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 when ari met lenny (ari)

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Lenny Myers
- responsable à jardiland -
Lenny Myers
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damné(e) le : o07/04/2022
hurlements : o1636
pronom(s) : oshe/her.
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when ari met lenny (ari)
Jeu 14 Avr - 0:53


when ari met lenny

Lorsqu'il avait décidé de s'engager dans les forces de police, quelques mois en arrière, il n'avait pas été motivé par la mission qui lui avait été assignée ce jour-là. Il réclamait de meilleures habilitations ; que ses supérieurs le prennent au sérieux malgré son jeune âge, malgré son parcours ; que son nom soit indiqué sur des dossiers sérieux, et non sur les inombrables animaux à aller secourir. Il ne comptait plus le nombre de chats qu'il avait récupérés dans les arbres ; il était persuadé qu'il s'agissait du rôle des pompiers, mais certainement que le reste de son équipe se moquait bien de l'envoyer au charbon plutôt que de rediriger la personne qui appelait pour signaler l'animal en danger. Lenny adorait les animaux, mais il ne pouvait s'empêcher de penser au temps qu'il perdait à s'intéresser à ces tâches-ci, quand de plus importantes étaient sur le feu. Il subsistait tant d'affaires à résoudre, la criminalité n'ayant pas baissé depuis longtemps maintenant, et Lenny se sentait capable de faire un travail efficace. Il n'était pas le genre à être sûr de lui, et doutait bien souvent de ses capacités, mais la ferveur qu'il comptait mettre dans ses investigations ferait la différence, il en était persuadé.
Il courait alors après les nouveautés malgré les portes qu'on lui claquait au nez, s'évertuait à continuer sa course, qu'importe les échecs. Les collègues refusaient de l'amener dans les recherches plus poussées, de peur qu'il ne soit complice de leurs suspects. Il n'était pas vu comme un équipier, mais comme un loup dans la bergerie ; au fond, il avait peur que ce statut lui colle à la peau pour toujours, ferait tout pour s'en défaire. Il travaillait dur pour ça, accordant de moins en moins de temps à ses plaisirs personnels, ou même à ses amis, et délaissant une partie de ses cycles de sommeil. Le jeu n'en valait pas la chandelle, mais il n'en avait pas tellement le choix, pas alors qu'il partait avec une regrettable longueur d'avance. Il lui fallait taper fort pour impressionner, prouver qu'il méritait de porter son uniforme, ainsi que son badge.

Alors, lorsque la voix du shérif l'appela brusquement, il se leva d'un bond afin de lui faire face. Myers, j'ai une mission pour toi ! Le ton ne lui plaisait pas, comme une plaisanterie qui ne pourrait que lui faire du tort. Il ne posa pourtant aucune question en abandonnant son coin, s'interrogea seulement en avançant vers le bureau de son supérieur. « J'y vais seul ? » Et ça ne lui aurait posé aucun problème, il ne s'agissait que d'une curiosité, afin d'en demander plus sur ce qui l'attendait par la même occasion. Le shérif s'arrêta à l'entrée de son bureau afin que le poste entier profite de sa réponse, et lui lança en arquant un sourcil : « Pourquoi ? T'as besoin de quelqu'un pour conduire jusqu'à la gare ? » Il fronça les sourcils, essaya de ne pas jeter un regard autour de lui ; peu envie de croiser celui de ceux qui seraient certainement en train de rire de lui. Il ne répondit pas, prit sur lui en pénétrant dans la petite pièce, et attrapa les clés qu'il lui jeta presque au visage. « Tiens, prends une de nos voitures. T'auras du mal à trainer sa valise avec ton vélo. » Il baissa les yeux vers le trousseau de clés sans comprendre, avant que l'homme ne reprenne imméditament la parole, pour sceller son cerceuil. « Un nouvel élément arrive à la gare, tu pars le chercher. On veut qu'il se sente bien ici alors ... fais bonne impression, vu ? » Lui qui - naïvement - avait cru participer à quelque chose de plus grandiloquent que ses sauvetages domestiques, se retrouvait à jouer au taxi pour un de futur collègue. Il serra les clés dans sa main, ne dit rien de la déception qu'il ressentit en comprenant que le chemin jusqu'à un poste honorable serait long, et se contenta d'un hochement de tête pour signifier qu'il avait compris.

Il n'avait aucune idée de l'identité de celui qu'il devait ramener jusqu'au commissariat, il ne connaissait que son nom : Ari Williams. Il aurait pu en demander davantage, savoir quel poste il occuperait, d'où il venait, ainsi que de nombreux détails, mais il n'avait pas voulu s'attarder plus longtemps. La sortie franchie, enfin seul, il poussa un long et profond soupir en s'avançant vers la rangée de véhicule qui restaient garés derrière le bâtiment pour les urgences et déplacements plus réguliers ; il était satisfait de ne pas faire partie des patrouilles nocturnes. Lui qui ne se déplaçait qu'à vélo, qui n'avait passé son permis de conduire seulement pour ajouter la ligne à son cv, ne comprenait pas l'intérêt de tels gaspillages.
Le chemin, ni long ni court, se fit au rythme des paroles de No Surprises, Lenny ne laissant pas le chanteur du groupe britannique s'exprimer seul. Les registres changèrent tout au long de sa course, allant d'une voix à une autre sans que l'agent ne s'en retrouve sans voix. Il avait passé assez de temps à cultiver sa solitude pour s'adapter à toute sorte de registre, ne se retrouvant perdu que durant des chansons dans des langues étrangères. Il n'avait pas besoin de compagnie en voiture, se suffisait amplement à lui-même. Il tapotait parfois ses doigts sur le volant, jetant parfois des regards à l'écran de son téléphone afin d'en vérifier l'itinéraire. Il n'avait voulu le mentionner à son supérieur mais il ne connaissait pas la route jusqu'à la gare de la ville. Il n'était arrivé que quelques années en arrière et n'avait jamais eu besoin de prendre cette destination - pas prêt de partir de ce trou à rat. Il avait alors activé la destination sur son portable et y jeter un œil de temps en temps afin de ne pas prendre une mauvaise direction.

Lorsqu'il se gara à l'adresse indiquée, et coupa le moteur du véhicule, il se rappela de la directive du shérif concernant l'impression qu'il devait donner. Il baissa alors la tête sur son uniforme, réajusta ses boutons, en lissa la chemise de ses mains afin qu'elle soit impeccable. Il eut envie de jeter un regard dans le rétroviseur afin de vérifier son allure mais en était bien incapable. Il n'était pas spécialement un danger au volant, mais les regards qu'il accordait à ces engins étaient très rares, et qu'importe qu'ils soient indispensables à une conduite prudente. Il n'ouvrait jamais les latéraux, et n'accordait d'attention à celui intérieur qu'en cas d'extrême nécessité. Il récupéra son téléphone sur le tableau de bord, le dévérouilla avant que son reflet n'apparaisse, et se perdit dans quelques messages à RJ, en attendant que le nouvel arrivant daigne se montrer. Lenny était arrivé en avance, trop pressé de quitter le poste de police, et était assez patient pour ne pas s'inquiéter de rester seul trop longtemps. Il finit par reposer l'appareil, et s'enfonça un peu plus dans son siège en croisant les deux mains sur ses cuisses dans une posture d'attente.

