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 whistling in the dark (susan)

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Ari Williams
- ari beau, c'est beau la vie -
Ari Williams
- ari beau, c'est beau la vie -
damné(e) le : o26/03/2022
hurlements : o1156
pronom(s) : oshe / her
cartes : ofürelise (ava) ; alcara (sign)
bougies soufflées : o46
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whistling in the dark
Le creux s'accentuait, dans sa poitrine. Un néant de tout le corps, un vide de la taille et de la forme d'une personne qui prenait toujours plus de place. La sensation que son souffle était de plus en plus court, que sa tête bourdonnait à chaque fois qu'un de ses stagiaires reprenait la parole. Le regard noir, vitreux, posé sur Emma alors qu'elle répertoriait les dernières opérations de la journée. RJ aux abonnés absents, Ari s'était retrouvé à la tête des opérations. Une tête relative, tant la sienne semblait se dissoudre dans le nuage opaque du manque. Un manque qui prenait bien des formes, qui n'avait pourtant qu'un seul visage. Le seul auquel Ari ne devait pas penser, le seul qui aurait pourtant compté, cruellement, au delà de l'état où il se trouvait. Le goût du sang de la lèvre inférieure de Stu sur le palais. Il s'en voulait encore, de ce coup de dents malheureux. Son ami avait été bien généreux de se porter volontaire pour l'aider, lui qui n'avait même plus envie de se nourrir. Et le légiste était de plus en plus faible. Mais les baisers, eux, étaient de plus en plus voraces. De moins en moins contrôlés. Stuart en avait malheureusement fait les frais, ce matin. Le son de son soupir étouffé résonnait encore à ses oreilles, il pouvait encore sentir la pression de ses mains sous l'intensité. Reprendre contrôle de ses gestes était de plus en plus difficile, malgré toute sa volonté.
Mais la fièvre était inextinguible, et l'unique remède que souhaitait le malade ne pouvait pas être envisagé. Pas après la dernière nuit qu'il avait passée avec Lenny. Il est parti. Et sans Lenny, Ari ne voyait aucune alternative. Il était là, le vide en forme de silhouette. Elle avait un nom, cette silhouette. Et il ne comptait le combler d'aucune autre, malgré l'insistance ou la générosité de Stu.
Et s'il devait mourir d'amour, alors il le ferait.
Rien n'avait de sens, sans Lenny.

-Dr Williams ? Vous êtes d'accord ?
-Pour... ?
-Recevoir la Juge Love. Vous n'avez pas entendu ? Elle a appelé ce matin pour savoir si elle pouvait passer en début d'après-midi pour s'entretenir avec un des légistes pour une affaire de disparition en cours. Mais je peux m'en occuper pour vous, vous n'avez vraiment pas l'air en f...
-Je vais bien, Emma, ne t'en fais pas. Une disparition ? Elle a précisé laquelle ?
-Elle... ne l'a pas mentionné, non...
-Ce n'est pas grave, je vais la recevoir à mon bureau quand elle arrivera. Merci Emma et merci à tous, vous avez fait un excellent boulot.

Hochement de tête incertain de la stagiaire, malgré le sourire approximatif d'Ari. Il était conscient des murmures qui filaient dans les couloirs, savait pour se l'être entendu dire par Stuart qu'il avait une tête à faire peur. Avait à peine croisé son miroir avant de partir, mis vaguement de l'ordre dans ses boucles folles, et avait pris la route vers la Morgue. Un pied devant. Un autre dans la tombe. Que la vie ait un sens était une toute autre chose, mais elle devait continuer malgré tout. Il fourra ses paumes contre ses yeux en soupirant, lorsque tous les stagiaires s'éparpillèrent dans les couloirs de la morgue. Les sens à vif, c'était presque comme s'il pouvait entendre leurs pensées. Il va vraiment pas bien. C'est moche, les ruptures. Vous avez vu, il a encore son alliance. Les bruits couraient vite, dans ce genre de microcosme. Tout le monde avait remarqué l'absence qui lui creusait le coeur. Le sourire de Lenny manquait à bien plus qu'Ari, maintenant qu'il avait arrêté de passer à la Morgue. Avec l'absence marquée de RJ, c'était l'équipe toute entière qui semblait avoir perdu pied.
Et Ari, qui se sentait couler un peu plus, heure après heure, minute après minute.

Le brouillard toujours enroulé autour de son crâne et les mains toujours aussi moites. Un pas en avant, puis un autre. Il reprit le cours naturel de la matinée, s'occupa comme il le pouvait avec toutes les tâches qu'il avait encore en cours. Un dossier à boucler à droite, un témoignage à préparer à gauche. Les stagiaires à former en bloc d'opération. Repousser l'envie de se terrer dans son bureau en se focalisant sur le reste, et l'heure du déjeuner était déjà arrivée. Il laissa tous les autres filer au restaurant, prétextant avoir encore à faire pour masquer le fait qu'il n'avait pas faim. La solitude s'abattit sur ses épaules comme une massue. Il aurait pu monter les étages, retrouver Dick dans son bureau. Mais cela impliquait de passer devant celui de Lenny. Il le savait, qu'il n'était pas encore assez fort pour se confronter à son regard. A la réalité de la fin de leur relation. L'alliance encore brûlante autour de son annulaire en était bien la preuve.
Une preuve. C'était là que le bât blessait, en ce qui les concernait tous les deux. Dans cette lueur d'espoir, au milieu de tout le brouillard, qui lui laissait croire qu'il y avait encore quelque chose à sauver. Que tout ce qu'il avait vécu lors de cette maudite soirée n'était pas possible, qu'il y avait une raison capable d'expliquer tous les mots qui s'étaient échangés. Lenny avait appuyé sur tout ce qui faisait mal, méthodiquement, sans rien épargner. Toutes les blessures, une à une, qu'Ari lui avait infligées. Les faits étaient là, dans les mots, dans les actes. Un tel degré de douleur qu'il avait métamorphosé l'Amour. Lenny, poussé si loin par les erreurs, qui avait atteint le point de non-retour. Et c'était ça le pire, au delà de la culpabilité d'avoir tant fait souffrir l'homme qu'il aimait. De se dire qu'au fond, quelque part, il y avait encore de l'espoir. Cherchait-il à prouver que cette nuit n'était pas réelle, ou à se prouver sa propre culpabilité ? Il l'ignorait. Mais il le devait.

