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 i wanna contribute to the chaos ; ari

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Lenny Myers
- responsable à jardiland -
Lenny Myers
- responsable à jardiland -
damné(e) le : o07/04/2022
hurlements : o1743
pronom(s) : oshe/her.
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i wanna contribute to the chaos
-- @"ari williams" & @lenny myers
Il n'avait pas eu une matinée facile. La nuit avait été bien courte, rythmée par des messages alimentés par ses deux meilleurs amis – heureusement que Nora et Devlin avaient été là pour occuper son esprit. Il n'avait dormi qu'une petite heure, très mal, entre l'appréhension qui l'avait tenu éveillé et le joint qu'il s'était fait avant de se mettre au lit ; mal dosé, déséquilibré, il avait vite regretté ce choix. Le réveil avait été extrêmement dur, et certainement qu'il serait resté au lit pour comater quelques heures s'il n'avait pas donné rendez-vous à Devlin, au poste. Il ne s'était pas regardé dans la glace, les quelques murmures autour de lui étant assez persistants pour qu'il sache ce qu'il y aurait trouvé. Il n'avait donc eu aucun moyen de savoir si ses yeux étaient d'une couleur acceptable avant d'arriver jusqu'à son bureau, et de questionner le divinateur d'un hésitant : alors ? Porter des lunettes de soleil aurait été suspect, et il n'avait aucune envie d'être convoqué dans le bureau de Dick pour lui demander pourquoi il était si étrange depuis son arrivée. Il avait enchaîné plusieurs cafés, s'excusant auprès du divinateur entre chaque gorgée de ne pas l'avoir laissé dormir. Ce dernier avait beau lui signifier qu'il serait resté debout quoiqu'il advienne, Lenny était incapable de l'accepter. Il avait beau être dans un état plus désastreux que celui de son ami, il voyait à quel point ils avaient tout deux besoin d'une nuit de sommeil. Il se serait d'ailleurs endormi sur son bureau, s'il ne lui avait pas tenu compagnie de temps à autre, entre deux moments de réflexion interminables. La caféine faisant son effet, mais le mauvais, il sentait sa jambe battre la cadence, surexcité entre la boisson et le besoin de récupérer. Il était stressé, épuisé, et fixait parfois son portable pendant de longues minutes en se demandant s'il n'était pas temps d'annuler ; il pouvait prétexter être malade, Ari comprendrait.

Mais il s'interdisait cette facilité, il ne pouvait s'y soumettre après ce qu'il avait déjà engagé. L'appel qu'il avait passé au legiste, la veille au soir, l'empêchait de faire marche arrière. Il devait se montrer brave, courageux, et ne pas courir se réfugier chez lui pendant sa pause du midi. L'aiguille de la pendule lui indiquant qu'il pouvait mettre les voiles, il était descendu à la morgue pour récupérer le fameux dossier dont il lui avait parlé durant leur conversation ; celui qui, apparemment, était urgent. Mais le plan de travail était vide, et le dossier n'était plus là. Quelqu'un devait déjà être venu le récupérer, ou alors il appartenait à RJ. Il avait d'ailleurs cherché son ami pour le saluer, avant de quitter le bâtiment, après avoir tapé dans les deux mains de Devlin pour prendre tout son courage. J'te tiens au jus par message si j'décide de me foutre en l'air, dit dans un rire des plus nerveux.
Il était grimpé sur son vélo avec agilité, et avait commencé à pédaler rapidement – de peur de changer d'avis avant d'atteindre son objectif. La jambe guérie, la cheville également, il avait pu reprendre sa bicyclette grâce aux réparations de Kyle, et à la belle soirée qu'ils avaient partagée pour le remettre sur pieds. Il était moins dangereux ainsi qu'au volant d'une des voitures de service aux trop nombreux rétroviseurs.

Le vélo garé contre l'un des murs près de l'entrée, il passa ses mains contre ses vêtements comme pour se préparer à quelque chose d'important ; entretien d'embauche, représentation sur scène, n'importe quoi impliquant d'être impeccable sur soi. Il souffla un coup, filet d'air long, profond, venant du plus profond de ses poumons – difficile de se donner le courage d'appuyer sur la sonnette, alors que la porte d'entrée était à deux pas. Il était assez tôt pour qu'Ari ne soit pas dans un de ces états de transe où il n'entendait pas sa sonnette, captait à peine quand on lui adressait la parole, et il savait que Lenny lui rendrait visite. Le sergent n'avait donc pas à l'appeler sur son téléphone pour être certain d'être entendu, juste à s'annoncer normalement. Il appuya alors enfin, le doigt maintenu plus que nécessaire ; comme toujours. Il se surprit à espérer que la maison soit vide, qu'Ari soit sorti. Il aurait alors une excuse pour faire demi-tour, revenir au poste et dire à Devlin qu'il n'y était pour rien, si personne n'était venu lui ouvrir. Il s'imaginait déjà pouvoir souffler un coup en s'installant à son bureau, puis rentrer dormir en oubliant déjà la mission qu'il s'était donnée pour la journée. Le songe se brisa lorsque la porte s'ouvrit sur le maître de maison.