Il sursauta en voyant une présence à sa fenêtre, essaya de ne pas montrer l'état de son cœur qui avait fait un looping. Il leva une main pour lui faire signe qu'il sortait, et détacha rapidement sa ceinture qu'il avait oublié de déboucler. Il attendit que l'inconnu s'éloigne de sa portière et l'ouvrit afin de s'extirper du véhicule. « Excusez-moi, j'étais perdu dans mes pensées. » Il laissa la portière ouverte, et fit un pas dans sa direction en le regardant enfin, retrouva en mémoire le : fais bonne impression. Il n'avait pas besoin de ce genre de précision, se montrait toujours très amical avec ses collègues - ceux qui se trouvaient méritants, surtout. Il lui offrit un sourire, puis sa main. « Ari, c'est ça ? » Question rhétorique. Il attendit qu'il attrape sa main avant de poursuivre. « Leonard Myers. Mais appelez-moi Lenny. » Il eut une poignée de main ferme, de celle qu'on retrouve en entretien d'embauche pour signifier notre motivation, ou bien entre deux directeurs pour un concours de force. Il n'y avait rien de cela entre les deux hommes, seulement des présentations qui étaient banales en apparence. Et pourtant, leurs mains restèrent ainsi agrippées plus longtemps que l'usage ne le réclamait. Il ne s'en rendit pas compte immédiatement, trop absorbé par l'autre homme, toute l'aura qu'il portait avec lui. Il forçait à un sourire sincère, que Lenny garda même en reprenant sa main - ou était-ce l'homme qui retira la sienne.
Il sembla retrouver ses esprits en posant son regard sur les bagages d'Ari. Il attrapa la poignée de sa valise - sans lui demander son avis - et la porta jusqu'à l'arrière de la voiture. « J'vais vous aider, laissez. » Il déposa la valise dans le coffre de la voiture, et se tourna vers son nouveau collègue en se frottant les mains. « J'vous emmène directement au poste ou vous voulez déposer vos affaires quelque part avant ? » Il pouvait faire un détour au besoin, l'aider à déposer ses affaires dans un hôtel ou une résidence qu'il aurait déjà trouvé, et revenir au poste une fois le coffre vide. Il n'était pas pressé d'arriver au commissariat, pourrait bien faire le tour de la ville avant de se reposer dans son coin de bureau en attendant un miracle. Il attendit la réponse d'Ari, prêt à prendre la route.



THE NIGHT'S ON FIRE
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Ari Williams
- ari beau, c'est beau la vie -
Ari Williams
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damné(e) le : o26/03/2022
hurlements : o1156
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Re: when ari met lenny (ari)
Dim 24 Juil - 23:25

Papa, Maman, Dick et moi c'est fini. Assis en tailleur sur la dalle de granit, le bouquet de fleurs qu'il avait apporté à ses parents lui frottant le genou. Les yeux perdus sur l'océan, à laisser le soleil lui dévorer la peau comme si ça avait la moindre forme d'importance. Un voyage qu'il n'aurait jamais fait sans la belle, Ari. Comme à chaque fois que l'amour se laissait mourir, le clapotis réconfortant des vagues semblait se teindre d'une toute autre mélopée. Faire le deuil de son mariage, quand bien même c'était pour retrouver Dick, était un passage obligatoire vers cette nouvelle vie tout seul. Alors Ari avait fait ce qu'il savait faire, dans ces moments-là. Le besoin de retrouver ce qu'il connaissait de mieux s'était soldé en un achat compulsif, immédiat, à la signature des papiers du divorce. Rien de moins qu'un billet d'avion, une semaine à l'autre bout du monde pour retrouver la terre qui épanchait son propre sang. Les longues heures passées avec ses parents, à laisser le vent chasser la douleur, les regrets et les amertumes. Caressé tendrement par la brise et les fantômes, bercé par leur chant et celui de l'océan. Le coeur en suspension qui attendait que Dick l'appelle, comme avant, quand il venait leur rendre visite. Mais la voix feutrée de la belle ne résonnerait plus de cette manière, et plus pour lui. Une réalité à laquelle Ari allait devoir se résoudre, avec tout ce que cela impliquait.
Car il y avait ces réflexes, toutes ces petites habitudes. Celle de faire trop de pâtes, parce qu'il savait qu'elle allait se resservir. Celle de tirer les draps d'une certaine manière, parce que c'était comme ça qu'elle les préférait. S'habituer à ce silence de plomb qui avait résidé dans la piaule de motel impersonnelle dans laquelle il s'était niché, quand il avait fallu se séparer. Un deal qui lui allait, jusqu'à ce qu'il retrouve le silence. Car ça aussi, la voix, la présence, l'odeur, l'ombre de la belle, il allait devoir réapprendre à faire sans ça. Dick était cette constante dans une vie presque entièrement passée à ses côtés. Et si l'envie d'appeler son ex-femme pour lui raconter toute sa semaine au bout du monde avait été forte, il s'était fait violence pour s'abstenir. Comme avec Stu, bien des années auparavant.

Stu, qui avait été la raison pour laquelle Exeter avait paru être une si bonne idée. Stu, à qui il comptait faire la surprise en débarquant sur le même sol que celui que foulait son ami depuis plusieurs années. Il avait décidé de ne pas lui en parler, pas tout de suite, de cette mutation. S'était arrangé pour que toutes ses affaires soient en règles, de son nouveau poste à l'IME d'Exeter à la mise à disposition d'un petit appartement meublé de fonction, le temps qu'il trouve quelque chose qui lui convienne. Bien sûr qu'il demanderait le soutien de Stu. Mais après. Cette nouvelle étape, Ari savait qu'il allait devoir l'entreprendre seul. Il aimait Stuart sincèrement, depuis toujours. Mais il le connaissait jusqu'au bout des ongles, aussi ; il savait que Stuart se plierait en quatre pour l'aider et l'idée de peser sur ses épaules, de devenir un boulet accroché à la cheville du réalisateur lui était insupportable.
Cette épreuve, il devait l'affronter à lui seul. Cette nouvelle vie, il devait la découvrir tout seul.

Et seul, il l'était, en débarquant à Boston. La voix nasillarde du shérif d'Exeter l'avait cueilli dans son hôtel pour la soirée, entre le jet-lag et le room-service. Le cœur encore brûlant du soleil Néo-Zélandais et d'appréhension à la découverte des traits surpris de Stu, Ari s'était laissé expliquer la suite du programme. Un billet de train avait été réservé à son nom pour l'amener jusqu'à Exeter. Un voyage d'une petite heure, puis quelqu'un viendrait le chercher à la gare pour l'amener jusqu'au poste. Là, il pourrait faire le tour des locaux, rencontrer personnellement celui qui se prendrait pour son nouveau boss (ils avaient tous tendance à y croire...) et se faire remettre les clés de son nouveau logis. Puis il pourrait vaquer à ses occupations, et, s'il était chanceux, se remettre des restes de son jet-lag. Un programme bien chargé qui convenait bien au légiste. Plus on l'occupait et moins les pensées avaient le temps de prendre leur place sous les bouclettes poivre-sel. Réveil hasardeux le lendemain, pas de petit-déjeuner. Emmitouflé dans un pull trop épais pour la saison aux USA mais pas suffisamment pour réchauffer ses os, il avait embarqué passé et valise dans le train en direction d'Exeter.
Une main contre son épaule pour le tirer de sa torpeur, la sensation d'être passé sous un rouleau compresseur. L'homme assis à côté de lui qui le secouait fermement pour lui signaler qu'ils approchaient de sa destination, comme demandé. Et elle était bien là, cette gare qu'il avait déjà visitée quelques trop rares fois. Exeter. Impossible de savoir s'il s'agissait de trac ou d'adrénaline, quand son pied frissonna au contact du quai. Mais la bouffée d'air qui s'imposa dans ses poumons lorsqu'il sortit du bâtiment, elle, familière et nouvelle, avait le goût du renouveau.

