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 love is a losing game (lenny)

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Ari Williams
- ari beau, c'est beau la vie -
Ari Williams
- ari beau, c'est beau la vie -
damné(e) le : o26/03/2022
hurlements : o1156
pronom(s) : oshe / her
cartes : ofürelise (ava) ; alcara (sign)
bougies soufflées : o46
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love is a losing game
Il n'aurait pas du faire ça. Ari avait beau le savoir, se l'être fait répéter encore et encore par Stuart, il avait fini par craquer. Rentrer chez lui après ce qui lui avait paru un éternité avait agi comme une claque en pleine figure. Il pensait que ce ne serait que pour récupérer quelques affaires, deux dossiers en souffrance, et c'en serait fini. Il se l'était même promis, qu'il ne s'attarderait pas. Mais, quand il avait poussé la porte de sa maison, il ne s'était pas attendu à ce que le vide ait raison de lui.
L'absence.
Le manque.
Et toute leur violence.

Ils s'étaient fracassés contre lui avec la violence de l'océan en colère. Mêlés à toute cette peine qu'il tentait d'étouffer, noyés dans l'immensité de cette tristesse qui semblait ne jamais s'arrêter. Mais il n'était pas récif, il n'était même pas sûr d'être encore humain. S'était fait emporter par la marée sans être certain d'avoir envie de résister. La maison était aussi vide que son propriétaire. Traversée de tous ces souvenirs, des bouts d'une vie commune faite de joie et de promesses, des fragments épars de sourires partout où qu'il aille. Mais il manquait quelque chose. Il manquait quelqu'un. Celui dont le parfum ne s'était pas encore totalement évaporé des pièces, dont certaines affaires étaient encore éparpillées à droite et à gauche. Et quand bien même Lenny avait pris ses affaires, quand bien même la séparation avait été réellement actée, sa présence imprégnerait encore les lieux. Parce qu'au fond, ça n'avait jamais été dans cette maison qu'il résidait. C'était dans le cœur qu'il avait brisé.

Et les minutes, puis les heures, de défiler. Sans qu'Ari ne les voit, prostré dans sa douleur comme dans son fauteuil. Une chemise colorée qui ne lui appartenait pas entre les mains, et l'odeur de ce parfum qu'il aimait encore si fort qui revenait chatouiller sa peine. Comme si tenir aussi fermement le tissu allait lui permettre de retenir celui qui était parti. Comme si s'accrocher à ces souvenirs, le chercher du regard à chaque fois que des souvenirs cruels faisaient résonner le son de son rire, allait invoquer la présence du spectre de leur amour. L'espoir rapidement étouffé par l'horreur, lorsque le précipice infini qu'étaient ces derniers jours s'ouvrait à nouveau sous ses pieds. Les photographies ne l'avaient pas quitté, pas plus que la violence de ces lèvres venimeuses qui s'étaient écrasées contre les siennes. Il s'était retenu, quand il était chez Stuart. Avait pleuré, c'était vrai, mais pas comme ça. Et même la violence de ses sanglots ne suffit à combler ni le vide dans la demeure, ni celui dans son cœur.

Comme à chaque fois, la présence solaire de Stuart avait permis d'atténuer un peu la douleur. Une chaleur constante et soutenue, pour réchauffer ses os après la tempête. Des mots qu'ils avaient échangés, Ari avait retenu qu'il devait s'en tenir à ce qu'il avait promis à son meilleur ami. L'amour n'était pas entièrement mort, tant qu'il luisait encore dans les yeux de ses proches. Stuart s'était révélé être, comme toujours, ce roc contre lequel il pouvait s'appuyer. Avait pris les choses en main, s'était arrangé pour qu'Ari ne se laisse pas aller. Il ne comprenait pas toutes les finalités de ce que le scientifique était devenu, mais même sur cet aspect, il avait accepté de l'aider. Ce qu'il fallait pour survivre, c'était bien plus que suffisant. Après tout, ombre parmi les ombres, Ari n'était pas certain de vouloir d'avantage. A quoi bon les étreintes si elles sont sans amour. A quoi bon la tendresse si elle ne vient pas des seuls bras dont il avait réellement besoin. La faim pouvait gronder autant qu'elle le voulait, dans ses reins, qu'elle le brûle. Il n'avait envie de rien, et encore moins de la satisfaire. Encore moins après ce qu'avait dit Lenny, cette nuit-là. Encore moins alors qu'il avait vu le voile du dégoût se poser sur les traits d'ordinaire si doux de son fiancé.
Il avait raison, dans le fond. Peut-être que ce qu'Ari avait vu sur ses traits, que ce qu'il avait entendu sortir de ces lèvres vitriolées, était l'abjecte vérité. Il n'avait jamais pas eu besoin de dires les mots pour qu'Ari les entende clairement. Se savoir monstrueux était pire quand cela se lisait dans les yeux de l'amour.