Un calme olympien régnait sur la Morgue, depuis plusieurs dizaines de minutes. Le nez dans ses recherches, il n'entendit qu'à peine la voix féminine qui retentit du côté de l'accueil, à plusieurs dizaines de mètres de son bureau. Un appel qui se répéta, le poussant à lever quitter les caractères dansant sur l'écran de son ordinateur. Il se redressa précipitamment, annonça qu'il arrivait en s'extirpant difficilement de son siège. Le monde tournait toujours autant, tout autour de lui. Passant une main dans ses cheveux pour tirer ses boucles en arrière, dans un effort de présentation qui ne lui ressemblait plus vraiment depuis plusieurs jours, il bifurqua à travers les corridors jusqu'à l'accueil. Tomba nez à nez avec la seule âme qui vive dans cette Morgue.

-Bonjour Mme la Juge, veuillez excuser le manque de réceptionniste, il n'y a plus que moi. Tout le monde est parti manger à l'extérieur.

Un sourire gauche, une poignée de main pour saluer Susan Love. Ari tenta de faire en sorte d'atténuer les tremblements au bout de ses doigts, mais ne fut pas réellement certain d'y parvenir, tant son corps semblait fait de coton. Un mouvement du bras, pour l'inviter à le suivre jusqu'à son bureau. La magistrate n'avait pas donné d'heure et pourtant, elle était tout de même en avance. Ils évoluèrent le long des corridors en silence. Le bruit des talons de la sculpturale Juge Love lui percutait les tympans. Arrivés à destination, il se glissa rapidement dans son siège. Son domaine. Invita son éminente collègue à s'asseoir à son tour, d'un mouvement de la main. Cette dernière vint rapidement rejoindre sa paire, en travers du bureau. Entrelacés, ses doigts ne trahiraient peut-être pas autant leur fébrilité.

-En quoi puis-je vous être utile ? Emma m'a dit que vous souhaitiez davantage d'informations à propos d'une affaire de disparition en cours, mais je n'ai pas retenu laquelle, j'en suis désolé.

La jeune femme avait fait ce qu'elle avait pu, et même si elle n'avait pas su de quelle affaire il s'agissait, son mentor n'avait aucune intention de la jeter sous le bus. Il connaissait Susan Love, mais ne la connaissait pas aussi bien. Lazare Sinclair n'aurait jamais fait passer ce genre de détail, peut-être que la Juge était faite du même bois, de ce côté-là. Quand bien même, c'était de son équipe qu'il s'agissait. Si quelqu'un devait prendre une remarque, il la prendrait sans broncher. Son genou commença à battre, sous le bureau. Il connaissait suffisamment ce symptôme pour savoir qu'une bouffée de chaleur n'était pas loin. Serre les dents. Par chance, la réponse ne tarda pas à tomber. Les sourcils d'Ari se froncèrent.

-L'affaire McCready ? N'avez-vous pas déjà reçu les rapports par le bureau du Procureur ?

Il était sûr d'avoir déjà écrit ses conclusions, en ce qui concernait cette affaire. L'avait supervisée lui-même, puis avait reçu une directive comme quoi il devait expressément faire contrôler chaque document par Lazare Sinclair lui-même. Un SMS sans fioritures, sur son téléphone personnel. Ari s'était exécuté, après tout, ce genre de caprices ne sortaient pas nécessairement des procédures de base. Mais avoir la Juge elle-même dans son bureau, qui lui demandait ces informations, n'était pas exactement pareil. Le légiste haussa les épaules. Leurs petites histoires intra-tribunal n'étaient pas son problème. Tant que les documents ne sortaient pas de son bureau.

-Double disparition, aucun corps, si je me souviens bien ? Que souhaitez-vous revoir à ce sujet, exactement ?

L'odeur du parfum de la Juge chatouillait ses narines, porté par ses sens décuplés par le manque. Ari occupa ses mains différemment en se penchant vers un des tiroirs du bas, à la recherche dudit dossier McCready. Tomba nez à nez avec la petite glacière que Stu lui avait faite emporter, quand il était parti. Stu lui avait fait promettre de faire au moins un repas par jour. Torsion de son estomac, il se pinça les lèvres. Releva le museau vers son éminente invitée.

-Vous avez déjà mangé ? J'allais m'y mettre, mais je peux appeler pour nous faire livrer quelque chose, si vous souhaitez m'accompagner.