Lenny s'immobilisa, les lèvres ouvertes sur un bonjour qui refusait de sortir. Merde. Fais quelque chose. Il essaya de se souvenir de ce que ses amis lui avaient dit la veille ; il devait l'embrasser ou non ? Nora lui avait conseillé de mettre une main au paquet, mais il avait de suite compris que c'était une très mauvaise idée. La pensée lui traversa pourtant l'esprit, le forçant à regarder le légiste des pieds à la tête, puis détourner le regard en rougissant. Nora, j'te déteste. Il hésita quelques secondes de plus, qui parurent interminables, et finit par faire un pas en avant, après en avoir déjà fait plusieurs en arrière, pour l'embrasser timidement. « — Salut ... » Il ne devait pas lui laisser dire bonjour en premier, avait bien vu ce que ça avait donné la fois d'avant. Il devait rester sage, ne pas craquer avant qu'ils aient pu en discuter entre eux ; et il savait qu'il ne pourrait résister à un accueil pareil au précédent. Devlin aurait été fier de lui, Nora beaucoup moins.
Il évitait de le regarder dans les yeux, pour ne pas lui donner l'occasion de voir leur état ; entre le joint et la nuit blanche, il avait même presque du mal à garder les yeux ouverts. Il avait mis ses lunettes pour essayer de cacher la misère, ne savait si cela fonctionnait ou non. Il se tenait sur la pointe des pieds, puis sur les talonts, comme un enfant dans l'attente. Il contourna Ari pour entrer, et s'arrêta au milieu du salon pour se retourner vers lui. Les deux mains jointes, continuant de basculer sur ses pieds, et une boule au fond de la gorge.

Il ne savait par où il devait commencer. Il voulait s'excuser pour son appel, pour tout ce qu'il lui avait dit et qu'il avait déjà oublié – emporté par l'adrénaline d'enfin ouvrir son cœur. Il savait qu'il devait dire quelque chose, ne pas attendre bêtement que le silence ne devienne trop lourd. Il écarta alors les bras pour montrer ses mains vides. « — J'ai pas l'dossier, quelqu'un a du le prendre avant, ou c'était juste à RJ, j'en sais rien. » Il ne demanda pas si Tygo ou l'autre l'avaient devancé pour le lui apporter. Planté au milieu de la pièce, il chercha ses mots avant de se lancer, plus moyen de faire marche arrière alors qu'il était face à lui. « — Désolé pour hier, c'était un peu ... décousu. » La main tendue, il fit quelques pas vers lui pour attraper la sienne et la serrer entre ses doigts. « — Je crois que- que j'ai besoin qu'on en parle. J'ai besoin que tu me dises si j'ai raison de m'accrocher ou pas. J'peux pas continuer à me torturer comme ça. » Il sourit tristement en tirant sur sa main, et fit quelques pas en arrière pour s'installer sur le canapé en lui intimant d'en faire de même pour se soulager. Il ne devait pas rester debout trop longtemps, et Lenny ne voulait pas qu'il soit dans l'inconfort à cause de lui. Il gardait sa main dans les siennes, jouait distraitement avec ses doigts comme pour garder son attention sur autre chose, et éviter de paniquer. Il sentait que ses doigts tremblaient, peut-être qu'en les occupant, cela se verrait moins. « — J'arrive et j'commence, pardon. Comment ça va toi ? » Et il était sincèrement intéressé par cette question, voulait connaître son état, être certain qu'il aille bien, qu'il n'ait besoin de rien. Il pouvait passer après, attendrait sagement son tour.