C'était ça que lui avaient chuchoté vagues et âmes, quand il les avait écoutées.

Le nez baissé vers son téléphone, il guetta le sms que lui avait envoyé le shérif. Des indications sur l'agent et le véhicule qui l'attendaient. Quelques enjambées mal réveillées à travers le parking et il repéra finalement la seule voiture estampillée police qui avait l'air d'attendre quelqu'un. Assidûment, en témoignait la silhouette qu'Ari distingua derrière le volant. Il approcha doucement, le légiste. Sentit une décharge électrique lui remonter jusqu'à ses joues en apercevant le visage baissé de l'agent qui l'attendait. Des traits doux magnifiés par cette légère ombre qu'apportait la concentration. Il est mignon. Sourire au creux des lèvres, le légiste tapota à regret contre la vitre pour tirer l'autre homme de ses réflexions. Leva aussitôt les mains en signe d'apaisement en le voyant sursauter, recula d'un pas, deux pour lui laisser tout l'espace dont il pourrait avoir besoin, loin de se douter qu'il obtiendrait ce genre de réaction.

-Ne le soyez pas, c'est moi, je ne voulais pas vous surprendre comme ça !

Mi-surpris, mi-amusé. Une grimace désolée sur les traits mais l'œil noir pétillant, alors que le plus jeune se confondait en excuses. Fasciné par la manière harmonieuse avec lesquelles toutes ses pensées semblaient se bousculer sur le visage de son futur chauffeur, à quel point ses grands yeux semblaient immédiatement capter toute la lumière alentours. Attendri par l'attitude de l'autre homme, Ari ne réalisa pas tout de suite que ce dernier lui tendait la main. L'attrapa en décalage, horaire, de tempo, l'impression d'avoir la demi-seconde d'un battement de cœur en retard. Peut-être celui qu'il avait loupé en apercevant les traits doux pour la première fois, quelques instants plus tôt.

-Ravi de faire votre connaissance, Lenny. Ari, effectivement. Williams. Pour remplacer le Dr Thomas. Ce que vous devez probablement déjà savoir.

Les mots se bousculaient entre ses lèvres, encore chauds de la Nouvelle-Zélande, encore pâteux du jet-lag. L'impression d'être aussi bien au ralenti qu'à deux-cent kilomètres à l'heure, et pourtant, le contact avec la main dans la sienne eut le don d'arrêter totalement le temps. Demi-seconde de plus, seconde de trop, au deuxième battement de coeur manqué. A garder la main dans la sienne un tout petit peu trop longtemps, sans savoir s'il s'agissait de sa propre latence ou d'autre chose de plus grand. Un sourire sincère placardé sur le visage, l'impression d'avoir recouvré un peu de cette chaleur qui lui manquait si cruellement depuis qu'il avait posé le pied sur le sol américain. Il ne sut pas si la poignée de main s'était évanouie d'elle-même, si Lenny avait retiré sa main ou si c'était lui qui avait repris la sienne. Cette dernière redescendit à son côté, ses doigts effleurèrent la poignée de sa valise à roulettes. Ari allait l'empoigner que, déjà, le dénommé Lenny la lui avait subtilisée ; réalisa à quel point ses sens et ses réflexes étaient véritablement engourdis par le décalage horaire.
Il devait avoir une tête abominable.

-Oh, euh, merci, vous n'êtes pas...

Obligé. Le mot se perdit de leur côté du parking, écrasé sous le bruit sourd que fit la valise en atterrissant dans le coffre du véhicule. Penaud, à ne savoir trop que faire de ses dix doigts, Ari fourra ceux d'une main dans sa sacoche à la recherche de... La voix de Lenny retentit. Ses doigts s'interrompirent, et le fil de sa pensée avec eux. Martelé par le jet-lag, l'esprit du légiste n'était plus aussi affuté. Il se mordit la lèvre inférieure, les mains toujours incertaines. Le temps de retrouver le fil de sa pensée, perdu entre les paroles de l'autre homme et la douceur de sa voix.  

-Il me semble avoir compris que je devais d'abord passer au poste pour faire un tour du propriétaire et récupérer les clés de mon appartement de fonction. Mais en toute sincérité, j'ai surtout prévu de me laisser porter au gré de ce que votre patron a prévu puis de poser un million de questions à tout le monde sauf lui parce que je n'aurai rien suivi de la journée.

Un aveu fait en toute conscience à un employé des forces de l'ordre. Déclaré avec le sourire, et même un léger rire qui lui secoua les épaules alors qu'il secouait ses bouclettes, l'air de réprouver vaguement son propre programme. Il pouvait sentir la fatigue sous ses propres yeux, était parfaitement conscient de l'engourdissement dans ses muscles. Et il y avait ce froid, contre lequel la chaleur qu'il sentait dans sa poitrine n'arrivait pas à complètement endiguer. Les yeux fatigués se posèrent sur la voiture, sur le Police ostentatoire peint sur les portières. Il tendit le bras pour en ouvrir une et se glissa dans l'habitacle, obéissant à l'invitation silencieuse de son compagnon. Une impression de sécurité absolue l'enveloppa quand l'agent Myers reprit sa place derrière le volant. Avec l'impression qu'il avait à présent de fondre dans son siège, le légiste était certain qu'il pourrait s'endormir sur l'heure. Attacha sa ceinture avec une lassitude qu'il ne remarqua pas, acheva sa course en enfonçant sa tête dans le coussin arrière. La perspective d'embrayer directement sur une visite du poste ne l'enchantait pas particulièrement. Pressant ses doigts gelés contre ses lèvres pour les réchauffer, il finit par se tourner à nouveau vers son chauffeur improvisé. Se mordit la lèvre inférieure mais, cette fois-ci, les yeux noirs étaient parcourus d'une étincelle que même la fatigue ne pourrait éteindre.

-Je sais que nous avons des directives et que votre patron m'attend techniquement aussitôt après mon arrivée mais... Si je prétends que mon train a une bonne heure de retard, m'accompagneriez-vous pour boire un bon café ? J'en rêve depuis un moment, mais je comprendrai parfaitement si c'est trop demander. Les ordres sont les ordres.

Et s'il n'obéissait pas aux mêmes ordres que le policier à côté de lui, ni aux mêmes instances, il savait tout aussi bien ce que c'était. Peut-être pour cela qu'il n'insista qu'à peine, posant un regard faussement suppliant contre les iris sombres de Lenny Myers. A moins que ça ne soit que pour profiter un peu plus de la manière dont l'éclat du soleil semblait trouver toute sa place dans ces yeux-là.

-J'ai une proposition supplémentaire : s'il y a quoi que ce soit, c'est moi qui vous ai contraint. La preuve, je vous offre le votre.




How do I make you love me? How do I make you fall for me? How do I make you want me
And make it last eternally?