Il avait faim. Il n'en était que trop conscient. Mais il n'avait aucune envie de manger. Restait que la petite glacière en tissu lui rappelait que cette promesse faite à Stu, il devait la tenir. Pour lui, à défaut de lui-même. L'objet finit sur le bureau, appuyant la proposition. Ari savait très bien qu'il n'allait manger que quelques bouchées, mais au moins, il aurait tenu sa promesse. Même s'il pouvait de nouveau sentir le goût métallique du sang de Stu, sur son palais. Même s'il savait que remplir son estomac ne soulagerait rien de son état.



How do I make you love me? How do I make you fall for me? How do I make you want me
And make it last eternally?

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Susan Love
- only sue can judge you -
Susan Love
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damné(e) le : o12/06/2019
hurlements : o2489
pronom(s) : oshe/her.
cartes : o(av/icons/cs) fürelise (sign) tucker.
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-- whistling in the dark ft. @ari williams
    Elle avait du mal à travailler quand un élément – aussi infime soit-il – lui trottait à l'esprit. Le bon fonctionnement de ses facultés se trouvait endommagé, assez pour qu'elle tourne en rond dans son bureau en ignorant la pile de travail qui dégringolait sur l'étagère. Le temps lui manquait déjà, Susan supposée être aussi efficace au tribunal qu'entre les murs de la ferme. La belle menait deux existences en une, s'occupait tout autant du faux cocon familial qu'elle avait construit comme couverture, oubliant parfois les plaisirs qu'elle s'accordait autrefois – comme celui du chant. Le trait tiré sur une période de sa vie durant laquelle elle n'avait pas à courir, jamais à s'interroger sur des affaires triviales au beau milieu de la nuit. Pourtant, elle ne s'en plaignait jamais ; toujours reconnaissante envers Darius de lui avoir donné cette opportunité, qu'importaient les heures à rester éveillée et les plaisirs oubliés. L'aiguille égrenait les minutes, de précieuses secondes que la juge s'octroya – exceptionnellement – dans un but qu'elle ne décelait pas encore. Elle n'avait rien de tangible dans les questionnements qu'elle se posait, pas même un mobile suffisant pour suspecter un complot venant du parti adverse. Le comportement de Mattheson pouvait facilement s'expliquer, lui qu'elle avait fui durant de longues journées à sa sortie de l'hôpital. Susan avait conversé avec Darius après le rendez-vous qu'elle avait eu avec ce dernier, concernant une affaire de disparition qu'il fallait mettre sous le tapis selon eux.

    Les personnes disparues étaient des leurs depuis peu, une information qu'elle n'avait pas ce jour-là, qui éveilla sa curiosité de bien des manières. Il était compréhensible que l'avocat essaie de masquer les faits sous le tapis, ses petits camarades jouant hypothétiquement un rôle dans la perte de ces deux hommes ; mais qu'en était-il du procureur ? Sinclair n'était pas du genre à baisser les bras, surtout pas dans une affaire de disparition capable de faire éclater au grand jour une vérité favorable à l'ensemble de la ville. Lui qui faisait son travail avec rigueur semblait également désireux d'étouffer l'affaire, ce qui avait amené une question affolante à l'esprit de la juge : pourquoi ? Les magistraux n'avaient rien à gagner à expédier si rapidement un dossier de ce genre, pas alors que la famille des disparus demandait réparation – du moins, des réponses. Susan ne savait pas si Sinclair aidait Mattheson, elle qui avait remarqué qu'ils s'étaient rapprochés, ou s'il avait des intérêts autres ; si oui, elle devait savoir lesquels pour révéler le vrai visage de cet homme de justice.
    L'investigation ne pourrait se faire sans une aide extérieure, elle en avait conscience. Il y avait bien des domaines dans lesquels elle excellait, mais il subsistait des corps de métier qui lui étaient inconnus. Elle devait contourner ce problème de compétences, de paperasse, et elle savait comment s'y prendre.

    Il lui fallait quelqu'un capable de l'aider dans des expertises qui n'étaient pas les siennes. Elle n'avait pas eu accès à la scène de crime, ne s'y était pas intéressée, ne pouvait s'y rendre désormais sans que cela soit suspect. Mais son rang lui permettait de demander à d'autres d'établir des conclusions à sa place. Elle avait appelé la morgue dans l'espoir d'obtenir un rendez-vous au plus vite ; elle n'avait pas le temps de tergiverser durant des heures. Elle fut satisfaite de savoir que le Dr Williams l'attendrait dans l'après-midi, se connaissant assez pour savoir qu'elle s'y rendrait bien avant. L'heure n'était plus à l'attente, au diable les convenances.

    Elle faisait claquer ses talons en se frayant un chemin dans le commissariat. L'effervescence des lieux n'était plus la même au moment du déjeuner, certains officiers quittaient le poste quand d'autres semblaient oublier l'heure. Le sourcil arqué en ne prenant pas la peine d'examiner regards en biais et mines déconfites, elle se dirigea directement vers les escaliers, sans prendre la peine de s'annoncer auprès du shérif. « — Bonjour ? » L'arrivée en bas des marches la confronta à un silence de plomb. L'endroit était désert. « — Quelqu'un ? » N'importe qui ferait l'affaire. Elle tourna la tête de chaque côté à la recherche d'une personne à qui s'adresser, prête à chercher elle-même le bureau de l'homme qu'elle devait voir, s'il le fallait. Elle s'arrêta en entendant une voix au loin, attendit sagement en portant quelques regards à sa montre dans une posture d'impatience. Le sourire de circonstance en voyant Williams arriver, elle lui serra la main avec fermeté. La poigne de l'autre homme était incertaine, presque fébrile, témoignait d'un état second venant de son propriétaire. Le genre d'aveu de faiblesse dont elle se moquait parfois, qu'elle s'efforça de ne pas relever pour l'occasion. Elle suivit le légiste jusqu'à son bureau, sans prendre la peine de s'excuser de son arrivée précoce.