Un monstre qu'il n'alimentait plus qu'à moitié, qu'à la moitié de la moitié, et qu'importaient les conséquences. Il n'était plus nécessaire de serrer les dents, maintenant qu'il n'y avait plus de raisons de se battre. Et, pourtant, dans les tréfonds de cette pénombre qui l'entourait depuis des jours, l'éclat faible d'une lumière ne cessait d'exister. L'espoir, pire que la peine. Alimenté par une seule et unique question qui revenait, à chaque fois que les pensées devenaient trop encombrantes pour réussir à les chasser. Pourquoi ? Minuscule et pourtant si lourde de sens. Il avait bien trouvé des raisons, des explications, avait bien entendu tout ce que Lenny lui avait jeté à la figure, mais quelque chose manquait. Une dissonance, toujours la même. Sans raison, ni explication, juste son instinct. Il aurait pu poser la question à Lenny, si la seule lecture de son nom dans ses contacts n'était pas aussi douloureuse. Si Stuart n'avait pas pris le soin de bloquer le plus jeune en voyant le mal que tous ses appels faisaient, coup après coup, à Ari. Mais il n'y céderait pas. Quand bien même il n'avait rien promis.

Au raz de marée de trop, la voix de Stuart s'était imposée. Rassurante, solaire, chaleureuse. Qu'il n'ait pas été physiquement là ne changeait rien à cette main qu'il avait tendue, à nouveau, vers Ari. Juste assez de force pour survivre. Pour abandonner le vide pour retrouver le concret. A sa lumière s'était pourtant jointe celle, si infime, qui perçait constamment le brouillard de la douleur. Et le manque avait fini par s'exprimer, débloquant enfin Lenny sur son téléphone. L'instinct, peut-être, qu'il allait recevoir un message. Celui, certainement, qui lui dicta d'écrire la seule chose qu'il ressentait encore. Plus vide que jamais, en montant dans la voiture de Stuart. Mais la lumière au fond des ténèbres, elle, était devenue plus forte.

Il n'avait rien dit à Stu. S'était blotti contre lui jusqu'à son départ, l'avait serré contre son cœur, de ces étreintes qui en disent bien plus que les mots, quand il avait été temps de lui souhaiter bon voyage. Il n'allait pas loin, mais son absence était déjà de trop, quelques minutes après qu'il ait franchi le pas de la porte. Puis le regard d'Ari ne l'avait plus quittée, cette porte. D'espoir, que son ami revienne l'empêcher de faire une connerie. D'appréhension, en sachant qui serait le prochain qui viendrait la franchir. Le coeur battant la chamade, brassant la joie et la tempête, il les avait attendus. Ces quelques coups qui heurtèrent la paroi de bois autant que le silence. L'impression que le gouffre ne tarderait pas à s'ouvrir à nouveau sous ses jambes affaiblies, il finit par la rejoindre. Il s'était demandé s'il fallait qu'il fasse un effort, avait vaguement arrangé ses bouclettes, avait préféré ne pas se raser pour planquer le poids qu'il avait perdu. Le coeur tonnant si rudement contre sa cage thoracique, les doigts tremblants sur la poignée. L'espoir qui le poussa à ouvrir finalement cette porte, sur le seul et unique visage qu'il crevait de revoir.

Il croisa ces yeux, qui captaient si bien la lumière. Sauf que cette fois-ci, ils étaient sombres. Voilés. N'en eurent pas moins l'effet d'une décharge électrique dans tout son corps. Le choc de découvrir les traits abîmés du sergent bloqua aussitôt l'émotion dans sa gorge.

-Len ? Qu'est-ce qui t'est arriv...