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Lenny Myers
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Lenny Myers
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when ari met lenny
Il aurait aimé ne pas avoir l'air si surpris à l'évocation du départ du Dr Thomas ; mais personne ne l'avait mis au courant de ce changement, comme d'habitude. L'ancien légiste du poste ne l'avait pas prévenu, mais leurs rapports n'étaient pas des plus cordiaux, ce dernier s'étant rangé du côté de ses détracteurs malgré les visites de courtoisie qu'il lui rendait parfois au laboratoire. Il y apportait des beignets, des cafés, de quoi discuter de temps à autre, lorsque le temps paraissait trop étiré en haut. Mais rien ne lui avait jamais fait changer d'opinion à son sujet, trop stable sur ses certitudes ; les places se jouaient au mérite, Lenny n'en avait aucun. Il l'avait assez entendu, et n'avait pas été capable de conjurer le sort concernant cet homme - alors, bon vent. Il pouvait ne pas avoir à supporter les humeurs d'un confrère, ni à avoir à lui faire revoir son jugement le concernant. Il n'avait qu'à débuter du bon pied, comme il savait le faire lorsque les individus n'étaient pas influencés. Et ce Ari, avait-il assez de caractère pour se forger sa propre opinion le concernant ? Il verrait bien une fois arrivé à bon port, après quelques jours, son comportement envers lui. En attendant, il ferait bonne impression, comme on le lui avait demandé, et comme il le faisait toujours avec les nouvelles recrues. Il n'était pas quelqu'un de contraignant, savait faire au mieux pour convenir à la personne, et se comporter comme il le fallait ; il ne comprenait pas même pourquoi son supérieur lui avait réclamé de faire bonne impression, comme si sa réputation dans le commissariat était uniquement de sa faute. Il essaya d'avoir l'air le moins surpris possible face à la nouvelle, hocha la tête en plissant les yeux pour répondre à ce : ce que vous devez probablement déjà savoir. Il ne savait pas. Il ne savait rien. Et il ne pouvait l'avouer, devait rester professionnel et donner l'impression de savoir parfaitement dans quoi il s'engageait.

Il remercia l'état de fatigue dans lequel semblait se trouver le nouveau médecin, qui l'avait peut-être sauvé sur ce coup-ci. Il ne voulait pas passer pour un incompétent au premier contact, avait des choses à prouver auprès de ses collègues, ne voulait pas décevoir ce nouvel arrivant aussi rapidement. Les mains vives, il s'empara de ses bagages et les installa dans le coffre sans lui laisser la possibilité de riposter. L'homme avait l'air de manquer de sommeil, et Lenny savait l'inconfort ressenti après un tel voyage. Il n'était pas souvent sorti d'Exeter depuis sa fuite de l'orphelinat, mais savait que l'arrivée dans cette ville pouvait drainer l'énergie d'une manière mystique. Il savait que le nouveau légiste devait se reposer au plus vite, et certainement qu'il n'aurait pas le temps pour échanger des banalités avec lui. Il n'avait plus qu'à s'installer au volant du véhicule et le déposer au poste, sans perdre de temps. Il aurait tout le loisir d'apprendre à le connaître plus tard, en écoutant ce que les autres raconteraient à son sujet ; certainement qu'il s'habituerait rapidement au commissariat. Il regarda alors l'homme, soucieux de savoir s'il devait le déposer au poste ou à un hôtel quelconque. Le regard doux de celui attendant les directrives sans autres idées que celle d'obéir aux ordres, il continuait de le regarder. Il était bien plus séduisant que le Dr Thomas, ils gagnaient largement au change. Il s'en voulu de cette pensée, ouvrit de grands yeux en baissant légèrement la tête, les joues commençant à rosir. 
Il releva la tête pour écouter la réponse, et ne put retenir un léger ricanement en comprenant qu'il donnerait du fil à retordre à leur supérieur. Il s'en réjouissait d'avance. Il referma le coffre de la voiture, et rejoignit le côté conducteur en invitant Ari à s'installer au côté passager. Il pouvait s'installer à l'arrière s'il le souhaitait, mais Lenny aimait proposer la place à côté de lui, pour ne pas paraître trop rude ; et montrer qu'il n'était pas contre quelques échanges. Il boucla sa ceinture, et attendit que son compagnon de route soit convenablement installé.

Lorsque l'invité reprit la parole, Lenny arqua un sourcil en l'écoutant. L'idée qu'il s'était faite était fausse ; il ne voulait pas se précipiter au poste, avait envie de prendre son temps, et surtout un café. L'agent ne sut comment répondre, mais il savait qu'il ne pouvait le lui refuser, et surtout, il n'en avait pas envie. Lui non plus ne voulait pas encore rejoindre le commissariat, certainement qu'il passerait le reste de la journée dans son coin, à attendre que le ciel lui tombe sur la tête. « J'aurais dû y penser, pardon. » Il n'avait pas pensé à apporter des gobelets de café, ni des friandises ou autres collations pour la route. Il s'en mortifia intérieurement, aurait pu anticiper l'envie de son collègue de prendre un café après ce trajet. Mais d'un autre côté, c'était l'excuse parfaite pour traîner, ne pas rentrer immédiatement. « Mes ordres sont de faire bonne impression, donc vous savez ... ça rentre dans mes directives de vous accorder un café. Ce serait impoli de refuser, pas vrai ? » Il fit un sourire timide, essaya de ne pas prendre la proposition trop personnellement. Il ne s'agissait que d'une proposition d'après voyage, et il l'aurait faite à n'importe qui venu le chercher. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de sourire bêtement en bouclant sa ceinture.

Il alluma le contact sans jeter le moindre regard à ses rétroviseurs. Il ne s'en servait jamais, incapable de planter son regard dans ces espaces réfléchissants sans faire un attaque. Il avait toujours peur de ce qu'il pourrait y trouver. Lorsqu'il voyageait seul, il rabattait les petits miroirs et mettait un morceau de tissu sur celui intérieur afin de ne rien risquer, ne rien apercevoir dans le coin de son œil, par inadvertance. Il savait qu'il ne pouvait le faire en compagnie, surtout pas dans une voiture portant l'écriture grasse : police. Il laissa alors les outils à découvert, mais ne s'en serva pas. Il pivota son torse pour faire une marche arrière, la main posée sur le dossier du siège passager, totalement détaché de ce qui pouvait se passer dans ses rétroviseurs. Il quitta la place de stationnement, et prit la route en essayant de focaliser son attention entière sur la route - juste la route. Mais il était un bavard, et si se concentrer sur la route l'empêcher de penser aux petits miroirs autour de lui, il ne pouvait faire autrement que se montrer trop accueillant avec le nouveau venu. « Vous avez de la famille dans le coin ? C'est plutôt inhabituel de choisir de venir ... ici. » Il grimaça au dernier mot, ne sachant comment qualifier cette ville. Il avait fait le même choix de nombreuses années en arrière, en arrivant aux côtés de Jane, et n'était jamais reparti. « C'est pas mes affaires mais ... Pourquoi Exeter ? » Et la réponse ne le regardait pas, il le savait, mais ne pouvait s'en empêcher. Il lui jeta un rapide coup d'œil, évaluer s'il allait se prendre une réponse franche ou s'entendre dire qu'il devait s'occuper de son cul. Le regard dura plus longtemps que prévu, happé par la beauté de l'homme qu'il avait eu pour mission de récupérer.

