We can drive in hell || Asta

Tu avais reçu un coup de téléphone un peut plus tôt dans la journée au sujet d’une jeune femme qui voulait voler un téléphone d’un certains prix, vol qui n’a pas réussi à aboutir alors qu’elle se retrouve en garde à vue attendant de voir ce que vous allez pouvoir faire d’elle. Dans un coin de ton esprit tu ne veux pas avoir la surprise de découvrir Soledad en arrivant au poste, tu ne peux pas faire de favoritisme de ce côté-là, le shérif est le premier qui doit pouvoir respecter la loi et la faire respecter dans un second temps. S’il s’agit bien d’elle, ne sera pas relâchée en avance sous prétexte que c’est ta sœur, ce genre d’abus de pouvoir n’est de toute façon pas possible. Le FBI serait appelé dans la minute pas un autre flic et tu perdrais ton poste dans la soirée, c’est du sérieux. Alors une part de toi essaie encore de se dire que ce n’est pas le temps, que tu arrives trop facilement à te faire des films et que ce n’est pas ce que tu crois. Malheureusement, c’est absolument ce que tu as en tête. Tu arrives sur place alors que Nox s’occupe des formalités concernant l’enquête en cours, tu dois encore observer les vidéos surveillance de la station-service et t’occuper de cette jeune femme pour sa tentative de vol. Tu poses ton arme de service sur le bureau et lance ton chapeau sur le siège en cuir avant de te rendre au bureau des admissions vers les cellules du premier bloc. En arrivant tu souffles quelques secondes, nez à nez avec cette petite sœur qui avec évidence est donc celle qui cause des problèmes à la police. « Soledad… » Elle commence à chercher des excuses et à faire les yeux doux, elle parle encore et encore et tu croises les bras en avançant dans sa direction. Plus personne n’est dans le commissariat et tu aurais surtout eu envie de la voir en rentrant au manoir ce soir plutôt que de rester pour une paperasse que tu ne veux pas faire.


« Compte pas sur moi pour enfreindre la loi. Je suis Shérif, tu pourrais en prendre conscience Sole. » Tu cherches une chaise et t’installe confortablement alors qu’elle agite le badge sous tes yeux. Haussant légèrement les épaules, elle compte se rendre dans quel endroit de toute manière et ce n’est même pas le vrai. Tu n’arrives pas à sourire, mais utiliser à merveille le sarcasme qui même si un Wendigo ne se fatigue pas comme ça laisse entrevoir une certaine irritation dans ton regard. Elle est seule dans la cellule, il ne risque pas de lui arriver quoi que se soit, on ne mélange pas les hommes et les femmes et personne d’autre n’a été arrêté aujourd’hui et donc ne devra faire de garde à vue. Elle possède un espace pour elle seule et pour pouvoir réfléchir convenablement à son geste.


« Tu auras tout le temps de réfléchir cette nuit à ce que tu fais et ne commence pas à me sortir cette excuse de maladie, sinon je téléphone à mon collègue en garde à l’hôpital psychiatrique. » Tu as passé la semaine à chercher des indices sur l’archange sans rien trouver, à te faire mener par le bout du nez et n’a pas le temps pour ce genre de choses. Passer son temps à chercher les meurtriers de vos parents, c’est déjà assez fatiguant émotionnellement. Tu regardes la jeune femme dans les yeux une nouvelle fois. « Je t’aime, mais je ne suis pas un imbécile. Vole de téléphone en grande surface, c’est minimum une nuit en garde à vue et c’est ce que tu vas faire. » Une fois sur tes jambes tu prends la direction de ton bureau. « Et merci de garder mon badge pour moi, ce n’est même pas le bon. » Tu places ton étoile de shérif en évidence, tu as l’habitude maintenant, cette petite blague pourra peut-être la faire réagir. « Si tu as besoin de quelque chose, je serai dans mon bureau à bosser. » La nuit va être longue, mais au moins ta petite sœur est là et même si tu ne veux pas l’admettre, ça te fait plaisir.