THE NIGHT'S ON FIRE
the promises we made were not enough. the prayers that we had prayed were like a drug. the secrets that we sold were never known.
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Ari Williams
- ari beau, c'est beau la vie -
Ari Williams
- ari beau, c'est beau la vie -
damné(e) le : o26/03/2022
hurlements : o1181
pronom(s) : oshe / her
cartes : ofürelise (ava) ; alcara (sign)
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i wanna contribute to the chaos
-- @"ari williams" & @lenny myers
Les paroles de Lenny n'avaient cessé de tourner et retourner sous les boucles grises. De mots contrits en paroles décousues, mais le fond du message avait été parfaitement perceptible. Compréhensible, pour Ari. La forme n'était pas celle d'une déclaration, mais tout ce qu'avait confié le plus jeune ne pouvait qu'en être une. L'ami hypothétique avait un visage, celui de quelqu'un d'aimé, Ari l'avait immédiatement compris. Et s'en était voulu quand Lenny avait fini par faire marche arrière, une partie de ce qui lui pesait sur le coeur envolée jusqu'aux oreilles de l'hypothétique amant de l'hypothétique ami. Il avait essayé, pourtant. Malgré l'heure tardive, malgré le cumul d'informations et la rapidité avec laquelle elles avaient été déclarées, de détricoter les noeuds qui s'étaient formés dans le charmant crâne du sergent. Avait échoué à regret, jusqu'à ce qu'une information venue de nulle part vienne le souffler en pleine tentative. Il y en avait d'autres. D'autres hommes que le sergent voyait, malgré les pas de géant qu'ils faisaient tous les deux l'un vers l'autre. Et Ari avait beau savoir qu'au fond ils n'avaient rien défini de particulier en ce qui concernait leur relation, ça lui avait fait l'effet d'une gifle. Mal, très mal. Serre les dents. Prendre sur lui pour arrondir les angles, pour soulager Lenny malgré ce pincement au coeur qui s'accroissait à chaque seconde. Entendre la voix de l'être aimé, et se dire qu'il n'était finalement pas si important que ça. Comme un voile au creux des tympans, l'ébauche d'un sifflement contre ces derniers, assourdissant au point de voiler l'essentiel. Les déclarations ne passaient plus à travers les mailles de ce filet, l'assurance qu'il était le seul qui importait réellement n'était plus si sûre, à présent. Il y en avait d'autres. Et tous, qu'ils soient nombreux ou pas assez, confirmaient ce que le légiste redoutait. Sûrement qu'il était trop vieux. Sûrement qu'il était trop rangé. Pas assez expansif, pas assez drôle, pas assez calé sur tous ces éléments de culture pop que Lenny affectionnait. Trop de choses et pas assez d'autres. Il savait, pour la relation que Lenny et Devlin avait partagée quelques temps plus tôt. Les deux jeunes hommes ne s'en étaient pas cachés et, sans connaître parfaitement le consultant, Ari était capable de comprendre en quoi la paire avait pu devenir plus que cela. S'était souvent demandé ce que Lenny lui trouvait, au fond. Les autres, étaient-ils plus comme lui ou plus comme Devlin ? Tant de questions qui s'étaient mises à courir dans ses pensées, alors que la conversation touchait à sa fin. Serre les dents. Et il les avait serrées, en soutenant Lenny autant qu'il était en capacité de le faire. La conversation s'était achevée sur un rendez-vous et un goût amer sur son palais. Avait tourné et retourné en boucle sur l'information la plus douloureuse, remettant en question tout ce qu'ils avaient pu partager depuis son incident. Jusqu'à la valeur de cette déclaration, pourtant bien réelle, peu après qu'il ait décroché. Oh il avait serré les dents. Tout du long, jusqu'au silence.
Et il avait été bien pire que si Lenny n'avait jamais appelé.

Il n'avait que peu dormi. Pensées asticots, grouillantes sans relâche dans sa cervelle. S'était levé plusieurs fois pour s'occuper de choses et d'autres, de nombreuses et vaines tentatives qui s'étaient soldées sur un échec. Dick, venue lui apporter le fameux dossier urgent et un café, l'avait trouvé dans un état lamentable. Des cernes noirs sous les yeux, il avait pourtant souri en prétendant un bobard qu'elle n'avait évidemment pas cru. Elle avait eu la courtoisie de prétendre que si, mais ni l'ex mari, ni l'ex femme n'étaient dupes. Ils s'étaient quittés sur la promesse de se revoir bientôt, et celle, silencieuse, qu'Ari lui explique la raison de son état lorsqu'il se sentirait mieux. Le plus difficile devait encore arriver. Parce qu'une conversation comme celle que les amants avaient eue pendant la nuit ne pouvait se solder autrement que par il faut qu'on parle. De tout. D'eux. Du mal que ça faisait. Du reste. Tant de sujets à aborder qui représentaient ce tout terrifiant, un abcès à crever bien pire que tous ceux que le légistes avait eu l'occasion de voir sur sa table d'autopsie. Et la perspective lui coupait souffle et jambes. Fébrile, sur sa canne. Se concentrer sur le fameux dossier urgent avait été aussi pénible que laborieux, et d'entendre la sonnette résonner brutalement dans les entrailles de son laboratoire n'avait pour une fois pas eu l'effet d'une libération. Le coeur lourd, en montant l'escalier pour rejoindre la porte d'entrée. Lourd et sombre, malgré le sourire fatigué qui naquit spontanément sur son visage à la vue de celui tant aimé. Des je t'aime qui moururent juste avant de naître, au creux de sa poitrine. Parce qu'ils n'avaient pas à sortir, ce n'était pas le moment. Lenny avait au moins l'air aussi fatigué que lui, sinon plus. Une vague d'inquiétude devant l'état de ses yeux, il ouvrit la bouche pour demander si tout allait bien. Sentit l'empreinte d'un baiser rapide contre ses lèvres, le coupant en plein élan. Une étreinte au coeur, devant le brièveté de cet échange ; à des lieues des éclats de passion ou de tendresse qui avaient ponctué leurs dernières rencontres. Il se mordit la lèvre inférieure, Ari. Accueillit les salutations d'un hochement de tête, ne sachant sur quel pied danser, et le coeur déjà au fond de ses entrailles.

-Salut, Len.

Une minute d'incertitude, de silence, d'angoisse. Pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, le silence était terrifiant. Dense, presque palpable. Il déglutit, Ari. Jusqu'à ce que Lenny le contourne et file comme une ombre jusqu'au salon. Sans un mot. Sans le moindre contact. Et le pincement de se transformer en étau tout autour du coeur du légiste, alors que chaque seconde devenait plus grave que la précédente. Serre les dents. Une inspiration, pour se donner du courage. L'anticipation n'était plus qu'appréhension, avait commencé à former une boule omniprésente dans sa gorge. Il rejoint son invité en claudiquant, s'appuyant sur sa canne comme si elle était aussi un soutien émotionnel. Ce n'était pas le cas, mais le légiste allait devoir faire avec. Il avait envie d'approcher Lenny. De le toucher, de l'étreindre. De rendre son baiser par un autre qui avait plus de sens, qui charriait tout ce qu'il avait à dire avec bien plus de réalisme qu'une simple parole. Il y en a d'autres. La pensée le figea devant son amant. En avait-il vraiment encore le droit, maintenant qu'il savait cela ? Les mains de Lenny, expressives, le tirèrent de son propre esprit. Toujours fermement arrimé sur sa canne, il hocha doucement la tête, un léger sourire aux lèvres. Sans joie.