Il reprit ses esprits d'un coup, donnant un coup de volant plus brusque, afin d'éviter une voiture ayant décidé de doubler dans une zone risquée. Il cramponna ses deux mains sur le volant, essaya d'y ancrer son esprit, et finit par montrer un petit établissement d'un geste du menton. Il savait qu'ils n'y servaient pas le meilleur café, mais c'était le plus proche, et celui qui demanderait le moins de détour. Le problème n'était pas une question de temps, Lenny bien heureux de passer le moins de temps possible à son petit morceau de bureau, mais il pensait à son nouveau collègue qui aurait certainement pu tuer pour un café rapidement. « Le café n'est pas le meilleur de la ville, mais ce sont des gens adorables. » Et c'était largement suffisant à ses yeux, surtout dans un tel coin de la ville. « Je connais bien la ville, je sais quels endroits fréquenter et lesquels fuir. Si vous avez besoin d'un guide, n'hésitez pas. Mais vous sentez pas obligé, certains au poste pourront aussi bien vous aider. C'est pas que j'en ai pas envie, ça me ferait plaisir de vous montrer la ville, c'est juste- Oubliez. » La ferme, Lenny. La respiration presque coupée en faisant la proposition, comme s'il n'en avait pas le droit. Il avait certainement déjà quelqu'un pour le faire visiter, tout comme il aurait des collègues pour lui montrer le commissariat, sans qu'il n'ait à s'imposer. Il eut envie d'ajouter qu'il pouvait également le guider au commissariat, mais préféra garder le silence. Il fit attention en s'engageant sur le parking, et arrêta la voiture avant de couper le contact. Il ouvrit la portière et commença à se lever, le corps malheureusement entravé par la ceinture qui barrait son torse. Il espéra que son échec soit passé inaperçu, et déboucla rapidement sa ceinture avant de se mettre entièrement debout. Il fit rapidement le tour de la voiture et ouvrit la portière du côté passager en invitant Ari à sortir.
Il lui ouvrit également la porte du café, en bon gentleman, et l'acccompagna pour prendre leur commande. Il ne venait pas souvent par ici, mais s'arrêtait toujours pour engager la discussion avec la patronne des lieux, lorsqu'il avait à se rendre dans le périmètre ; que ce soit pour le travail, ou pour des raisons personnelles. Il avait passé de longs jours dans les parages lorsqu'il cherchait Jane, à se demander si elle ne se cachait pas dans un des vieux bâtiments du coin. Lenny avait eu le temps de se lier d'amitié avec les propriétaires, comme il le faisait de chaque individu bienveillant qu'il croisait. Il passait ses deux mains sur ses vêtements en discutant, lissant son uniforme afin d'être le plus présentable possible ; mais ça, ce n'était pas pour la serveuse, seulement pour son invité. Il finit par se tourner vers lui : « Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ? »



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Ari Williams
- ari beau, c'est beau la vie -
Ari Williams
- ari beau, c'est beau la vie -
damné(e) le : o26/03/2022
hurlements : o1156
pronom(s) : oshe / her
cartes : ofürelise (ava) ; alcara (sign)
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when ari met lenny
Le ronronnement de la voiture avait quelque chose de rassurant, à moins que ça ne soit la présence à côté de lui. Il avait redouté ce premier contact avec Exeter, le légiste, s'était demandé quel type de chauffeur le shérif allait lui envoyer. La première impression que lui avait laissée l'homme n'était pas des plus engageantes, d'un point de vue professionnel. Il s'était attendu à ce que ce soit un flic bourru et peu avenant qui l'amène jusqu'à ses futures responsabilités. Dire qu'il était agréablement surpris relevait de l'euphémisme. L'agent Myers, avec ses yeux qui parlaient avant ses lèvres, était l'exacte opposée de ce que le Néo-Zélandais attendait. Confortablement installé dans son siège, il s'était laissé porter par la pensée du moment. Inviter le jeune homme pour un café n'était pas dans ses habitudes, mais il en avait eu envie. De laisser traîner un peu le temps, de passer un peu de ce temps en la compagnie de l'autre homme. Une spontanéité qui ne lui ressemblait pas, lui qui attendait toujours d'avoir une idée plus générale de son environnement. Mais il y avait quelque chose de différent, chez l'agent Myers. Ce petit éclat dans ses beaux yeux qui avait donné à Ari l'envie de voler quelques minutes à son emploi du temps très chargé.
Il en eut la confirmation alors que, la proposition lancée dans l'habitacle, l'agent à côté de lui se confondait déjà en excuses.

-Pourquoi vous excuser ?

Surpris, oui, que le jeune homme se mortifie de n'avoir pas été assez attentionné. Un sourcil interrogateur jeté dans sa direction, mais touché qu'il se soucie suffisamment de faire bonne impression pour s'excuser d'avoir manqué de précaution. Il eut spontanément envie de lui dire que ce n'était pas grave, qu'il n'y avait pas mort d'homme. Mignon et gentil. La pensée s'imposa sous les boucles poivrées, mais il ne la trahit que par un léger sourire. Les pensées de l'agent Myers semblaient fuser, bien trop vite pour son esprit ralenti par le jet-lag. Ari prit le parti de se laisser porter par leur flot sans oser les interrompre, s'accrocha à la perche que le plus jeune finit par lui lancer.

-Terriblement impoli, en effet !

Le contact semblait si facile, si naturel, avec ce jeune homme. Comme une évidence, celle de ces relations qui se font le plus spontanément du monde. Impossible de savoir si l'agent Myers souhaitait faire bonne impression à ce point, ou s'il s'agissait de sa manière d'être, mais Ari voulut opter pour la deuxième option. Parce que l'impression générale qui s'en dégageait était douce, d'une familiarité touchante. Parce qu'après la tempête qui l'avait bercé pendant toute sa semaine à Aotearoa, il avait l'impression d'être le bienvenu dans cette toute nouvelle vie. Glisser d'un état à un autre avait paru si difficile et pourtant si nécessaire, une fois les papiers du divorce signés. Toutes les habitudes prises à désapprendre, l'impression d'être de trop dans une vie qu'il avait toujours passée en jumeaux avec Dick. Il n'aurait pas préféré d'autre accueil, finalement. Ce tout premier contact avec Exeter était exactement ce dont il avait besoin. L'agent Myers n'en savait rien, ne le saurait probablement jamais. Mais toute sa gentillesse, sa candeur et sa familiarité ne pouvaient pas mieux tomber.

Les sens amoindris par la fatigue, le légiste remit sa vie entre les mains de son chauffeur attitré. Sentait ses paupières s'alourdir avec le ronronnement rassurant de la voiture, tandis qu'il s'efforçait de se concentrer sur le panorama offert par le trajet. L'esprit tantôt lent, tantôt trop rapide, des secondes voire des minutes entières lui échappant plusieurs fois sans qu'il ne s'en rende compte. Comme si la voiture faisait des bonds silencieux dans le temps, l'entraînant à chaque fois un peu plus dans les entrailles de cette ville inconnue. Elle était à l'image de ce que Stu lui en avait dit. Tantôt colorée, vivante. Tantôt silencieuse, empreinte d'une vie qui n'appartenait pas aux mortels. Si éloignée des couleurs d'Aotearoa, du bourdonnement permanent de New York ou de Boston. Une contemplation silencieuse, fatiguée, qu'il entrecoupait quelques fois de coups d'oeils en direction de son chauffeur. Quand les ruelles devenaient trop tristes, que l'air devenait trop froid, et qu'il avait envie de retrouver un peu de sa chaleur. Chauffeur qui reprit la parole, tirant Ari de ses contemplations. Le légiste comprit alors que la fatigue lui avait volé sa langue pendant plusieurs minutes, peut-être trop longues pour le plus jeune. A moins qu'ils ne viennent tout juste de partir. Perdu dans la chronologie des événements, Ari se frotta les yeux. Sa main échoua dans ses boucles, jouant distraitement avec tandis qu'il reportait son attention sur les traits fins de son compagnon. Pour se raccrocher à la réalité.