Tu ne peux pas t’empêcher de te souvenir de votre enfance quand tu vois la jeune femme derrière les barreaux, il faut dire qu’elle n’est plus du tout la même. La petite fille qui venait se réfugier dans le lit de son grand frère pendant un orage parce qu’elle n’arrivait pas à s’endormir. Besoin d’une protection que tu as toujours eu envie de lui offrir, rassurer cette sœur qui plus que tout représente le monde à tes yeux. Aujourd’hui c’est toujours le cas même si elle ne comprend pas que tu ne veux plus vivre ce genre de situation et qu’il va falloir qu’elle trouve un moyen de ne plus avoir de problèmes avec la police. Tu ne pourras pas éternellement fermer les yeux sur ce qu’elle fait, même si tu voudrais pouvoir le faire. Il est important de faire son travail correctement et de ne faire aucune exception ce qui malheureusement n’est pas tout le temps le cas, c’est même le contraire. Une fois redressé sur ta chaise tu prends le temps d’observer la jeune femme qui ne peut plus arrêter de parler pour se trouver des excuses et cherche un moyen de ne pas passer la nuit dans cet endroit. Tu voudrais pouvoir la libérer mais, elle n’apprendra jamais si tu cèdes encore une fois, il faut utiliser une nouvelle méthode même si celle-ci avec évidence te fait mal au cœur. « Si un collègue à moi voit sa sœur en prison crois moi qu’elle y restera pour purger sa peine. » Tu claques la langue contre ton palet et ne peut pas t’empêcher de tourner les yeux vers le ciel, personne ne passe entre les maillons et beaucoup de flics doivent accepter d’avoir de la famille en prison. C’est ainsi que va la vie et ce n’est pas près de changer.

Elle commence à faire la tête, à croire qu’il est question de bouder pour que la situation change. Il faudrait ajouter ça dans le code pénal et le dire aux bandits pour pouvoir obtenir une remise de peine. Tu arrives à sourire à cette idée alors qu’elle te parle de nourriture, elle marque un point sur le fait qu’il commence à se faire faim. Tu n’as rien avalé de la journée et ça commence à se sentir, il faut croire qu’elle te connaît vraiment bien. « Oh l'enfoiré... » Tu relèves la tête et plante ton regard dans celui de Sole une seconde. « Tu as dit quelque chose ? » Un sourcil en hauteur comme pour lui poser la question une seconde fois. Tu pourrais être au manoir avec elle devant un repas bien chaud sans pour autant être obligé de te prendre la tête dans une situation qui tourne en rond, fait perdre du temps et qui de toute façon est décidé d’avance. Alors qu’elle ne s’arrête plus tu décides de prendre un peu d’air et d’attraper la chaise pour quitter ton bureau qui se trouve juste devant la cellule, évidemment qu’elle n’aura pas son téléphone mais sûrement qu’elle pourra commander un truc avec toi, tu peux au moins accepter ce genre d’attention. « Tu veux quoi ? » Tu prends ton téléphone et commence à bidouiller à la recherche d’une application capable de livrer à manger le soir en peu de temps, vous avez tout votre temps il faut dire même s’il faut attendre. « Ne compte pas sur moi pour te donner ton téléphone alors dit moi ce que tu veux à la fin. » C’est qu’elle t’agace parfois, mais tu l’aimes quand même. C'est une longue nuit qui t'attends et pourtant l'occasion certaine de pouvoir en savoir plus sur le pourquoi de ce geste et surtout pour passer du temps avec elle. Ce n'est pas le seul moyen d'arriver à cette fin, mais rien n'est jamais fait de la bonne façon dans la famille Blackwell. Ce n'est pas nouveau.

Vu la réaction de la jeune blonde il est évident que cette façon de procéder commencer à fonctionner, tout lui faire passer depuis l’enfance n’était pas vraiment la meilleure idée possible. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui elle peut se montrer peste et se mettre dans des situations qu’une jeune de son âge ne devrait même pas affronter. Elle pourrait se donner les moyens de tellement mieux que de terminer en garde à vue de cette façon, surtout avec un héritage assez conséquent pour intégrer les meilleures universités du pays. Vous n’avez jamais eu cette conversation, mais il est certains que des mauvaises décisions ont étaient prises de votre part comme de la sienne. L’amour peut devenir destructeur parfois, tu ne feras plus cette erreur, elle passera la nuit ici. Cette fois sera la bonne. « C'est pas parce que t'as le dessus là tout de suite que ça durera Asta... » Elle n’a vraiment rien compris, tu t’affales un peu plus contre le dossier de la chaise méritant bien quelques minutes de repos, de toute façon travailler va devenir impossible pour les quelques heures à venir. « Parce que tu vas faire quoi ? » Quand elle se met dans cet état à te menacer, tu préfères lui rentrer dedans plutôt que de laisser passer et même si une touche d’ironie vient se placer à tes lèvres au même moment, ce n’est pas le moment de lâcher. Comme le ferait un père, et c’est sûrement ce que ferait le vôtre.

