-- scared to live, scared to die ft. @clay fuller La fuite avait été trop facile à son goût. Elle n'avait été poursuivie par aucun garde ; tout juste si le barman l'avait remarquée alors qu'elle quittait le club. L'établissement était connu pour être une forteresse infranchissable, le simple fait qu'elle ait pu entrer si facilement était une énigme ; alors comment avait-elle pu échapper à l'intégralité des gardes ? La réponse était évidente, le serait sûrement une fois qu'elle aurait pris du recul sur la situation, qu'elle aurait retrouvé ses esprits. Elle savait exactement où cela serait possible, loin du tumulte du club et sans avoir à répondre aux questions des membres de sa communauté. Il fallait qu'elle retrouve Clay, le seul capable de l'empêcher de s'écrouler dans un moment pareil. L'absence de Paisley se faisait ressentir dans ce genre de situation, quand Dita avait besoin d'une oreille, d'une épaule, de conseils avisés dans des moments de doute. Clay serait présent pour elle, elle n'en doutait pas, mais serait-il capable de l'épauler avec assez de retenu pour ne pas la laisser s'effondrer plus encore ?
Elle obtiendrait rapidement la réponse à cette question, déjà en route vers chez lui alors que ses mains n'avaient pas encore fini de trembler. Elle n'avait plus le couteau entre les mains, ce qui était un point positif, mais s'était enfuie avant d'avoir le temps de laver ces dernières. Le rouge maculait ses doigts. Elle pouvait remercier la nuit d'empêcher les regards de trop s'attarder sur ce
détail, sans quoi certains auraient déjà potentiellement appelé la police.
Il fallait dire que Dita ne passait pas inaperçu, le regard hagard et la démarche incertaine. Elle n'était vêtue que de la nuisette qu'elle avait dérobée à l'employée du Tartarus ; heureusement l'adrénaline l'aidait à ne pas avoir froid, comme si ça avait encore une réelle importance. Il lui était devenu impossible de réfléchir, seulement capable d'entendre les battements de son cœur, de plus en plus rapides alors qu'elle avait quitté la boîte de nuit depuis plusieurs minutes.
Le trajet lui parut interminable, alors même qu'elle n'était pas totalement consciente de se déplacer ; comme si son esprit avait quitté son corps, afin qu'elle arrête de se faire tant de mal. L'histoire intégrale lui reviendrait assez rapidement une fois chez son ami, il ne manquerait pas de lui rappeler combien elle s'était foutue dans la merde.
Elle avait décidé de ne pas le prévenir de son arrivée. Avait-elle seulement les capacités de composer son numéro ? Marcher avait été plus naturel, et tant pis si elle devait finir les pieds en sang à cause de sa longue route. Elle se remettrait de tout ce qu'elle avait subi, était plus inquiète concernant ce qu'elle avait fait subir. Boaz, le barman. Il lui faudrait retourner prendre de ses nouvelles un jour, mais elle n'y penserait que plus tard pour ne pas s'effondrer au milieu de la route.
Elle s'arrêta devant la porte de son ami, prenant quelques secondes pour trouver le courage de l'affronter. Elle savait qu'elle serait en sécurité derrière cette porte, mais avait-elle envie d'impliquer Clay dans cette histoire ? Elle en avait déjà assez fait. L'Alliance en péril à cause d'elle si elle persistait à n'écouter personne d'autre qu'elle-même. Elle se rassurait parfois en se répétant que c'était ce qu'aurait fait la première matriarche, elle en était certaine, mais ça ne fonctionnait pas toujours. Les méthodes avaient changé avec les années, la conduite également. Finalement, elle leva la main et frappa à la porte sans force ; comme pour espérer qu'il ne l'entende pas et la laisse dehors. Elle aurait une excuse pour ne pas lui parler de ce qu'il venait de se produire. Elle aurait le temps de régler ses problèmes avant de revenir vers Clay.
Malheureusement, la porte s'ouvrit. Elle déglutit alors, puis entra chez son ami sans le saluer, le regard toujours fixé sur un point invisible, lèvres pincées sur des paroles qu'elle n'avait aucune envie de prononcer. Finalement, elle se planta au milieu du salon ; la nuisette épousant toujours les formes de son corps et ses mains encore tachées du sang d'un autre, d'un potentiel innocent.
« J'ai merdé, Clay. » Elle releva le regard sur son ami, les lèvres légèrement tremblantes alors qu'elle reprenait la parole sur des paroles qu'elle ne prononcerait jamais assez.
« J'ai merdé ... » Elle finit par enfouir son visage entre ses mains, le rouge imprégnant doucement sa peau.
« J'l'ai tué ... » Les gestes toujours tremblants, elle rebaissa les bras et couru en direction de la salle de bains, vomissant ses tripes en quelques jets avant de revenir, les larmes commençant à perler sur ses joues.
« Qu'est-ce que j'ai fait ... »