-C'est normal, Dick est passée me l'apporter ce matin avant de prendre ses fonctions. Je lui ai demandé de te prévenir mais elle n'a peut-être pas eu le temps de le faire, désolé pour ça.

Il détourna le regard, passa sa main libre dans ses boucles poivrées pour les tirer en arrière. Il était persuadé d'en avoir fait la mention à la belle, mais peut-être qu'elle n'avait pas eu le temps de croiser le sergent. Il y en a d'autres. D'autres plus attentifs, d'autres plus précautionneux. D'autres qui auraient probablement envoyé douze messages à Lenny pour le prévenir, certains qui seraient même allés le voir en personne pour le lui dire. La confiance absolue qu'il portait à Dick ne pouvait pas rivaliser contre cet état de faits. Et l'amertume de revenir envahir sa bouche alors qu'il lâchait ses mèches pour se passer une main sur le visage. Fébrile, quand les doigts du sergent vinrent la capturer. Incapable de le regarder dans les yeux malgré qu'il ne veuille que ça, le légiste secoua lentement la tête.

-Il n'y a pas de mal.

Mensonge, il n'y avait que ça. Et les doutes, et les peurs. Et les autres. Les doigts tant aimés qui lui brûlaient la peau, et ce contact qui était trop précieux, vital maintenant qu'il était réinstauré. L'envie de déguerpir jusqu'à la cuisine en prétextant lui servir une boisson combattue par cette légère pression au bout de son bras l'invitant à s'assoir, et Ari suivit le mouvement. Cala sa canne entre le bord du canapé et son genou, comme un point d'ancrage avec la réalité. Il ne savait que trop à quel point Lenny était tatillon à son sujet. Et sûrement que les autres l'écoutaient, eux.  Une pensée malheureuse, confirmée par les paroles du sergent. Qui parlait de savoir, qui parlait de torture, qui parlait de parler. Sonné, en se passant une main sur le visage. Quid de ces autres hommes qui étaient sûrement tout ce dont Lenny avait besoin ? Peut-être que ce n'était pas que parler, leur solution. Qu'importait ce que légiste ressente, à quel point ça lui ferait mal. Laisser partir Lenny serait atroce, mais il l'avait bien fait pour Stuart, pour Niran. Après tout, qu'il y en ait d'autres ou qu'il n'y en ait pas, il avait devant les yeux tout le mal qu'il était capable de faire. Alors si laisser partir Lenny était la seule alternative pour lui rendre son bonheur...

-Je, hm... ça va.

Le revirement de conversation était inattendu, l'avait déstabilisé. La réponse était confuse, perdue. Avait ramené les yeux du légiste vers les traits de son amant, et la beauté de ce dernier de le souffler. Comme au premier jour. Comme lorsqu'il l'avait vu pour la toute première fois, au volant de sa voiture, beau comme un astre dans son uniforme. Croiser son regard avait été ce poignard dans le coeur qui disait cet homme, je veux passer ma vie avec lui. Une vague de tremblement jusqu'au bout des doigts, en écho à ceux qu'il percevait au bout de ceux de son amant. Qu'Ari calma en pressant doucement la main du plus jeune, l'ébauche d'un sourire qui se voulait rassurant mais qui n'était que fatigué sur les traits. Tout aussi beau qu'il était, Lenny avait l'air tout aussi épuisé.

-Et toi, ça va ? Tu as l'air éreinté. Tu peux te reposer un peu ici, si tu en as besoin.

Comme s'il n'avait pas dormi, lui non plus. Pour les mêmes raisons ? Se servant de l'ambiance pesante comme d'un élément de réponse, il glissa sa main au creux de la paume de son amant. Caressa doucement le dos de sa main avec son pouce, puisant une forme de courage dans ce contact en sachant parfaitement ce qui les attendait. Une inspiration.

-Tu as raison, il faut qu'on parle.

Il détourna le regard sans le fixer sur un point précis, tout ce qui pouvait le distraire de l'envie de contempler les traits tant aimés. Un exercice difficile, tant le jeune homme lui avait manqué. Mais il lui devait cette conversation, surtout après celle qu'ils avaient eue dans le courant de la nuit. Trop de choses dites, d'hypothétiques amis aux questions insolubles laissées sans réponses. Et ces autres, ces putains d'autres, qui lui rongeaient le coeur. Il prit une autre inspiration, les yeux toujours dans le vague. Loin de l'amour, loin de la tendresse ou de son propre coeur.

-J'ai beaucoup réfléchi à tout ce que tu as dit cette nuit. Sûrement trop, mais c'est pas ça le plus important. Et même en y réfléchissant je n'ai aucune idée de comment commencer à part en te disant que je sais à quel point cette situation te fait souffrir et que j'en suis profondément désolé.