Elle parle encore de son téléphone et tu n’arrives pas à savoir si c’est de l’entêtement ou tout simplement un gros problème d’audition, ne prenant pas la peine de te répéter tu laisses le flot de parole se déverser dans tout le commissariat. « Je suis vraiment le pire des frères hein ? » Tu rigoles, même si elle dit oui, tu sais que ce n’est pas le cas et ne laissera pas ce genre de chose te plomber le moral. Le pire des frères ouvrirait cette cellule et la laisserai recommencer ses bêtises, ce n’est pas ton cas. Le téléphone dans la main tu commandes donc ce qu’elle demande, prenant une double ration pour toi qui n’a rien avalé même ce midi, tu pourrais prendre un peu plus prendre soin de ta santé et même si dans l’immédiat tu ne rêves que de chair fraiche, la bouffe asiatique fera l’affaire. « C’est bon, ça devrait arriver rapidement. » Tu hausses les épaules, tu ne pouvais pas t’empêcher de quand même lui faire plaisir d’une certaine façon, les souvenirs arrivant en masse dans ton esprit. Dire qu’avant, elle venait te voir pour autre chose sortir ses fesses de prison, mais pour profiter de son frère qu’elle devait sûrement considérer comme l’égide familial et elle n’a pas tort. Tu t’efforces de protéger cette famille de ton mieux. « ton stylo que je puisse dessiner ? » Tu souffles et fouille sur le bureau du collègue à côté pour attraper le premier truc qui viens à ta main et le faire rouler sur le sol dans sa direction, lui donnant une feuille par la même occasion. « Tu pourras dessiner des licornes comme ça. » Nouveau rire. Un crayon à papier fera l’affaire.

« T'en a pas marre de bosser là jusqu'à pas d'heures ? T'es vraiment heureux au moins de faire ce job ? » tu lèves le visage pour la première fois dan sa direction avec une touche de curiosité, voilà qu’elle s’intéresse à ta forme et à ton bonheur. Elle n’a peut être pas autant changée que tu veux bien le penser finalement. Tu lui offres un sourire, sincère. « C’est le meilleur boulot du monde. » Et tu le penses.

« Tu verras en temps voulu... » Tu as déjà entendu ce genre de menace une bonne centaine de fois, de cette même sœur et même d’ennemis voulant te faire perdre tes moyens pour obtenir absolument tout de toi. Ce n’est pas la première fois et certainement pas la dernière, ça ne fonctionne plus depuis bien longtemps. Une partie de toi n’arrive plus à ressentir de peur, pas pour ta propre personne en tout cas et même si souvent tu as eu envie d’écourter ton passage sur terre, aujourd’hui tu peux dire que tu reviens plus fort que jamais. Si Soledad est capable de s’énerver contre toi, c’est que tout ce que tu fais pour elle fonctionne et elle prendra bien le temps à l’avenir de te remercier comme il se doit. Parce que tout ça, c’est pour elle. Elle continue et annonce avec certitude et conviction que tu es le pire frère qui puisse être, mensonge qui sonne faux même à travers ses lippes, il faudrait être un imbécile pour penser que tu ne fais pas bien ton boulot fraternel. Et rien qu’une pensée pour Dante arrive à te faire sourire, il faut dire qu’à côté de lui tu as encore beaucoup de travail pour devenir le pire des frères. C’est un concurrent sérieux. « Tu as terminé ? » Tu n’es plus un enfant et elle non plus, ce genre de scène n’est pas digne d’un Blackwell et même si vous êtes seuls, il serait temps que le déclic montre le bout de son nez, tu ne pourras avoir le rôle du père toute ta vie. Il faut grandir.

Elle commence son dessin et tu prends le temps de pencher légèrement la tête pour avoir une idée de ce qu’elle fait, on ne peut pas lui enlever le fait qu’elle possède un des meilleurs coups de crayon de la ville, peut-être même de la région. Une passion qui depuis longtemps décore les murs de sa chambre, de quoi rapidement se rendre compte de son talent alors qu’elle avait pour habitude de t’inonder de dessins quand vous étiez plus jeunes. « Tu ne veux pas me montrer ? » Tu hausses les épaules, un peu plus tard quand elle arrêtera de bouder et sera prête à avoir un réel échange, ce qui ne devrait pas tarder à se faire. Ce genre d’embrouille ne peut pas durer.