Sa main s'éleva par réflexe vers les blessures sur le visage toujours si beau de son ancien fiancé. Ancien fiancé. Les doigts d'Ari s'arrêtèrent brusquement, à mi-chemin vers la peau tuméfiée. Il se mordit brutalement l'intérieur de la joue, se faisant violence pour retenir cet instinct encore si brut, à vif, de s'occuper de l'autre homme. Ca ne devait pas le concerner. Ca ne pouvait pas le concerner. Pas après les mots qu'ils avaient échangés, pas alors que toute la brutalité qui ornait à présent le visage de son ancien amant était si bien représentative de ce qu'il lui avait fait subir. Et pourtant, il ne pouvait pas s'en empêcher. Ouvrit rapidement la porte pour le laisser entrer, le regard du médecin reléguant les larmes au second plan.

-Entre, tu peux pas rester comme ça.

Tellement plus facile, de se glisser dans sa blouse blanche. Malgré la boule d'émotion qui étouffait un peu sa voix, malgré la prudence qui lui hurlait à quel point ne pas laisser l'autre homme sur le perron était une mauvaise idée. Mais c'était Lenny. C'était plus fort que lui. Profitant de la lumière dans la pièce, il évalua les blessures d'un bref coup d'oeil. Propres. Soignées. Quelqu'un avait déjà pris soin du sergent. Ses dents vinrent rejoindre l'intérieur de sa joue, il guida, nerveusement, le plus jeune dans ce lieu qu'il connaissait déjà. Sa main fébrile se posa naturellement sur l'épaule de Lenny pour l'accompagner ; un contact qui la brûla presque aussitôt. Il la retira aussitôt le plus jeune arrivé dans le salon.

-Assieds-toi, tu as besoin de quelque chose ? Un verre d'eau ?

Ce n'était pas d'un verre d'eau que le sergent avait besoin. Ce n'était ni de ça, ni de son hospitalité. Une réalisation faite à mi-chemin vers la cuisine, ses jambes l'emportant plus rapidement que ses pensées. Comme s'il était nécessaire de mettre le plus de distance entre lui et celui qui, d'un simple contact sur son épaule, lui rappelait à quel point son corps tout entier hurlait de serrer dans ses bras. Il lui manquait. Terriblement. Horriblement. Viscéralement. Se ravisant, il finit par revenir dans le salon. S'adossa contre un mur, en face de Lenny. Une distance de précaution, pour ne pas avoir envie de craquer. Ses mains posées sur ses propres bras, comme si s'étreindre suffirait à l'empêcher de se briser.
Lenny était là. Toujours aussi beau, malgré sa gueule cassée. Magnifique avec toutes ses fêlures, si proche et pourtant plus inaccessible qu'il ne l'avait jamais été. Ari soupira, contre lui-même, plutôt que contre le plus jeune. Tu es pathétique.

-... On sait tous les deux que tu n'es pas venu pour un verre d'eau. Et tu sais parfaitement pourquoi je t'ai invité à venir ici. J'ai besoin de savoir, Len. Pourquoi ?

Et tous les souvenirs de revenir au galop. La brutalité des gestes, celle des mots. L'odeur de tous ces parfums d'inconnus liés à sa peau. Ari détourna les yeux, l'émotion à deux doigts d'y déborder. Serra ses bras, ses mâchoires, dans l'espoir que ça canaliserait la peine. La voix éraillée par le sanglot enfoncé dans sa gorge, il continua :

-Merde, Len, je ne comprends plus rien. Les photos, ce que tu m'as dit, tes derniers messages. Et si ça aussi ça fait partie de ce... foutu jeu tordu... je voudrais que tu arrêtes...

Les doigts enfoncés dans sa peau, le regard toujours posé vers la porte. Comme si Stuart pouvait revenir, comme il l'avait toujours été quand ça n'allait pas. Mais il savait que Stuart ne reviendrait pas.




How do I make you love me? How do I make you fall for me? How do I make you want me
And make it last eternally?