    Elle s'installa sur la chaise face au bureau, posa son sac à terre en croisant les jambes d'un air supérieur qu'on lui connaissait bien. Elle attendit que le légiste prenne la parole le premier, elle avait beau ne pas être en terrain ennemi, elle gardait l'habitude de ne pas céder le privilège de l'observation. Lorsqu'il lui demanda à propos de quel dossier elle souhaitait s'entretenir avec lui, elle hésita un instant, comme si l'homme pouvait être de mèche avec les autres. Elle n'en saurait rien, se devait quoi qu'il arrive d'aller au bout de sa démarche en ce qui concernait le cas des frères disparus. Elle lui répondit alors, n'évoquant que le nom des hommes afin de ne pas trop en dire. Les mains croisées sur son genou révélaient des ongles parfaitement manucurés. Elle sourit en l'écoutant, hocha doucement la tête avant de prendre la parole d'un air de confidence. « — Je ne veux pas des documents passés par le filtre du procureur, je veux vous entendre, vous. » Elle leva une main en l'air pour décliner l'invitation, elle n'avait pas faim. « — Merci, j'ai déjà mangé en venant. Mais allez-y, vous en avez besoin ; vous avez une mine affreuse, vous aussi. » Référence à l'étage, à cette ambiance pesante qui régnait comme si quelqu'un était décédé au sein du commissariat ; c'était probablement le cas du sergent près du bureau de Dick, qui n'avait même pas daigné prendre peur en la voyant arriver,  ce qui était inhabituel.

    Elle l'observa un instant, rebaissant la main contre sa consœur. Il était mal en point, mais d'une manière bien particulière que Susan reconnaissait. Il ne s'agissait pas d'une misère de nourriture, pas même d'une liée au manque de sommeil. Il était question de quelque chose de plus mystérieux, de plus profond qu'un besoin humain ; comme une personne de son espèce qui aurait refusé de se nourrir de chair humaine ; comme une sirène qui serait restée dans son coin ; une succube faisant vœu d'abstinence. Ce n'était pas son problème, elle n'avait pas à s'en soucier ; elle n'en avait pas le temps. Les mains décroisées, elle se leva et s'approcha du bureau de bois pour s'y pencher. L'attention sur le dossier que le légiste avait sorti, elle commença à exprimer une partie de son raisonnement : « — Vous étiez sur place, avez-vous remarqué quoi que ce soit qui sorte de l'ordinaire ? Quelque chose de trop insignifiant pour apparaître dans le rapport, peut-être ? » Elle s'humecta les lèvres et rapprocha sa main pour prendre un feuillet. L'inconscient souhaitant s'amuser ou la curiosité faisant son bout de chemin, elle fit exprès de s'attarder, de laisser la chaleur de sa main si proche du bras du médecin pour voir s'il réagissait à son contact. « — Vous avez l'air tendu, est-ce que tout va bien ? » Le sourcil arqué, son visage s'assombrit d'un air compatissant. La mine qu'elle offrait était, pour ceux qui la connaissaient assez, un mélange entre de la curiosité et l'offre d'une faveur.

    Tu caches quelque chose ?

    C'est ce qu'elle aurait pensé, si elle n'avait pas ressenti la profonde affliction qui émanait de lui, mais que pouvait-elle faire à part jouer l'innocente ? Elle avait besoin de lui pour lui apporter des réponses, aurait préféré se retrouver face à un expert au meilleur de sa forme, aurait donné de sa personne pour avoir cela au plus vite. Elle se redressa légèrement en le regardant droit dans les yeux. « — C'est cette affaire qui vous fait cet effet ? » Est-ce que Sinclair t'a demandé de modifier tes déclarations ? Est-ce que tu crains de me voir ici ? Est-ce que tu es simplement l'un des nôtres ? Tina aurait pu répondre à cette question, elle qui faisait de l'information son marché principal malgré ce qu'on pouvait croire ; mais elle voulait en avoir le cœur net rapidement, avait besoin de lui pour résoudre un mystère plus important.



BABY YOU'RE MY FLAME
never know how much i love you. never know how much i care. when you put your arms around me, i get a fever that's so hard to bear.
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Ari Williams
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whistling in the dark
Un mauvais pressentiment courant sous les boucles poivrées, sans qu'Ari ne sache réellement s'il était dû à son état ou à autre chose. L'affaire McCready, il l'avait suivie de près. Avait suivi les ordres de Sinclair, principalement. Lazare ne s'était pas étalé sur les détails, avait juste expressément demandé que tous les documents passent sous son contrôle, et Ari n'avait pas cherché plus loin. S'était tout de même penché sur l'affaire en question, une partie de sa curiosité titillée par ce besoin exceptionnel de supervision. Maintenant qu'elle était mise sur le tapis, elle lui revenait plus clairement en mémoire, cette affaire. Certains des éléments qui avaient été trouvés avaient été particuliers. Deux trois prélèvements par la Police Scientifique, qui étaient revenus sans résultats dans ses papiers. Nécessitaient davantage d'investigation. Rien qui ne soit critique pour l'affaire, seulement de petites dissonances relevées de ci, de là, dans un cas qui de manière globale ne soulevait aucune interrogation. Les deux hommes s'étaient évaporés dans la nature, comme, tristement, des dizaines d'autres avant eux. Avec un peu de chances, l'inquiétude serait injustifiée. Ils seraient retrouvés à quelques centaines de miles de là, sirotant une bière pas chère dans un bar mal famé. Ou bien ils ne seraient jamais retrouvés, au grand désarroi de tous leurs proches. Il n'y avait pas suffisamment d'éléments sur la scène de crime, malheureusement, pour pencher davantage vers l'une ou l'autre de ces options.
Il y avait bien eu autre chose, de plus anormal, en plus de ces prélèvements sans incidence. Dans l'herbe folle du jardinet, à l'arrière de la maison. Mais cet élément n'avait pas fini dans les conclusions du légiste. Dans ses recherches personnelles, en revanche...