-Oh, il n'y a aucun mal rassurez-vous, vous avez entièrement raison de poser la question. J'avais besoin de changer d'air, après mon divorce. On m'a proposé d'être muté par ici, j'ai accepté. J'ai déjà eu l'occasion de venir quelques fois, je connais quelqu'un qui habite dans le coin. Un vieil ami qui n'a aucune idée de ma présence ici.

Stuart. Un sourire tendre, fatigué, s'étira sous la barbe poivrée en le mentionnant. Le réalisateur n'avait aucune idée de sa présence à Exeter, se doutait encore moins que c'était pour y poser ses valises. Rien qu'imaginer l'expression qu'il aurait en comprenant que c'était pour un moment suffisait à rallumer cette douce chaleur dans sa poitrine, à réchauffer un peu ses os glacés. Son sourire s'éteint immédiatement sous le coup de volant brutal. Les gestes approximatifs, il s'accrocha à son siège. Le coup de sang poussa une saillie d'adrénaline dans son système, lui filant un bon coup de fouet. Une fausse alerte qui avait eu le mérite de le réveiller. Parce que la situation était de nouveau parfaitement sous contrôle. Tout du moins c'était l'impression générale que lui donnait l'agent Myers. Ari suivit son mouvement du menton, coula un regard vers la direction mentionnée. Un petit établissement qui ne payait pas de mine, sûrement leur destination. Le nom ne lui était pas familier, mais en même temps, très peu de choses l'étaient, à Exeter. Il décrocha ses doigts du siège, hocha doucement la tête en écoutant les indications. Partit du principe que si les patrons étaient de bonnes personnes, leur café ne pouvait qu'être meilleur que celui des chaînes impersonnelles qui avaient colonisé toutes les villes d'Amérique. Allait répondre quelque chose dans ce sens que, déjà, l'esprit de l'agent Myers filait plus vite que le vent. Si vite qu'Ari n'était pas certain de suivre. Les yeux luisants d'amusement, il laissa son chauffeur faire ses questions et ses réponses tout seul. L'envie de le rassurer revint au galop, diffusant de nouveau cette chaleur douce dans sa poitrine. Mais les pensées du plus jeune étaient trop vives pour son jet-lag, il avait tout juste le temps de s'accrocher à l'une que déjà dix autres lui avaient succédé.

Il avait envie de lui dire qu'il aurait bien aimé qu'il lui fasse visiter la ville. Mais le temps que la pensée se formule de manière concrète, l'attention de son chauffeur était déjà accaparée par ses manœuvres savantes pour garer la voiture. Il décida de remiser l'idée dans un coin de sa cervelle, ne souhaitant pas déranger l'agent outre mesure. Il est si nerveux. Est-ce que c'était parce qu'il voulait bien faire ? Ou est-ce que c'était à cause de lui ? Ari finit par se le demander, en voyant le jeune homme se débattre avec sa ceinture. Sa main se leva pour venir se poser, rassurante, sur le bras de l'autre homme, dans une tentative d'apaisement. L'envie de lui dire de ralentir, qu'ils avaient tout le temps du monde devant eux, mais ses doigts s'arrêtèrent en chemin. Le plus jeune avait déjà pris la clé des champs. Les sens au ralenti, Ari prit son absence pour un signal. Se détacha à son tour, avant que l'air frais d'Exeter lui claque en plein visage, la portière s'ouvrant rapidement à côté de lui. Il leva un sourire amusé vers son chauffeur improvisé portier, se glissa hors de la voiture, puisqu'il y était invité.

-Chauffeur, guide, gentleman, vous êtes plein de surprises, Lenny !

Est-ce que c'était l'accueil qui était réservé à toutes les nouvelles recrues qui venaient s'installer à Exeter ? Une partie d'Ari espéra jalousement que non. Exeter, elle, lui réserva un accueil bien différent. Une bourrasque d'air frais, à en pénétrer les os, vint s'engouffrer sous ses vêtements. Des frissons tout le corps, le légiste emboîta le pas de son hôte jusqu'à l'intérieur de l'établissement. Le suivit jusqu'au comptoir où il fut soulagé de constater que la carte était écrite en termes intelligibles. Soufflant sur le bout de ses doigts pour les réchauffer, il étudia les lettres, s'efforçant à déchiffrer sa langue maternelle devenue bien plus compliquée avec la fatigue. Remarqua l'attitude du plus jeune, la façon qu'il avait de lisser son uniforme impeccable. Pour la serveuse ? Elle était bien mignonne, c'était vrai. Et peut-être que l'idée générale qu'il avait ressentie émanant de l'agent Myers avait été biaisée par le charme de cette rencontre. Légère pointe de déception, mais il choisit de ne pas en faire cas, Ari. Adressa un léger sourire à son compagnon, avant de reprendre son décryptage de carte.

-Le café le plus fort qu'ils aient, en triple dose. Qu'allez-vous prendre, vous ? Faites-vous plaisir, vous pouvez prendre autre chose avec, je vous invite. Je prends la même chose que vous, même, ces pâtisseries ont l'air très appétissantes.

Les manches tirées sur les mains, il pointa d'un index dans la direction des tartes dans le frigo de présentation, au niveau du comptoir. Des tartes, des gâteaux pleins de crème, des pâtisseries typiquement américaines dévoilaient tous leurs charmes, prêts à être dévorés. Une fois de plus, il remit son destin entre les mains charmantes du plus jeune. L'établissement qu'il avait trouvé correspondait parfaitement à ce dont Ari avait besoin. Comme tout le reste de l'accueil. Une ambiance chaleureuse, douce et familière quand bien même tout était inconnu. Il se sentait étrangement à sa place, et souhaitait remercier l'agent pour toutes ses attentions. Fourra ses doigts dans la poche de son jean pour en tirer son porte-feuille usé et régler les collations avant que son guide puisse s'y opposer. Après quelques mots à l'attention de l'américain, la serveuse les invita à aller s'installer dans la petite salle. Ari la remercia et suivit le mouvement, laissant son guide l'entraîner vers ce qu'il savait être la meilleure place. Il ignorait toujours s'il s'agissait d'un traitement spécial ou juste de la gentillesse évidente du plus jeune qui transparaissait dans le moindre de ses gestes, mais apprécia toujours autant l'attention. Se glissa sur sa banquette avec un plaisir non dissimulé. Le shérif n'allait pas devoir lui en demander trop pour la journée, vu son état.

-On se sent bien ici. Ca se sent, ce que vous disiez tout à l'heure. Que les patrons de cet établissement sont adorables.