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Lenny Myers
- responsable à jardiland -
Lenny Myers
- responsable à jardiland -
damné(e) le : o07/04/2022
hurlements : o1636
pronom(s) : oshe/her.
cartes : o(av/cs/icons) fürelise (sign/cs/gif) tucker.
bougies soufflées : o32
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love is a losing game
Il avait mal accusé le coup, face au refus de son collègue. Présent au centre de visionnage alors que ce dernier était sur le point de plier bagage, Lenny avait tenté un coup de poker en réclamant des séquences dont il n'avait aucun droit. Il avait besoin de prouver son innocence auprès d'Ari, trouvait en cette mission quelque chose de bien plus important que tout ce qu'il aurait pu prévoir pour cette soirée. Le journal qu'il avait acheté chez le marchand de journaux risquait d'être insuffisant aux yeux du médecin légiste. Pourtant, la première page en disait long sur le problème auquel ils étaient confrontés. Sur le papier, les habitants avaient pu lire des occurrences d'apparitions étranges dans les environs ; des individus aux visages familiers se comportant de manière surprenante. Ils pouvaient y trouver, dans la même rubrique, des témoignages de certaines victimes, certains ayant même aperçu leur double. Lenny avait recueilli ce genre de déclaration venant de certains civils, il n'y avait pourtant pas cru jusqu'à ce que le nombre de visiteurs devienne exubérant. L'information avait fuité, et la presse s'en était emparée. Le sergent avait pris le journal pour le montrer à son ancien fiancé, espérant qu'il en tire quelques conclusions.
Mike, qui s'occupait des archives et accessoirement des vidéos de surveillance avait refusé de le laisser accéder aux images. La raison était simple : aucun numéro de dossier n'était à apposer à côté de celui de la cassette en question. Il n'en avait pas besoin pour une affaire, et alors ? La perspective de perdre Ari pour toujours était aussi importante que celle de retrouver n'importe quel criminel – plus encore s'il était honnête. Il avait fini par proposer une monnaie d'échange ; le registre n'était pas forcé d'être rempli, un oubli était vite arrivé. Lenny lui en devrait une, mais c'était sans gravité. L'important était la vidéo, et il l'avait enfin en sa possession.

Le commissariat s'était vidé au fil des heures, mais pour une fois, il ne serait pas le dernier à en franchir les portes vitrées. Il avait sacrifié ces dernières semaines à ses engagements auprès de son emploi, il était temps qu'il agisse pour lui et mette le reste de son énergie dans ce qui comptait réellement. L'absence d'Ari était insupportable, surtout la nuit. Lorsqu'il se réveillait entre deux cauchemars et cherchait son amant du bout des doigts, il se heurtait toujours à la froideur de son absence. Le manque s'accompagnait toujours de panique, et l'incompréhension était devenue frustration.
Si ça n'avait était que de son ressort, il se serait immédiatement précipité chez Stuart, pour tout remettre entre les mains d'Ari, où se trouvait déjà son cœur. Il aurait escaladé le grillage, détruit la porte et aurait attrapé le légiste contre lui pour le ramener chez lui – ou dans ce qui devenait chez eux. Pourtant, il avait été forcé de prendre sur lui, avait terminé la soirée avec Kyle en attendant de rejoindre son appartement. Il ne voulait pas rester seul, surtout pas chez lui, de peur de faire une chose qu'il ne fallait pas. Jenna n'était pas présente, pas ces derniers temps, et il n'avait aucune envie de se lover dans le canapé de ses meilleurs amis malgré son envie grandissante de serrer sa filleul dans ses bras.

Il avait alors pris son mal en patience, avait attendu que les conditions soient favorables et que le meilleur ami d'Ari soit en déplacement pour prendre son courage à deux mains et se présenter devant son domicile. Il s'était toujours très bien entendu avec ce dernier et, malgré la barrière qu'il avait dressé entre Ari et lui, il ne lui en voulait pas. Il aurait certainement réagi de la même manière s'il s'était agi de Devlin, aurait tout fait pour que personne ne puisse lui faire de mal ; il l'avait fait, à l'époque, tout son possible pour le préserver de son amour. Il avait beau comprendre ses actes, il était rassuré de ne pas avoir à le confronter ce jour-là. Il n'avait pas besoin de plus que de voir Ari, de lui expliquer la situation de son point de vue et prier pour qu'il accepte d'enfiler, de nouveau, l'anneau de leur union à son doigt. Il était prêt à abandonner ce projet, s'il le fallait, se contenterait d'être son petit ami si cela pouvait lui permettre de le reprendre à ses côtés. Il n'avait pas besoin d'un document signé, seulement de lui, de l'aimer, de se coucher avec lui le soir et de se réveiller à ses côtés le matin.