Les conclusions avaient pour autant déjà été données, au procureur lui-même. Depuis un certain temps, d'ailleurs. Alors voir la Juge Love en personne dans son bureau, tirée à quatre épingles comme toujours, était plus que surprenant pour Ari. L'enquête avait-elle donné des choses que la Scientifique ou les légistes n'avaient pas relevé ? Il n'y avait qu'une manière de le savoir. Une partie de son malaise venait de là. Dans les circonstances actuelles, son travail était l'une des rares choses qui maintenaient le Néo-Zélandais à flot. L'autre partie de son malaise, elle, venait de ces tremblements qu'il n'arrivait que difficilement à cacher. Les doigts serrés autour de la sangle de la petite glacière en tissu, il avait laissé la proposition en l'air. Se serait attendu à ce que la Juge la prenne au vol, compte tenu de l'heure, fut surpris qu'elle se désolidarise. Il lui jeta un coup d'oeil interrogatif avant d'abaisser son regard vers la glissière de la glacière, comme pour lui demander la permission de l'ouvrir. En vérité, il ne s'agissait de rien de plus qu'une politesse supplémentaire. Il avait promis à Stu qu'il ne resterait pas sans rien dans l'estomac. Grimaça légèrement à la mention de sa mine affreuse. Aurait pu prendre la mouche d'une telle réaction, en temps normal. Mais, étrangement, il n'en prit pas ombrage. Tous ses proches le considéraient comme s'il était fait de verre, et comme s'il fallait l'entourer de ouate pour éviter qu'il ne se brise, depuis la dernière soirée qu'il avait passée avec Lenny. Les murmures dans les couloirs, la manière dont les stagiaires redoublaient d'attention avec lui. Celle avec laquelle tout le monde anticipait ses gestes, au point presque de lui refuser accès au bloc d'opération sous prétexte que tout était déjà fait. D'une manière, il était reconnaissant envers Susan de n'avoir mis aucune forme dans sa réflexion. D'où qu'elle vienne, qu'il s'agisse d'énoncer un fait ou de lui signaler son inquiétude, elle avait eu le mérite d'être honnête. Et rien que ça, au milieu de tous ces ronds de jambes qu'on lui faisait ces derniers jours, ça lui faisait un bien fou. Même s'il n'avait pas saisi à quoi son vous aussi pouvait faire allusion. Le dossier, lui, finit sur le bureau juste à côté de la glacière. Les pensées d'Ari étaient sens dessus dessous.

-Le Procureur n'a émis aucune réserve sur ce dossier, vous pourrez me poser toutes les questions que vous voudrez.

Sous-entendu qu'il notifierait Sinclair de leur échange, dans le courant de l'après-midi. Susan Love ne pouvait que s'en douter, c'était les mesures habituelles. Lazare n'avait émis aucun véto quant à la revue du dossier par un autre magistrat, encore moins un dossier de ce type. Et même, s'il y avait quoi que ce soit, ce n'était pas le problème du légiste. Ils règleraient leurs querelles intestines entre eux. Intestins. Son regard glissa de nouveau sur la glacière, sans qu'il ne parvienne à avoir l'eau à la bouche. Vision trouble, des frissons le long de la peau. Il ne connaissait que trop bien cette faim, celle qui était bien plus profonde, bien plus sourde que celle du ventre. Savait parfaitement qu'il en était au stade où elle serait visible pour autrui mais n'avait aucune envie d'y faire face. Pas sans Lenny. Sa vision se brouilla, il ferma les yeux pour pincer l'arrête de son nez entre son pouce et son index, une seconde. Ce fut l'odeur du parfum de la Juge, devenu plus intense, qui le poussa à rouvrir les paupières. Elle s'était levée pour le rejoindre. Ainsi penchée vers les documents, sa main si proche de la sienne, Ari pouvait presque percevoir sa chaleur. Les sens trop à vif, trop aiguisés par la famine pour l'ignorer. Il déglutit difficilement, se concentra sur sa voix alors qu'elle reprenait la parole. Manqua une partie de la question mais put se rattraper au sens général pour donner une réponse évasive. Tout du moins, il l'espérait.

-Effectivement, je m'y suis rendu en même temps que la Scientifique mais nous n'avons rien trouvé qui puisse nous éloigner de notre théorie initiale, ni sur les lieux, ni alentours. Il y avait des traces de lutte à l'étage, au niveau d'une des chambres à coucher, jusqu'à l'escalier. Nous avons émis l'hypothèse que deux hommes s'y seraient battus, possiblement les frères, puis soient partis chacun sur sa moto. Nous avons relevé des marques sur le devant de l'habitation qui corroboreraient cette hypothèse. Quant au reste...