Serre les dents. Malgré le mantra, malgré la volonté, ses yeux revinrent retrouver les traits de son amant. Si fatigués, douloureusement fatigués. Sa main libre se leva pour venir toucher une joue, s'arrêta alors qu'il pouvait en percevoir la chaleur contre la pulpe de ses doigts. En as-tu seulement le droit ? Il déglutit, posa un regard luisant dans les iris sombres du sergent.

-Je sais aussi que je t'aime, même si je ne l'ai compris que récemment. Je l'ai senti dans ce parking, quand je t'ai vu la première fois. Un coup direct en plein coeur. Je l'ai senti encore et encore pendant toutes les années qui ont suivi, j'ai vu à quel point ça a grandi, j'ai fini par comprendre ce que c'était vraiment. De l'amour, pur et simple. Sauf que mes conditions, ma condition comme tu la connais, rend tout plus dangereux. Sans elle, je t'aurais dit oui dès notre première étreinte. Peut-être même avant. Mais je sais ce que mon... mal peut faire. Il a déjà tué une fois... à cause de l'amour.

Les yeux sans vie de Niran, devant les siens. Le corps du scientifique, sans vie, qui refroidissait sous ses doigts quand il s'acharnait à le sauver. Une vague de tremblement brutaux saisit ses muscles, ses nerfs, serra un étau tout de panique et de culpabilité autour de sa gorge. Il prit une inspiration, une autre, pour s'efforcer au calme. Leva une main fébrile à l'attention de Lenny pour lui signaler que tout allait bien, qu'il avait encore quelque chose à dire. Et tant pis s'il butait sur les mots.

-Je... t'aime. Et je... ça me terrifie. L'idée de risquer de te tuer me... terrifie. Parce que je vois que plus on passe de temps ensemble, plus j'apprends à te connaître, et plus j'aime ce que je découvre de toi, comment tu ressens les choses, tes joies, tes peines, tout ce qui fait de toi que tu es toi. Et plus je t'aime, et plus j'ai peur de ce que ma... putain de... saloperie de condition peut te faire. Et je peux pas envisager une vie dans laquelle elle t'a tué. Mais je commence à la connaître, maintenant. Et je suis sûr d'une chose, dont je n'étais pas sûr la première fois que tu m'as posé la question : je la connais, maintenant. Je l'ai étudiée, je sais comment elle fonctionne et surtout, pour toi, pour nous, je suis prêt à tout pour ne pas la laisser gagner. Parce que je t'aime, et même si c'est compliqué, je refuse d'envisager une vie où tu ne serais pas. C'est ma vie, pas celle de mon mal, et ma vie, j'ai envie de la passer avec toi.

Et tout était sorti. L'angoisse, la terreur, le traumatisme. L'amour éclatant douloureusement dans chaque silence, dans chaque pause, dans chaque inspiration. Mais lui qui avait toujours été exaltant, puissant et doux à la fois, avait pris une toute nouvelle connotation dans sa bouche. Il l'avait entendue, la tristesse dans ses silences, ce désespoir qui teintait ses élans de tendresse depuis son arrivée à Exeter, et celle du mal dans son organisme. Mais rien, pas même le mal, ne pouvait entacher sa résolution. Sinon le fait que tout cela ne soit qu'à sens unique. Il prit une nouvelle inspiration avant de le laisser couler, cet autre poison. Sa main s'échappa des doigts du sergent pour se lover entre ses cuisses, serrée dans un étau duquel elle ne pourrait pas s'échapper pour revenir s'imposer. Il en avait déjà trop imposé de manière générale au sergent. Il baissa les yeux vers ses genoux, l'impression d'être à nouveau tout petit devant l'ouragan des sentiments.

-Mais ça ne compte pas, si ? Je veux dire, pas si tu n'en veux pas. Tu as parlé d'autres personnes que tu voyais, et je sais à quel point tout est compliqué quand on en vient à nous. A quel point t'en souffres. Et... Même si ça fait mal, je peux comprendre aussi si c'est trop à gérer pour toi. Tout... Ca.

Joignant le geste à la parole, il leva sa main libre pour se désigner lui-même. L'origine de tant de douleur, de larmes et d'incertitudes pour le plus jeune. Elle se lova à son tour entre ses cuisses, rejoignant sa consœur. Serre les dents. Et ses mâchoires étaient si serrées qu'elles en étaient douloureuses. Il se dégoûtait.

-Je comprendrai.

Si à tes yeux, si en comparaison aux autres, je suis trop ou pas assez.

 



How do I make you love me? How do I make you fall for me? How do I make you want me
And make it last eternally?

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Lenny Myers
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i wanna contribute to the chaos
-- @"ari williams" & @lenny myers
Il n'était pas dans un bel état, les yeux rougis par les substances qu'il avait ingérées, le manque de sommeil dans cette nuit qui n'en avait pas été une, et l'appréhension qui creusait un peu plus ses traits. Mais il pouvait constater qu'Ari n'avait pas une mine lumineuse non plus ; avait-il veillé après leur appel ? L'air de fatigue qui imprégnait ses traits pouvait venir de bien des causes, et il espérait ne pas être l'une d'entre elles. Il connaissait assez le légiste pour savoir qu'il travaillait tard, souvent des heures après le couché du soleil, et qu'il n'était pas du genre à faire la grasse matinée. La conversation qu'ils avaient engagée la veille au soir n'était peut-être pas en corrélation avec l'apparente fatigue qui maquillait les si jolis yeux d'Ari. Le sergent l'espérait, s'en serait tant voulu de l'avoir empêché de dormir, quand lui-même avait passé des heures sur le carrelage de sa cuisine à fumer, en racontant ses tracas à ses deux meilleurs amis. Il ne se sentait pas en droit de lui poser la question, avait certainement trop peur de la réponse ; qu'en ferait-il, de toute façon ?