Il avait attrapé son sac à dos pour y enfouir les disques de vidéo qui pourraient le disculper, le journal qui informait qu'il n'était pas le seul à avoir subi une usurpation d'identité, ainsi que tout le nécessaire pour l'occasion. Le sac à son épaule, il avait pris son vélo et s'y était élancé en prenant le chemin du domicile du réalisateur, essayant de ne pas rouler trop vite malgré son envie irrépressible de rejoindre l'habitat au plus vite. S'il avait un accident, il mourrait sans avoir prouvé à Ari qu'il ne lui avait jamais fait de tort, et n'aurait plus jamais la chance de le serrer contre lui ; c'était hors de question.
Le véhicule abandonné dans un coin de l'allée, il s'était posté devant la porte d'entrée en réajustant le sac à dos sur son épaule. Un souffle. Puis deux. Il ferma les yeux et donna deux coups contre la porte en essayant de se préparer psychologiquement à ce qui allait suivre. Il était épuisé, avait des courbatures dans tout son corps à force de résister contre le sommeil, mais il était sûr de lui, ne voulait être nulle part ailleurs qu'ici, prêt à récupérer l'amour de sa vie.

Lorsque la porte s'ouvrit sur le visage du légiste, l'envie de se jeter dans ses bras fut intense, plus intense encore qu'il ne l'avait anticipé. Il ne pouvait le faire, n'en avait pas encore le droit ; peut-être n'en aurait-il plus jamais le droit, d'ailleurs. Il resta planté sur place, le regard levé vers son visage pour le détailler en essayant de ne pas trop s'attarder pour ne pas le mettre mal à l'aise. Il le trouvait si beau, il lui avait tant manqué. Il croisa son regard, regretta de ne pas avoir mis plus d'éclat dans ses propres yeux, n'en était tout simplement plus capable. Il n'avait pas le cœur à sourire, pas même à faire bonne figure, mais il s'y forçait. Il allait lui dire bonjour quand Ari prit la parole en premier pour mentionner l'état de son visage. Il avait oublié ce détail. Lui, qui faisait toujours en sorte de ne pas croiser de miroir, n'avait pas pensé à masquer les marques laissées lors de son altercation avec celui qui se faisait passer pour son meilleur ami. Il eut un frisson en y repensant, eut besoin de quelques secondes pour reprendre ses esprits. « — C'est rien, j'ai ... - j'suis tombé dans les escaliers. » L'excuse des femmes battues, c'était n'importe quoi. Trop tard, il avait déjà merdé. Il soupira et n'essaya même pas de se rattraper en suivant Ari dans l'habitation. Des pas timides de peur d'en faire un de travers. Un frisson se faufila le long de son corps au contact des doigts contre son épaule. Il eut envie qu'il les laisse, qu'il s'accroche à lui, qu'il lui permette d'en faire autant ; mais la proximité ne dura pas longtemps, pas alors qu'Ari le fuyait déjà.

Lui faisant face, Ari s'adossa au mur et prit les devants. Il menait la barque, Lenny n'avait qu'à suivre. Installé sur le canapé, il réalisa qu'il n'avait pas fait attention à son aspect en remarquant combien Ari était magnifique. Il passa une main dans ses cheveux dans un geste le plus naturel possible, regretta de ne pas avoir mis de plus beaux vêtements. Il s'était simplement douché et avait enfilé les premières affaires qui lui étaient tombées sous la main. Il aurait dû faire un effort, mais ces pensées s'évaporèrent en entendant Ari prendre la parole, semblèrent bien moins importantes. Pourquoi ? Les larmes montèrent dans sa gorge. La question était toute simple mais contenait tant de peine, tant de choses qu'il n'était pas en mesure d'expliquer. « — C'était pas moi ... » Un filet de voix, tout juste audible. Il se racla la gorge, essaya de ne pas laisser l'émotion le submerger mais c'était déjà trop tard. « — Je t'aurais jamais fait ça, Poppy ... Jamais ... » Il avait envie de se lever pour le prendre dans ses bras, le bercer contre son torse en attendant qu'il comprenne qu'il n'aurait jamais été capable de lui faire un mal pareil.
Il renifla pour essayer de contenir la vague qui menaçait de l'emporter, serra son sac à dos contre lui comme s'il s'agissait de son bien le plus précieux. « — Je suis fou de toi, j'ai- j'ai passé des années à essayer de trouver le courage de t'inviter à sortir. Pourquoi j'aurais ... » Il ne parvint pas à terminer sa phrase, décida alors de faire une pause pour prendre une grande inspiration. « — C'est injuste, j'vis l'enfer depuis que t'es plus là et ... et j'en viens à me demander si je suis pas devenu fou. Mais je sais que j'aurais jamais pu te faire ça, c'est pas possible d'accord ? Et j'ai ... j'ai la vidéo de mon bureau ce soir-là, et si j'y suis pas ça veut dire que j'perds la tête et c'est pas possible parce que ça c'est Dev qui m'l'a fait et Dev peut pas faire ça et moi j'peux pas te faire ça ... » Il avait commencé à pointer son visage du doigt en parlant, désignant ce que celui qui avait le visage de son meilleur ami lui avait fait subir. Il avait parlé rapidement, le souffle court, craignait de s'emballer à trop en dire. Il souffla alors et reprit d'un ton plus calme en essayant de ne pas se mettre à pleurer. « — Ca me tue de savoir que je te fais tant de mal, c'est pire que tout. Mais c'était pas moi, j'étais à mon bureau toute la soirée, j'ai pas bougé. C'était pas moi ... » Le sac à dos tremblotait entre ses bras. Il déglutit avec difficulté en relevant enfin les yeux vers Ari. « — Comment tu peux m'en croire capable ? »