Vision trouble, bouche pâteuse. Bien trop conscient de la chaleur de Susan Love, juste à côté de lui. Et de sa main qui semblait bien trop près de la sienne. La chaleur qui en émanait lui donnait une sensation de brûlure qu'il ne connaissait trop bien. Un tremblement plus intense au bout des doigts, il décala la sienne en espérant qu'elle ne le remarque pas. Mais la question qui suivit, elle, le coupa en plein élan.
Vous avez l'air tendu, est-ce que tout va bien ? L'innocence de cette question se heurta à tout le chaos qui régnait dans le corps du légiste. Serre les dents. Ca faisait un moment que rien n'allait, certains jours plus difficiles à affronter que d'autres. Mais le mal qui grondait dans ses reins, lui, ne s'apaisait jamais. Il frissonna, secoua lentement la tête. Pour répondre. Pour se remettre les idées en place. Un bredouillement :

-Tout va bien, rassurez vous.

Il réalisa aussitôt que c'était une bien piètre réponse, compte tenu de la remarque qu'elle lui avait faite plus tôt. Compte tenu de la réaction de tout le monde, à chaque fois qu'il passait à proximité. Humecta ses lèvres sèches d'un bout de langue, il ajouta presque aussitôt, sur un ton partiellement désolé :

-Je dois couver quelque chose, je vous conseillerais de ne pas rester trop près de moi, au cas où cela serait contagieux.

Combien de fois avait-il sorti cette excuse, à cause de ce qui le rongeait ? Il ne les comptait plus. Ne se serait pas attendu à devoir la ressortir, tant tout le monde hormis ses proches se tenait déjà à distance respectable de lui. Aurait même préféré ne jamais avoir à la ressortir tout court, tant elle était généralement efficace. Mais Susan, elle, n'en démordit pas. Au contraire, Ari eu l'impression qu'elle s'approchait encore plus, que quelque chose d'indéchiffrable s'était réveillé dans ses prunelles claires. Il fallait qu'il fasse quelque chose, qu'il occupe ses mains pour éviter qu'elles ne se remettent à trembler. Se souvint de la glacière et commença à jouer avec la glissière pour en extraire le contenu. Son estomac se tordit, en apercevant le récipient qui contenait une petite salade bricolée avec les moyens du bord. Sans grande passion, juste de quoi apaiser l'inquiétude de Stu. Peut-être que la voir apaiserait Susan elle aussi, mais il eut rapidement la confirmation que c'était loin d'être le cas. La question qui suivit le surprit, pour autant. L'affaire ? Il releva un regard vitreux, surpris, vers la belle. En quoi l'affaire pourrait-elle le mettre dans un tel état ?

-Pardon ?

La réaction avait été spontanée, naïve. Il savait parfaitement quelles conclusions avaient été données, et leurs justifications pour en arriver là. Déstabilisé, il fronça les sourcils. Maintenant qu'elle en parlait, il y avait bien les relevés que personne n'avait réussi à expliquer. Des éclats infimes, perdus dans les fibres du tapis, au niveau de la chambre à coucher où avaient été trouvées les traces de lutte. La matière semblait organique, animale. Il y avait bien eu autre chose, aussi, qui n'avait pas paru lié au reste de l'affaire elle-même. Une étrange trace laissée dans la terre boueuse, à peine visible sous les hautes herbes de ce pauvre jardin abandonné à la nature. Animale, elle aussi, tout du moins c'était ce qu'Ari avait supposé. Elle n'avait éveillé aucun soupçons sinon ceux du légiste. Et encore, il doutait qu'elle ait une connexion directe avec l'affaire McCready. Avait relevé une particule qui ressemblait à de la corne et l'avait prise en photo sur son téléphone pour la montrer à Niran la prochaine fois qu'ils se verraient. Des préparations de venaison faites maison avaient été trouvées dans les placards. Si pour Ari, c'était lié, il avait tout de même eu envie d'avoir l'avis de son ami.
Mais rien de son état n'était connecté à l'affaire, ça, il pouvait le garantir.

-Pas que je sache, j'ai pleine foi en nos conclusions et leur véracité en relation aux éléments pertinents au dossier. C'est sur ce que je suis en train de couver que je suis beaucoup moins sûr.

Une pirouette fatiguée, pour désamorcer toute forme de tension avant qu'elle ne s'installe. Il avait du mal à voir où elle voulait en venir, et n'avait pas réellement la force de s'en préoccuper. D'autant qu'ils commençaient à se connaître, à force de se fréquenter au tribunal. Ari s'était toujours donné pour objectif de répondre le plus objectivement possible, en s'appuyant sur le travail le plus irréprochable qu'il puisse fournir. Ce n'était pas maintenant, et encore moins alors que son travail était l'une des rares choses qui le maintiennent encore à flot, qu'il allait tout laisser filer. Il cacha sa nouvelle vague de frissons par quelques tapotements des doigts sur le couvercle en plastique de son tupperware. Offrit un sourire fatigué, qui se voulait pourtant rassurant, à la jeune femme :

-Je vous prie de m'excuser, je ne suis pas en grande forme, c'est vrai. Mais rassurez vous, je n'en suis pas moins capable de répondre à vos questions. D'ailleurs maintenant que vous en parlez, nous avons relevé quelques éléments qui ne semblaient pas directement liés à l'affaire elle-même. Vous permettez ?