Il n'avait pas à nourrir sa curiosité, quoiqu'il advienne. Qui était-il pour se le permettre ? Celle qui lui brûlait les lèvres, alors qu'il savait que le dossier qu'il prévoyait de lui ramener avait disparu de son bureau, resterait dans son esprit. Il voulait pourtant réclamer des explications ; est-ce que Tygo était passé ? Jackie peut-être ? Mais il ne pouvait jouer à ce jeu-là, pas après ce qu'Ari avait découvert au détour d'une autre affirmation. L'information lui avait échappée, mais il ne le cachait pas réellement. Il n'avait de compte à rendre à personne, pas alors que son souhait de se rapprocher de son amant avait été rejeté une première fois. Il n'avait aucune permission à réclamer, et se sentait tout à fait en droit de s'attarder dans d'autres draps. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de repenser aux regards, aux gestes, à tout ce qui faisait de Tygo et Ari un duo si proche. Il n'avait pas plus le droit de s'en plaindre que lui, ne pouvait que rester en retrait à attendre ; avec toujours le même pincement au cœur. Mais est-ce qu'Ari ressentait la même chose ? Peut-être se moquait-il des fréquentations qu'il pouvait avoir en dehors de leurs retrouvailles. Il fut rassuré en entendant que Dick lui avait déposé le dossier le matin même ; il n'avait pas vraiment eu le loisir de la croiser de la journée, ayant passé le plus clair de son temps à son siège pour se préparer psychologiquement – aidé par Devlin.

Les doigts entre les siens semblaient réclamer autant d'attention, il sentait la fébrilité dans leurs deux organismes, comme si leur rencontre n'avait pas apaisé les tensions, mais en avait créé de nouvelles. Lenny ne s'était jamais senti ainsi en compagnie de son amant, ayant toujours associé sa présence à des sentiments positifs, presque d'euphorie amoureuse. Il se contenta d'abord d'hocher la tête lorsqu'Ari lui demanda à son tour comment il allait ; il savait qu'il devait avoir une sale tête, aurait même aimé s'en excuser. Ari qui était si beau, la fatigue lui allant toujours à merveille, et lui qui n'était pas présentable. « — Je vais bien, j'ai juste- j'ai pas beaucoup dormi, c'est tout. » La main glissée dans la sienne lui fit du bien, il y baissa les yeux en soupirant, s'assurant qu'il ne s'agissait pas d'une sensation fantôme – ou un rêve. Il hocha la tête en l'entendant reprendre la parole, sans quitter leurs mains du regard. Ils devaient parler, ne pouvaient continuer ainsi ; souffrir au lieu de s'accorder.
Il pensait devoir prendre la parole en premier, étant l'instigateur de leur échange nocturne. Il fut surpris de constater qu'Ari s'était lancé avant lui et, au fond, en fut soulagé. Il n'était pas doué pour parler de ce qu'il avait sur le cœur et n'aurait su comment commencer. Mais les mots délivrés par Ari ne sonnaient pas comme il l'aurait espéré, entre ces silences qu'il n'aimait guère et ce ... je sais à quel point cette situation te fait souffrir et que j'en suis profondément désolé. Il ne voulait pas s'engager sur ce sujet pour le moment, avait bien trop peur que le tout ne dévie sur un malheureux échec – oui, il souffrait, mais préférait ressentir ces choses-là à ses côtés, plutôt que ne plus rien ressentir sans lui. Ils n'étaient pas là pour parler des douleurs que Lenny pouvait ressentir concernant leur relation. Pourtant, il avait affirmé à son meilleur ami qu'il amenerait ces détails sur le tapis, d'une manière ou d'une autre. L'entendre de la bouche de son amant était difficile, parce qu'il ne pouvait le contredire. Il aurait rêvé lui dire qu'il avait tort, qu'il vivait parfaitement leur relation, et ne s'était pas retrouvé si mal en point à cause de ce qui se tenait entre eux, et s'était tenu entre eux à l'époque ; mais ça aurait été un mensonge.

Il ferma les yeux en voyant des doigts approcher sa joue, se prépara au contact qui n'arriva pas. Il rouvrit alors les yeux, essayant de calmer les battements de son cœur, et déglutit difficilement. Il planta un regard interrogateur dans celui de son interlocuteur, essaya de ne pas y laisser transparaître toute la peur qu'il portait en lui, la souffrance, les heures d'errance et les doutes. L'évocation de ce monstre qui semblait vivre en Ari le mettait mal à l'aise, pas parce qu'il était dégoûté, ne le croyait pas ou quoi que ce soit de ce type ; seulement parce qu'il avait peur d'entendre quelques mots : et c'est pour cette raison qu'on peut pas être ensemble. Il serra les dents en l'écoutant parler, espérant qu'il n'en vienne pas à cette conclusion, mais celle qui s'offrit à lui fut tout aussi déconcertante.