THE NIGHT'S ON FIRE
the promises we made were not enough. the prayers that we had prayed were like a drug. the secrets that we sold were never known.
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love is a losing game
Il ne savait pas ce qui était le pire. La blessure, le manque, l'absence ou la présence de Lenny, si concrète, si proche. A deux pas seulement, assis sur le fauteuil dans ce salon qui n'était ni lui, ni eux. Si beau malgré toutes les blessures qui ornaient son visage, malgré le rouge qui teintait ses yeux. S'inquiéter de sa santé avait été si spontané chez le médecin, malgré les circonstances. Naturel. Lenny blessé et c'était le naturel qui était revenu au galop. Cette torsion au coeur en sachant que cet homme qu'il aimait encore si fort n'allait pas bien. Avait besoin d'aide. Mais de quelle aide avait-il réellement besoin, au juste ? Son excuse ne tenait pas la route. Il lui avait fait comprendre par ses mots comme ses gestes qu'Ari n'avait jamais été rien de plus qu'un objet, à ses yeux. Comme un mouchoir qu'on utilise puis que l'on jette, sans vraiment se soucier de comment on s'en est servi. Chaque mot qui s'était dit était encore si bien gravé dans sa mémoire qu'il aurait pu les réciter par coeur au plus jeune. Un coeur que chaque argument avait tranché net, avec une précision si chirurgicale qu'il était impossible qu'il ne s'agisse pas de Lenny.
Et pourtant l'idée s'était immiscée, sous les bouclettes poivrées. Venimeuse, vénéneuse. De ces idées qui ouvrent une toute petite fissure dans le tissu de la douleur, dans la carapace des certitudes. La cruauté dont avait fait preuve son fiancé n'avait connu ni fin ni limites. Mais l'idée, elle, continuait de se diluer à travers toutes les autres. Ce n'était pas Lenny. Ca ne pouvait pas être lui. Un doute auquel le scientifique savait qu'il n'avait pas le droit de croire, encore moins dans ces circonstances. Et pourtant, la raison pour laquelle il était resté prostré si longtemps lors de son dernier voyage vers les vestiges de ce qui avait été les plus beaux moments de sa vie. La peau de Lenny, aussi glacée que les mots qu'il lui avait jetés à la figure, comme témoin de cette relation qu'il voulait morte avant qu'elle n'ait eu le temps de croître. Ses mains impérieuses posées sur le corps d'Ari, ses gestes brutaux, l'odeur unique de sa peau mâtinée de celle de tous les hommes qui l'avaient souillée. Les certitudes étaient là, dans ses mots, dans sa voix. Mais ses yeux, eux, n'étaient pas comme d'habitude.
Et c'était de là qu'il était né, cet embryon moribond de doute. Poussé par l'amour, étouffé par l'incompréhension. A achever avant qu'il ne croisse, et pourtant, Ari n'en avait ni la force, ni l'envie.

Parce que c'était Lenny.
Parce qu'il ne pouvait pas faire autrement.
Pas alors que l'homme qui se trouvait si proche de lui, qu'il tenait si loin de lui, il l'aimait toujours autant.