Il indiqua la souris de son ordinateur, qui se trouvait non loin de l'endroit où la Juge avait posé sa main. Espéra qu'elle entende la demande sous-jacente à sa politesse, à savoir qu'elle se décale légèrement. Ses doigts s'emparèrent de l'objet, et il fouilla rapidement dans les entrailles de son ordinateur à la recherche du dossier McCready. La majorité des éléments se trouvait déjà dans la version papier. Mais pas les trois relevés animaux qui avaient soulevé de nombreuses questions avant de finir aux oubliettes. Il ouvrit le premier, dévoilant une photographie représentant un infime fragment de ce qui semblait être de l'os ou...

-De la corne. C'est tout du moins ce que la composition de ce fragment suggère. On en a relevé deux dans la maison, notamment dans la chambre et dans le recoin d'une marche, dans l'escalier. Il y en avait un troisième dans le jardin, à l'arrière de la maison. La connexion au reste est peu probante, mais la présence de ces fragments était assez surprenante, en particulier dans une chambre où il n'y avait aucun trophée de chasse d'où ils auraient pu provenir.

Il afficha les deux fragments sur son écran, accompagnés de leurs analyses respectives, pour que Susan puisse les consulter à loisir. Savait parfaitement qu'il n'avait pas montré le troisième, ce dernier se trouvant coincé entre deux lamelles, prêt à être analysé dans le confort de son propre laboratoire. Se concentrer sur ce qu'il savait rendait la conversation plus facile à suivre, malgré la présence de la jeune femme. Un corps dont il était bien trop conscient de la chaleur. Il déglutit lourdement, tenta finalement la question qui lui brûlait les lèvres depuis de longues minutes.

-Juste par curiosité, Susan. Pour quelle raison avez-vous besoin de ces informations, au juste ? Vous suivez le dossier, ou votre intérêt est plus personnel ?

En soit, cela ne changerait pas grand chose pour le légiste. Mais si Susan Love lui inspirait une certaine confiance, il ne se voyait pas aller sur le terrain des théories de Niran avec elle sans une bonne raison. Encore moins alors qu'il était amoindri, et encore moins alors qu'ils se trouvaient tous les deux dans le contexte de son bureau.

-Ca ne change strictement rien pour moi mais j'ai remarqué que vous n'avez jamais mentionné être directement sur le dossier, et ce type d'affaires passent généralement très tardivement sur le bureau d'un juge, pour peu qu'elles y arrivent. Connaissiez-vous les McCready ?




How do I make you love me? How do I make you fall for me? How do I make you want me
And make it last eternally?

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Susan Love
- only sue can judge you -
Susan Love
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-- whistling in the dark ft. @ari williams
    Le message du légiste était clair ; malgré la position de la juge, le procureur serait mis au courant de sa présence dans ce bureau, des questions qu'elle était venue poser sur ce dossier – qui était bien trop dangereux pour sa couverture. Elle avait beau ne pas porter Sinclair dans son cœur pour bien des raisons, elle le savait intelligent. L'information la fit tiquer, un simple mouvement de la mâchoire pour montrer sa désapprobation. Elle n'en dit rien, haussa les épaules pour faire croire qu'elle s'en moquait, qu'elle n'avait rien à cacher non plus. La vérité était tout autre, mais Williams n'avait pas à le savoir. Elle continua de l'écouter sans réagir, essayant de chercher dans ses paroles quelque chose qui pourrait l'éclairer sur ses propres interrogations.
    L'attitude de l'autre homme l'amenait à trahir ses pensées, à les écarter pour se questionner sur quelque chose de plus personnel encore. Elle ne connaissait que trop bien la fatigue qu'elle lisait dans ses yeux, cette léthargie dont rêvait son corps ; il semblait s'effondrer à vue d'œil. Lorsqu'elle chantait au Tartarus avant de faire la connaissance de Darius, que le sang de succube coulait encore dans ses veines, elle se moquait parfois de ses semblables auprès de Tina. Elles savaient repérer ceux qui n'avaient aucune expérience, les nouveaux. Ils avaient tous la même expression que le légiste face à elle, le même air sur les traits. Tina lui avait appris tout ce qu'elle savait à ce sujet, avait été d'une aide considérable lorsqu'elle ne savait pas comment contrôler son affection, qu'elle ne savait comment se nourrir sans semer des cadavres sur son passage. La détresse qui émanait de l'homme lui était familière, presque palpable alors qu'elle faisait exprès de se rapprocher pour analyser ses plus infimes réactions.

    Vous permettez ?

    La dilatation de ses pupilles, les tremblements de ses doigts, tout y était. L'état pouvait s'apparenter à de la fatigue pour le commun des mortels, un œil aussi habitué que celui de la juge Love savait ce qu'il en était réellement. Elle fut surprise en pensant à cette possibilité, n'imaginant pas le légiste sous un autre jour que celui du docteur bien rangé ; mais après tout, que savait-elle concrètement de lui ? Pas grand-chose. Ils ne se connaissaient que dans un cadre professionnel, et s'ils s'entendaient à merveille, cela n'avait pas suffi à Susan pour s'intéresser plus en détails à sa vie. Alors que l'attention de son camarade semblait accaparée par l'écran de son ordinateur, celle de Susan était braquée sur le médecin à ses côtés. Elle ne pouvait s'empêcher de sourire, amusée par la situation ; frustrée, également, de ne pas avoir son collègue au meilleur de sa forme pour une affaire des plus importantes.
    La belle tourna la tête vers l'écran en l'entendant mentionner de la corde, regardant l'image numérique comme s'il s'agissait de la plus importante des découvertes. Ils s'étaient transformés ? Ils n'auraient pu fuir dans un tel état, l'instinct animal aurait pris le dessus et les aurait forcés à traquer sans relâche. Le Foyer aurait eu vent de l'information s'ils s'étaient promenés en ville à la recherche de victimes, et ils n'avaient rien à faire en forêt, loin des humains. L'alliance pouvait être impliquée, mais leurs membres n'auraient jamais pris le risque d'abriter des individus si dangereux, pas dans ces conditions, ils auraient informé leurs voisins. « — Est-ce qu'il y a possibilité de savoir si ces morceaux de corne appartiennent à des animaux différents ? » Elle se redressa, laissant un peu d'espace à Ari pour souffler, trop absorbée par ses réflexions. Les bras croisés contre sa poitrine, elle se tapota distraitement le menton. Elle devait savoir si l'un des deux pouvait avoir tué l'autre, si un survivant se cachait quelque part. Cela ne répondrait pas à ses questions concernant l'implication de Mattheson concernant cette affaire, ni de celle de Sinclair, mais elle saurait mieux où chercher.