« C'est plus pareil depuis que t'es plus là... » Elle arrive à se confier un minimum et même si tu sais tout ça, il est toujours agréable de l’entendre encore et encore de la part d’une petite sœur qui petit à petit commence à prendre son envol et s’éloigner du cercle. « Mais je viens presque tous les soirs. » C’est la vérité, tu arrives à voir ta famille au moins trois fois dans la semaine, pour votre âge c’est quand même un bon pourcentage. Certains passent des semaines entières sans pouvoir passer du temps, ça ne change rien à votre lien, c’est même dans la distance que la vraie force peut voir le jour. Vous n’êtes pas du même avis, mes vos sentiments sont les mêmes et tu voudrais qu’elle puisse le comprendre. Tu souris à sa dernière phrase. « Je reste. »

Tu commences à penser que ce n’est pas un problème de maladie ou même d’impossibilité à se contrôler qui prend place dans l’âme de cette sœur qui se retrouve bien trop souvent dans une situation compliquée à régler. Mais que ça relève sûrement d’un manque d’attention de la part d’une famille beaucoup trop occupé à droite et à gauche par le boulot et des occupations qu’il ne faut pas mélanger à une vie de famille. C’est même très probable. Ce n’est pourtant pas une excuse, mais ça pourrait expliquer qu’elle soit aussi peu contrôlable et toujours à mettre les deux pieds dans le plat sans apprendre de ses erreurs. Une facette que tu as du mal à laisser passer, pour toi il faut que tout se contrôler avec finesse et dextérité, la maitrise d’un espace qu’avec un peu d’attention il n’est pas bien compliqué de gérer. Mettre un pied devant l’autre et faire attention de ce qu’on fait de ses bras, avoir le regard de partout et tout le temps, si tu arrives à le faire pourquoi elle ne pourrait pas te suivre dans cette démarche. Ce n’est pas la fin du monde, mais c’est aussi par ce caractère que tu ne peux comprendre les réelles intentions derrière un geste pourtant si simple à analyser.

Tu poses une main sur ton menton comme pour obtenir un temps de réflexion supplémentaire avec toi-même, tu n’avais pas vu les choses de cette façon et ça t’attriste presque qu’elle puisse penser que vous n’êtes plus proches comme avant. Parce que ce n’est évidemment pas ce que tu penses. « Si ce n’est que ça, tu peux venir taper à ma porte sans problème. Je ne dors pas toujours, tu sais. » C’est tout ce que tu trouves à dire, mais tu pensais que c’était déjà le cas avec Soledad, qu’elle n’avait plus peur de venir fracasser cette porte pour te retrouver comme quand vous étiez plus jeunes. Elle n’a jamais eu le droit d’arrêter, c’est même normal de pouvoir se déplacer chez soi comme bon te semble et ça ne devrait pas être différent pour elle. Tu continues à prendre soin d’elle, tu aimerais qu’elle puisse s’en rendre compte. Tu captures son merci et son sourire, ce qui d’un ton communicatif fait arriver le tiens quelques secondes après, elle devrait pouvoir se rendre compte combien son frère l’aime d’un simple regard. Pas besoin de se le dire tous les jours, elle doit le savoir en posant les yeux sur toi, naturellement.

Elle montre son dessin et tu rigoles même s’il est beaucoup plus explicite qu’on voudrait le penser, si tu savais qu’elle pouvait se retrouver en danger tu ouvrirais dans la seconde pour la protéger, mais elle ne risque rien. Elle n’est qu’avec toi, et ne peut pas faire de bêtise là ou elle se trouve, c’est bien pour elle comme pour toi. « J’arrive. » Alors que la première sonnerie se fait retentir, vient alors l’homme qui frappe à la porte de la grande salle, c’est sûrement la femme de l’accueil qui lui a ouvert. Elle va bientôt terminer sa journée pour laisser place à un garde de nuit, le commissariat ne dort jamais alors qu’il faut un effectif pour surveiller les prisonniers. Ceux qui attendent un procès ou qui doivent être déplacé le lendemain. Tu attrapes le sac et dépose les quelques billets dans la main du livreur en récupérant la monnaie au passage, sans un regard. Tu as l’habitude de commander et ne regarde plus la personne qui t’apporte ta bouffe depuis bien longtemps, ce n’est pas méchant, simplement une habitude. Tu poses son contenu sur la table et attrape deux boissons. « J’ai pris un soda pour chacun, comme ça pas de jaloux. » Tu déposes tout devant les barreaux, elle n’a plus qu’à s’approcher pour s’emparer ainsi que de la nourriture. Tu prends place au sol cette fois pour être un peu plus proche d’elle, gardant tout de même une certaine distance, de toute façon tu n’as rien sur toi dont elle pourrait se servir pour sortir. On ne peut pas échapper à un Wendigo. « Je suis tout à toi ce soir, parle moi donc de tout ce que tu veux me parler en temps normal. Je t’écoute. » Tu prends le temps pour elle, tout le temps qu’il faudra.