Il a déjà tué une fois... à cause de l'amour.

Il allait réagir, enfin s'accorder à son tour de quelques vérités quand l'état d'Ari sembla empirer. La panique le fit se redresser légèrement, près à le rattraper, à l'aider, appeler des secours, n'importe quoi qui aurait pu le soulager. La main dressée entre eux lui réclama de ne rien faire, et il obéit. Lui qui d'ordinaire se serrait tout de même empressé de s'élancer vers lui, de faire son possible pour calmer les tremblements qui secouaient son corps, baissa rapidement les bras, de peur de trop en faire. Il garda alors ses réflexions pour lui, ses gestes de réconfort avec. Il croisa ses mains sur ses cuisses pour les empêcher de partir à la conquête de celles du légiste sans son accord, et continua de tendre l'oreille pour ne rien manquer de ses commentaires. Il aurait aimé répondre, à chacune de ses phrases, mais était dépourvu de parole. Les mots se mélangeaient dans son esprit, et il n'était plus certain de pouvoir composer un banal : sujet, verbe, complément. Il était à la fois si heureux, et si rongé par la peur que ce ne soit qu'une éclaircie avant la tempête. Le cœur débordant de bonheur, mais prêt à se recroqueviller au moindre mot qui n'allait plus dans ce sens.

Mais ça ne compte pas, si ?

Il commençait à manquer d'air, suffoquait face à tout ce qui se déversait entre eux, et qu'il ne pouvait arrêter. Il ne pouvait comprendre en quoi tout cela pouvait ne pas compter, alors qu'il semblait si affecté – lui aussi – par ce qu'ils vivaient ; depuis bien plus longtemps que cette nuit. L'ombre de ces autres avec qui il sortait, de Phil qu'il aimait de plus en plus rejoindre pour des activités qu'il ne découvrait que grâce à lui, ébaubi face à sa culture et à son talent, à Kyle qui le faisait rire comme peu avaient su le faire avant lui, toujours surpris par des élans de tendresse qu'il ne voyait pas venir. Il y avait aussi ceux qui ne comptaient pas, mais qui existaient, comme Chris, et ceux qui n'avaient qu'un visage, mais dont les noms disparaissaient en même temps qu'eux, au petit matin. Il avait perpétué ces liens malgré le rapprochement qui s'était opéré entre le légiste et lui, pas pour garder des options, pas parce que ce dernier ne lui suffisait pas, mais parce qu'il avait trop peur de se laisser submerger par l'espoir s'il ne faisait pas tout ce qui était en son pouvoir pour garder les pieds sur terre. Devlin devrait encore le relever, et il ne pouvait vivre en passant ses journées à pleurer sur l'épaule de son meilleur ami. Nora aussi finirait par agir, et il n'était pas certain d'en avoir envie, pas alors qu'il était conscient de ce dont était capable sa tendre, et qu'il ne souhaitait pas la perdre de nouveau.

Il décroisa les mains, pas pour toucher le légiste quand bien même il aurait aimé attraper sa main, ou son bras, pour le rassurer, mais pour les poser sur ses yeux, faire disparaître le monde autour de lui. Les lunettes retirés, posées sur le canapé à côté de lui. Les paumes contre ses yeux alors qu'Ari terminait de parler, d'une voix qui ne lui plaisait pas, qui chariait bien trop de sentiments qui n'auraient dû exister ; Ari n'aurait jamais dû douter ainsi de lui, et de tout ce qu'il était capable de lui apporter. Il avait mal de comprendre que son amant doutait, peut-être pas de lui, mais de ce qu'ils seraient susceptible de bâtir ensemble. Il était ce qu'il avait toujours voulu avoir – celui dont il avait toujours rêvé, et ce depuis le premier jour. Les je t'aime qui s'étaient glissés entre eux, accompagnés de cette volonté de le garder près de lui malgré les risques qu'il avait évoqués lors de leur dernière étreinte, avaient apporté une vague de chaleur dans sa poitrine, et il ne savait si cette déferlante l'avait aidé à reprendre on souffle, ou l'avait tout simplement noyé.
Il avait tant entendu ces promesses durant son enfance, puis adolescence, coincé entre les murs de l'orphelinat. Les visages doux de deux individus, parfois un seul, venu le cueillir d'un sourire auquel il se raccrochait toujours. Les rencontres qui se passaient bien, mais se terminaient toujours sur des dossiers qui ne se signaient pas. Pas parce qu'ils changeaient d'avis, et ne voulaient plus d'enfant, mais parce qu'ils ne voulaient pas Leonard. Il était toujours trop quelque chose, ou bien pas assez autre chose. Il avait fini par être trop vieux, personne ne repartait avec les adolescents, et il avait fini par passer de chiot à sauver, à chien à laisser mûrir avant sa sortie. L'espoir, il l'avait ressenti, plus fort de jour en jour, chaque fois qu'on l'emmenait dans des familles d'accueil juste pour voir.