Chaleureux, accueillants, familiers. L'impression d'être le bienvenu, malgré son jet-lag, son attitude confuse et son accent encore chargé de sa semaine au pays. Le corps trop lourd pour se tenir droit, il posa son coude sur le plateau de la table et appuya son menton contre son poing. Il n'y avait pas que les propriétaires du café qui lui avaient laissé bonne impression, il y avait ce jeune homme tout en gentillesse qui venait de lui réserver le meilleur accueil qu'il ait reçu depuis bien longtemps.

-Votre proposition de tout à l'heure, elle tient encore ? De me faire visiter la ville. Parce que je l'accepterais avec plaisir si vous en êtes d'accord. Mon ami travaille beaucoup et vous avez l'air de connaître Exeter et ses habitants comme votre poche. Vous êtes né ici ?

Il ne s'agissait pas que de faire la conversation. Il y avait quelque chose de différent, dans l'approche que le jeune agent avait avec les gens. Un sentiment de proximité, une profonde empathie qui plaisait au légiste. D'avoir travaillé main dans la main avec les forces de police, il en avait vu toutes les formes d'agents. Rares étaient ceux qui entretenaient des relations aussi étroites et chaleureuses avec leurs concitoyens. Le regard lové sur les expressions du plus jeune, il se laissa porter par le son de sa voix. Ne détacha ses yeux noirs que lorsque la serveuse arriva finalement avec leurs collations. A regret. Quelques mots de plus, échangés à l'occasion. Ari remercia à son tour chaleureusement la jeune femme, avant d'enrouler ses doigts toujours trop froids autour du mug de café noir.

-Je tiens à vous remercier. Pour votre gentillesse. Ce n'est pas tous les jours que l'on est accueillis aussi bien, encore moins quand il s'agit de remplacer quelqu'un qui a fait ses preuves sur son poste pendant des années. Vous m'avez dit que ce sont vos ordres, mais je tiens quand même à vous le dire, de personne à personne. Et je n'hésiterai pas à en faire mention au shérif, une fois que je l'aurai croisé.

Un sourire sincère, une promesse, aussi. Parce qu'Ari n'était pas du genre à s'embarrasser de détails, mais il était aussi de ceux qui n'avaient aucun mal à mettre en avant les points positifs. Et Lenny Myers avait été bien plus qu'un point positif, jusqu'à présent.

-C'est précieux, une gentillesse pareille. Rare, encore plus avec les métiers que nous faisons. Trop de gens ont tendance à oublier que ce sont les autres qui nous portent, en réalité. Ca fait longtemps que vous exercez ce métier ?

Les pensées décousues, mais toutes orientées dans une seule direction. Les grands yeux de l'agent Myers, qui semblaient dévorer la lumière du monde pour la restituer au centuple.




How do I make you love me? How do I make you fall for me? How do I make you want me
And make it last eternally?

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Lenny Myers
- responsable à jardiland -
Lenny Myers
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when ari met lenny
Pourquoi il s’excusait ? En voilà une bonne question. Il ne se la posait jamais assez, trop apte – depuis toujours – à presque demander pardon d’exister. Il s’excusait parce qu’il avait l’impression de ne pas être assez face au monde que la venue de ce nouvel élément représentait alors. Le Dr Williams qui n’aurait jamais dû être si différent de son prédécesseur. Lenny n’avait pas l’habitude de s’entendre avec ses collègues, la plupart le traitant toujours comme un moins que rien, et n’essayant pas même d’apprendre à le connaître avant de décider qu’il ne méritait pas sa place. Le légiste qui partait n’était pas bien différent ; Lenny ne remettait pas ses aptitudes professionnelles en question, et il semblait connaître son métier, mais il refusait de le voir comme un homme charmant. L’individu qui était monté à ses côtés dans sa voiture de patrouille était tout l’inverse ; d’un charme déroutant, et d’une gentillesse qui lui semblait peu commune. Il s’excusait pour cela, pour ne pas avoir prévu de café, pour être son premier contact de la ville, du moins du commissariat, et pour bien d’autres choses. Il ne répondit pas à la question, se disant qu’il s’agissait d’une interrogation oratoire, mais se mit à cogiter intérieurement. Il devait reprendre la parole, ne laisser aucun malaise s’installer après ces excuses qui n’avaient aucune raison d’être. Il jetait parfois des regards en direction de son passager, essayant de ne pas s’attarder pour ne pas le mettre mal à l’aise ; il était si difficile de garder son attention focalisée sur la route.  
L’idée de l’interroger était certainement bonne, afin d’arrêter de le regarder de biais et de ne pas laisser son silence passer pour de l’impolitesse. L’aura entière de ce compagnon de voyage contrastait avec la ville dans laquelle il mettait les pieds, et Lenny était curieux de comprendre pourquoi il avait choisi une destination pareille. Les mains crispées autour du volant, il avait pris la réponse en hochant la tête, essayant de ne donner aucune réaction au mode divorce. Il eut pourtant envie de sourire, se disant que par élimination, cela signifiait également célibataire. Mais il pouvait se tromper à sauter ainsi sur ce genre de conclusions, et n’aurait pas dû, non plus, s’en trouver si heureux. Il hocha la tête également à l’évocation de son ami, faisant un commentaire sur la bonne idée de faire une surprise à celui qui vivait déjà dans les rues d’Exeter. « Il sera heureux de vous voir, alors, cet ami. » Il continua de rouler entre coups un peu trop brusques et coup d’œil en direction du futur légiste ; jusqu’à arriver à l’endroit souhaité.

Le geste de lui ouvrir la porte n’avait pas été réfléchi, pour le coup, il l’aurait fait à n’importe qui ; mais l’idée que ce soit cet homme en particulier qui bénéficie de cette politesse le rendait heureux, pour une raison qui lui échappait. Il essaya de ne pas rougir à la remarque d’Ari, et se contenta de sourire en haussant les épaules, l’air de dire : c’est normal. Il ne savait pas pourquoi il se sentait si nerveux ; ne pouvait se contenter de penser qu’il s’agissait d’un simple besoin de faire bonne impression. Les enjeux n'étaient pas si grands concernant le shérif, il s’en serait bien vite remis d’une nouvelle réprimande. Il n’avait pas besoin de faire bonne impression au nouveau venu, mais de faire bonne impression à l’homme plus précisément. Il se sentait ridicule, s’en voudrait certainement plus tard, une fois seule, de ces pensées qu’il n’avait pas le droit d’avoir. Le légiste venait juste d’arriver, il n’avait pas besoin d’être accueilli par un homme rougissant à la moindre remarque et tremblant de ne pas être appréciable.
Il jeta un regard à la serveuse, puis aux pâtisseries, puis à la carte – comme s’il ne la connaissait pas déjà par cœur. Il sourit au personnel en faisant son choix, regarda autour de lui et finit par arrêter son attention sur Ari. La pensée restée en fond, il se retint de préciser que lui-même avait l’air bien plus appétissant que les sucreries sur l’étalage. Il se mit à rougir de nouveau, absolument honteux d’avoir eu cette pensée si naturellement. Il eut envie de s’excuser de nouveau, quand bien même il n’avait rien dit. Il décida de prendre une tarte au citron en plus de son café, et remercia chaleureusement son compagnon de cette offre. En silence, il suivit la serveuse et s’installa à ce qu’il jugeait être la meilleure place, à côté des bais vitrés, sur des banquettes confortables. Il croisa ses mains sur ses cuisses d’un air sage, et essaya de se détendre en priant pour que son café ne tarde pas à arriver ; il pourrait se dissimuler derrière sa tasse.

