elle s'en contente insuffla de la lumière dans son cœur, et il relâcha maigrement ses muscles - jusqu'alors tendus. Mais la chaleur de ce geste ne fut que bref, la jeune femme déjà sur les crocs. La mince portion qu'il lui avait offerte n'était pas assez, mais qu'avait-il à révéler de plus ? La culpabilité avait déjà accroché ses ongles poisseux à sa carcasse depuis longtemps déjà. Arun n'était plus là, par sa faute, et certainement qu'il ne remettrait jamais la main dessus. Les brisures de ces paroles, lancées à son visage sans aucun filtre, ne pouvaient l'atteindre avec le fracas qu'espérait l'indolente. Il le savait, qu'elle ne partirait pas sans réparation, et n'avait aucun temps à accorder à une mélopée supplémentaire.

Et pourtant, les mots qui jaillirent d'entre ses lèvres folles, eurent un impact certain sur lui. La locutrice savait manier les sentiments, et peut-être avait-elle décelé cette même léthargie dans le regard de son vis-à-vis. Il y subsistait une amertume qu'il n'offrait à personne ; non par pudeur, mais pas égoïsme. Alors, le regard relevé vers son joli visage, l'homme décida de prendre un détour plus escarpé. Ses bras se croisèrent contre son torse, et il resta ainsi, adossé à son bureau, à l'étudier quelques secondes. « Que vous est-il arrivé ? » Il l'observa, de ses yeux bruns, en se demandant ce qui avait pu causer un trou si béant dans une âme si jeune, nouvelle. La question qu'il lui posa paru vaste, mais si elle s'était reconnue dans ses chagrins, alors elle saura décrypter les intentions. Il pinça sa langue entre ses dents, et reprit la parole, après avoir étudié les traits changeants du visage adverse. « Personne ne peut si bien parler du chaos, sans l'avoir connu. » Il tendit le bras, et s'empara des feuillets qu'il lui avait tendu quelques minutes auparavant, afin d'en ouvrir la pochette cartonnée. Il baissa la tête, la lâcha des yeux, et tourna quelques pages afin de mettre la main sur une information précise.

Lorsque ses yeux tombèrent dessus, il eut un rictus mauvais. Les circonstances de cette photo était un souvenir qu'il avait voulu évincer, et il se trouvait abasourdi face au cliché criant de vérité. Le corps d'une jeune femme, aux lèvres bleues et aux membres presque absents, gisait dans quelques feuillages. Le chercheur était tombé dessus en s'approchant de ce qui -selon les dires- était une secte. Le Foyer Rouge, où il n'avait encore jamais mis les pieds, mais dont il se rapprochait à mesure du temps. Un jour, il les atteindrait, et comprendrait ce qui se trame entre les murs de cette communauté aux milles légendes. « Elle s'appelait Mia. » La voix douce, en contraste avec ses paroles, il continua son récit, comme si les bribes d'une inconsciente pouvait faire reculer la jeune femme. « Je suis tombé dessus pendant une expédition. Elle aussi, voulait la vie. Elle aussi, était déterminée. Je suis incapable de vous dire ce qui a croisé sa route, et la police n'en sait pas plus. » Un électrochoc, pour lui faire perdre prise ? L'histoire était véridique, et Nihad n'avait jamais su ce qui avait ainsi ôté la vie de la demoiselle, alors qu'elle se trouvait si prêt d'un point qu'il examinait lui-même. Mais, malgré l'embarcation prévue sur les traces du Foyer Rouge, ce ne pouvait être l'oeuvre de l'un d'eux. La rumeur les savait cannibales, et le corps de la jeune Mia n'aurait jamais été retrouvé. Mais alors, que lui était-il arrivé ? C'était une question qu'il ne voulait pas avoir à se poser pour la jeune personne qui lui faisait face.





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