    Elle se rapprocha de nouveau du médecin, sans faire exprès cette fois-ci, ne remarqua leur proximité qu'en sentant l'homme à ses côtés devenir nerveux. De nouveau penchée vers l'écran pour essayer de lire les lignes, elle tourna la tête vers son camarade et fit semblant de ne pas percevoir les modifications dans son regard, sur sa peau, dans ce qu'elle pouvait déjà sentir dans l'air. Elle plissa les lèvres à la question qui lui fût posée. Comment répondre ? Elle ne pouvait pas dire la vérité, mais pouvait en dévoiler une partie. « — Ils étaient des connaissances, alors je ne veux rien laisser au hasard. » Elle ne les avait que peu rencontrés, avait tout juste retenu leurs prénoms, mais rien de plus. Il fallait qu'elle se montre impliquée personnellement pour expliquer cette entorse à leurs habitudes. Elle ne venait jamais, en personne, questionner le légiste ; il fallait donner de la matière pour le faire parler. Pouvoir parler plus franchement aurait été plus simple, mais elle ne connaissait pas assez les croyances d'Ari en la matière pour pouvoir se le permettre. Williams connaissait Sinclair, ils pouvaient être de mèche, bien que cela aurait étonné Susan.

    L'aide d'Ari aurait été des plus précieuses pour elle, et pas seulement pour cette affaire mais pour toutes celles similaires qui nécessitaient de consulter des dossiers avec un avis médical. Elle n'était pas en mesure de comprendre d'elle-même ce qu'elle lisait et les laborantins de la ferme ne pouvaient avoir accès aux affaires de ce type, trop confidentielles. Pourtant, elle ne pouvait pas simplement lui parler trop franchement, ne pouvait demander si ces morceaux de cornes pouvaient appartenir à une espèce dont la plupart des gens ne connaissaient pas l'existence. Elle ne pouvait pas, non plus, réclamer des informations sur l'appartenance de ces prélèvements ; une ou deux personnes ?

    Lorsqu'elle tourna de nouveau la tête vers le légiste pour lui demander s'il était possible qu'ils aient oublié des prélèvements sur place, une idée lui vint à l'esprit. L'invitation fut lancée par l'expression sur le visage de son vis-à-vis, par ses réactions lorsqu'elle s'approchait un peu trop de lui pour analyser l'écran ou uniquement pour s'amuser. Un sourcil arqué, elle attendit quelques secondes avant de s'élancer vers lui pour plaquer ses lèvres contre les siennes. L'idée l'amusait et, surtout, elle pouvait amener à des résultats. Si l'état général d'Ari ne prouvait qu'une profonde fatigue et un besoin de manger de la nourriture, alors Susan pourrait mettre son geste sur le coup d'une pulsion ; il était bel homme, elle n'aurait qu'à s'excuser et jouer la confusion, la panique, tout ce qui allait avec.
    Aucune hésitation en plaquant une main sur la nuque d'Ari pour éviter un mouvement de recul avant d'avoir eu sa réponse. Il pouvait se libérer de sa poigne, mais il lui faudrait plus qu'un petit mouvement de tête pour cela. La réaction de l'autre homme ne se fit pas attendre, Susan ressentant bien clairement la dualité qui se jouait en lui. L'envie de la repousser comme celle plus viscérale de plonger entièrement dans le baiser qu'elle lui offrait. Elle reconnaissait bien là l'esprit d'Ari qui devait se demander ce qui se passait, et la faim qui rêvait de la dévorer.

    Elle finit par se désolidariser de lui en sentant la lutte s'intensifier, elle n'était pas là pour le torturer, et une légère morsure s'engager à l'intérieur de sa bouche. Les yeux grands ouverts, elle recula de plusieurs pas pour lui montrer qu'elle ne comptait pas recommencer, qu'il n'avait pas à s'en faire, leva les deux mains en l'air en signe de paix. Elle n'avait pas à faire semblant, n'avait aucun doute sur ce qu'elle avait perçu plus tôt, que le baiser venait de plus confirmer. Elle savait ce qu'il était, savait qu'il n'aurait pas la même manière de penser que les autres ; sauf s'il n'était pas conscient de sa condition. Après tout, il paraissait bien affamé. « — Toutes mes excuses, je voulais vérifier une théorie. » L'air amusé, elle reprit. « — Je sais pas ce qui me surprend le plus ; que vous soyez des leurs ou que vous embrassiez si bien. » Elle aurait bien des choses à raconter à Vinnie en sortant d'ici.



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