Votre proposition de tout à l'heure, elle tient encore ?

Il fronça doucement les sourcils, essayant de se souvenir ce qu’il avait bien pu proposer ; il ne se souvenait d’aucune de ses paroles, bien trop absorbé par autre chose, ou quelqu’un d’autre. Il écouta alors attentivement la suite de sa demande, pour en attraper des indices. Il s’habilla d’un sourire rayonnant en hochant la tête de haut en bas ; évidemment qu’il était partant. Il posa ses mains sur la table entre eux et commença à triturer ses doigts entre eux, d’un air ailleurs, comme chaque fois qu’il devait parler de son passé. « Je suis né à Boston, j’ai grandi là-bas avant de venir ici à ma majorité. Alors oui, je connais bien la ville. Elle est assez grande, mais je sais quels coins vous montrer, et ce sera avec plaisir. » Il allait lui préciser qu’il était à sa disposition également pour lui faire visiter le commissariat, les abrutis qu’il allait y croiser n’étant pas très joyeux à l’idée d’aider les nouveaux, mais la serveuse arriva avec leur commande. Il la remercia avec un beau sourire, et plongea son nez dans son café en attendant que cela lui donne du courage.
Lorsqu’Ari reprit la parole, ce fut sur des paroles auxquelles l’officier de police ne s’attendait pas. Il arqua un sourcil, reposa la tasse sur la table et reporta son regard sur lui. Il n’était pas habitué à ce qu’on lui fasse des compliments, surtout dans le cadre de son travail. Il ne sut comment réagir, tant les termes employés par son vis-à-vis semblaient sincères. Il espéra ne pas être, une nouvelle fois, en train de rougir, et enfonça sa tête entre ses épaules en bredouillant. « C’est … C’est normal, enfin … J’ai rien fait de- C’est pas … De rien. » En comprenant qu’il était en train de s’enfoncer à bredouiller ainsi de manière incompréhensible, il décida d’arrêter de parler, et de former ses phrases dans sa tête avant de les laisser franchir ses lèvres. « Inutile de parler au shérif, mais c’est gentil, ça me touche. » Il reprit une gorgée de café, plus pour y cacher ses joues pourpres qu’autre chose, et posa de nouveau sa tasse en souriant. Il était réellement touché, ce n’était pas une façon de parler.

Il repoussa doucement sa tasse fumante pour attraper la petite cuillère posée près de sa part de tarte au citron. Il n’avait rien mangé encore, et commençait à sentir la faim ronger son ventre ; il oubliait toujours d’avaler quelque chose le matin, c’était Jane, à l’époque, qui le lui rappelait. Il planta le couvert dans la masse jaune en écoutant toujours Ari parler, et réfléchit à la question. Il ne savait pas si les moments à travailler en tant qu’indicateur comptaient dans la balance. Il décida que non, n’ayant pas envie qu’il voie en lui quelqu’un de mauvais, et haussa les épaules. « Je suis un p’tit nouveau, officiellement. Mais je compte bien rester le plus longtemps possible, je pense qu’au final, j’ai trouvé ma voie. » Il aimerait seulement que ses supérieurs le comprennent, qu’ils le laissent exercer dans de meilleures conditions, qu’ils lui laissent une chance de faire ses preuves, de s’organiser sur des affaires plus importantes que les tâches mineures qu’on lui imposait pour l’instant. « Je dois encore faire mes preuves, mais je suis motivé, je sais que mes efforts finiront par payer. » Il estima avoir trop parlé, s’occupa alors la bouche pour se faire taire. Il mangea une part de sa tarte, et fronça doucement le nez sous l’acidité du citron. Il adorait ça, tous les gâteaux au citron, mais faisait toujours cette même mimique quand il venait à en manger, sans vraiment s’en rendre compte. Il releva les yeux l’air de rien, et se passa la langue sur les lèvres avant de reprendre. « Et vous, vous faites ce métier depuis longtemps ? » Il continuait de serrer parfois ses doigts entre eux dans un geste automatique, nerveux. « Je dois souvent descendre récupérer des dossiers, ou poser quelques questions sur certaines affaires alors … j’imagine qu’on sera souvent amenés à se voir, vous aurez des preuves que je ne suis pas si gentil que ça. Vous apprendrez, par exemple, que je suis mauvais en orthographe, j’ai une écriture illisible, et vous n’arriverez pas toujours à me déchiffrer. Vous voyez, je suis cruel. » Il sourit, arquant les deux sourcils dans une mimique signifiant : quel diable je suis, je vous avais prévenu. Il reprit une bouchée de sa tarte, fronça le nez une nouvelle fois, puis reprit la parole de peur qu’Ari ne le fasse, pour lui dire que la plaisanterie n’était pas drôle, ou qu’il avait intérêt de fournir un effort pour qu’il puisse arriver à le lire. Il se fit réprimander par une voix intérieure lui soufflant : arrête de parler de toi.

La tasse de café revenue entre ses doigts, il essaya de faire le tri parmi toutes les questions qu’il avait envie de lui poser. Il en exister certaines qui ne pouvaient l’être, bien trop personnelles, et d’autres qui n’avaient aucun intérêt ; il craignait de l’embêter. Il évita alors de lui demander s’il était bien célibataire, peut-être même s’il avait ses chances ; ne s’attarda pas non plus sur des trivialités comme savoir si lui aussi adorait le citron, ne s’arrêta pas même sur son envie de savoir s’il aimait les séries, appréciait aller au cinéma etc. Il finit par prendre une gorgée de café et se lancer sur un sujet qui convenait bien mieux. « Vous faites quoi ce soir ? » La question ne convenait pas mieux, mais il ne pouvait plus faire marche arrière, il se débrouilla alors comme il pouvait. « Enfin, vous semblez … séd… fatigué, vous feriez peut-être mieux de vous reposer pour être en forme. Je vous le dis parce qu’on a l’anniversaire de Jacky, une des comptables et … ils vont sûrement vous proposer de rester, je vous préviens pour que vous puissiez dire que … vous êtes fatigué, enfin sauf si vous voulez y aller, elle est gentille Jacky, je l’aime bien. » Il eut envie de se donner lui-même un coup dans le tibia pour s’ordonner de se taire, finit finalement par souffler en poussant doucement son assiette pour faire diversion : « Vous en voulez un bout ? J’adore le citron. Vous saviez qu’il aide à réguler le stress et permet de mieux dormir ? » Il comptait réellement donner des cours de santé à un médecin ?

Il fut sauvé par une sonnerie, put détourner son attention de ses déblatérations insensées, et attraper le téléphone enfoncé dans le fond de sa poche arrière. Il observa le message qu’il venait de recevoir, et pinça les lèvres avant de regarder son nouveau collègue. « C’est le shérif, il demande si on s’est perdus. Je lui dis que votre train a du retard, ou vous préférez reprendre la route ? » Il espéra qu’il ne choisisse la seconde solution ; n’avait aucune envie de se presser alors qu’il aimait sa compagnie. Il n’aimait pas être stressé au point de dire des choses sans queue ni tête, mais ne voulait pas s’échapper pour autant. Mais au final, c’était Ari qui prendrait la décision, et Lenny n’aurait qu’à le suivre.



THE NIGHT'S ON FIRE
the promises we made were not enough. the prayers that we had prayed were like a drug. the secrets that we sold were never known.
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