Le sentiment était le même après les paroles d'Ari, l'enfant s'abreuvant de ces promesses ; celle de le choisir lui, plutôt qu'un autre. Mais personne ne l'avait jamais choisi, alors pourquoi Ari le ferait aujourd'hui ? Même Devlin ne l'avait pas choisi. Il n'avait vécu qu'abandon sur abandon, déception sur déception, et comment se relèverait-il d'un rejet de la part de celui qui l'avait déjà repoussé une fois ? Ce fut en retirant les mains de ses yeux pour les glisser dans ses propres cheveux, yeux fermés pour essayer de se concentrer, qu'il s'apperçut qu'il pleurait. Il se mit debout en essayant de cacher ses larmes, se trouvant ridicule de réagir ainsi à de si belles paroles. Il sécha son visage d'un revers de sa manche, balaya ce mélange d'émotions, de fatigue, de trop plein. Le vase avait fini par déborder, et il ne voulait pas le montrer. Mais Ari n'était pas stupide, verrait certainement le torrent qui l'emportait, il lui fit pourtant signe de ne pas se lever ; il devait rester assis, se reposer. « — Désolé, c'est la fatigue, ça va aller. » Un sourire pour le rassurer, quand lui même savait que la fatigue n'était pas la seule fautive. La peur était plus puissante encore, parfois plus encore que les voix qu'il entendait, et les ombres qu'il croisait dans les reflets, sur son chemin. Il fit un sourire plus grand pour ne pas l'inquiéter, allant jusqu'à un rire sans joie alors que ses doigts continuaient de chasser les larmes qui coulaient sans qu'il ne puisse les arrêter.

Il commença à faire les cents pas, agitant son corps pour essayer de rendre le calme à ce palpitant qui pensait être en droit de sauter de sa cage thoracique. Il prit une profonde inspiration, avant de reprendre la parole. « — Si j'ai bien compris, tu veux ... tu veux plus ? Tu es sûr de toi ? » Une question qu'il aurait préféré ne pas avoir à poser, mais il n'en avait pas le choix, pas alors qu'il redoutait toujours autant la chute qui suivrait s'il ne faisait pas attention. Il avait passé la matinée à se jouer la scène, à toujours terminer leur échange sur une note négative, comme si l'idée qu'Ari fasse un pas vers lui était impossible, ou le terrifiait simplement. Il fit, lui, un pas en direction du canapé, et se mit à genoux devant Ari en posant ses deux mains sur les genoux de ce dernier en le regardant. « — T'as pas à avoir peur comme ça, je sais que tu ne me feras aucun mal. J'ai pas tout compris à cette chose, mais elle ne m'effraie pas. Elle fait partie de toi, et j'aime absolument tout de toi ... Alors si on doit apprendre à vivre avec, j'accepte sans aucune hésitation. » Il passa de nouveau sa manche sur ses yeux, sur ses joues humides, pour en chasser les dernières larmes ; elles avaient enfin fini de couler. « — Excuse-moi ... Je me suis fait tellement de scénarios catastrophes avant de venir, je pensais pas que tu me dirais tout ça. » Il se sentait ridicule, les larmes lui ayant échappé si rapidement. Il avait eu les nerfs à vif, s'était tant mis de pression avant de venir frapper à cette porte, qu'elle avait fini par lui dégringoler sur les joues en prenant la fuite. Il ne pouvait que s'en excuser, essayer de lui faire comprendre que ce n'était pas contre lui, et qu'il était fou de joie de constater qu'Ari ne l'avait pas fait venir pour mettre un terme à leur relation.

Il se redressa légèrement, le buste en avant, pour venir écraser sa tête contre la clavicule de son amant, à la recherche de sa chaleur, de son réconfort, d'une étreinte quelle qu'elle soit. « — J'avais peur d'avoir tout gâché cette nuit, j'ai paniqué. J'ai pas pu dire tout ce que j'avais sur le cœur, j'ai pas pu préciser à quel point ces autres n'avaient pas d'importance comparé à toi. T'es pas trop à gérer, t'es tout ce dont j'ai besoin. » Il resta ainsi contre lui, les yeux fermés, profitant de son contact avant qu'on ne lui retire ce bonheur. Il eut l'idée de s'asseoir sur ses genoux, ou ses cuisses, pour être au plus proche de lui, et prolonger l'étreinte le plus longtemps possible, mais il avait trop peur de lui faire mal. Il resta alors ainsi, baissé, penché en avant, les deux bras venus enlacer le légiste en essayant de ne pas appuyer contre ses cotes qui devaient être toujours douloureuses.

Il finit par rouvrir un œil, avec précautions, comme si ouvrir les deux le ferait se réveiller de ce rêve qu'il souhaitait ne jamais quitter, et se pinça les lèvres en revenant sur ce fait qu'il s'était empêché de commenter plus tôt. « — Quand tu dis que ... ça a tué quelqu'un, c'est une façon de parler, pas vrai ? Tu étais amoureux et ça a tué ... votre relation ? » Il releva le front pour le regarder, essayant de comprendre où il avait voulu en venir, comment ces mots avaient-ils pu sortir ainsi entre eux. Il avait besoin d'en savoir plus, pas pour prendre une décision – elle était déjà prise – mais pour savoir à quoi s'attendre. « — Tu peux tout me dire. Je t'aime, et rien de ce que tu pourrais me dire ne me fera changer d'avis concernant toi et moi. »



THE NIGHT'S ON FIRE
the promises we made were not enough. the prayers that we had prayed were like a drug. the secrets that we sold were never known.
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