Mains serrant toujours ses bras, dans une étreinte qui se voulait plus forte qu'elle ne l'était réellement, et le pourquoi qui n'était pas sorti cette nuit-là résonnait enfin entre eux. Tout juste exprimé qu'Ari en redoutait déjà la réponse. Les yeux posés sur la porte d'entrée avec l'espoir que quelqu'un vienne les délivrer tous les deux, n'importe qui. Comme si ça pouvait l'empêcher de voir Lenny, dans toute sa beauté, s'agiter sur le canapé. Il s'en rendait bien compte, que sa parade n'était d'aucune efficacité. Pas alors qu'il était si parfaitement conscient de la présence de celui qui lui avait brisé le coeur, si près de lui. Qu'une seule envie dans le coeur, se tourner vers le sergent pour le voir. Réellement. Evaluer ses yeux, s'y replonger pendant des heures. S'y laisser dévorer jusqu'à ce que mort s'ensuive. Après tout, depuis cette nuit, il ne faisait déjà plus que survivre. Accepter une telle finalité avait de faux-airs de délivrance. Mais il ne le pouvait pas. Redoutait la réponse tout juste la question posée, et, quand la voix de Lenny brisa enfin le silence, ce fut pour relâcher une nouvelle vague de douleur dans les os du légiste. Les yeux rivés sur la porte, ancre de fortune pour lutter contre la vague provoquée par la fragilité dans cette voix. C'était pas moi ... Que ces paroles résonnent contre sa raison, avec ce petit doute qu'il ne devait surtout pas écouter, était bien pire que tout.
Parce que tout, de son corps à son coeur en passant par son âme, voulait y croire à cette chimère.

Plus que cet aveu, ce fut le reniflement qui poussa le légiste à se tourner vers son ancien fiancé. Le voir ainsi, si beau et pourtant recroquevillé sur lui-même dans ce canapé qui avait l'air plus grand que lui, lui fit l'effet d'une gifle. Les larmes lui remontèrent aux yeux, ses doigts se resserrèrent sur ses bras. Parce que maintenant, Ari reconnaissait Lenny. Dans ses gestes. Dans ses yeux. Une erreur que Stuart lui avait répété de ne pas faire, de le revoir. La mise en garde résonnait à ses oreilles, lourde de sens, maintenant qu'il voyait la portée de son erreur. Parce qu'il n'avait qu'une envie, au fur et à mesure que Lenny s'exprimait. Le rejoindre, le serrer dans ses bras, contre son coeur. Le rassurer, lui dire qu'il le croyait, que tout irait bien. Une erreur qu'il avait lourdement payée la dernière fois qu'il l'avait vu. Alors il lutta, Ari. Garda ses larmes dans ses yeux, ses sanglots au fond de sa gorge. Les pièces disparates de son coeur bien cachées sous les certitudes, et ses yeux rivés sur cet homme qu'il aimait encore beaucoup trop pour son propre bien. L'impression d'être un pantin que l'on tirait entre coeur et raison. A deux doigts de rompre, et pourtant...

Pourtant, il écouta tout. Chaque mot, chaque explication. Les intonations qui vibraient un peu trop fort dans sa poitrine, qui le secouaient un peu trop rudement au point de le faire trembler. Incapable de s'indigner malgré que Lenny parle d'injustice après ce qu'il avait subi, la peine s'imposant entre chaque silence avec bien trop de violence. Entendre la mention de Devlin imposa chaque photographie où il avait aperçu le divinateur sur ses rétines. Rien de tout ce que disait Lenny ne faisait sens, encore moins alors qu'il parlait de ce que l'autre homme aurait pu lui faire. La confusion revenait le serrer à la gorge. Un nuage opaque, trouble et abominable. Les doigts si enfoncés dans sa peau que les jointures en blanchissaient, il serra les dents. L'instinct en alerte, la rationalité faisant de son mieux pour étouffer ce coeur qui hurlait avec violence à quel point il croyait cet homme qui lui avait pourtant fait tant de mal.
A cause de ses yeux.
Le doute, la douleur, l'envie de céder, c'était à cause de ses yeux.

Et la question de tomber comme un couperet. Comment tu peux m'en croire capable ?

-Parce que même si je crève d'envie de croire que ce n'était pas toi, comment l'expliquer autrement ?

Un aveu sur la langue, une supplique au fond des yeux. Ce doute qui n'avait fait que s'accroître à mesure que son cœur entendait Lenny, et que sa raison luttait contre l'impossibilité de tout ce qu'il énonçait. Il n'y avait pas que la destruction émotionnelle qu'avait laissée l'autre homme dans son sillon. Il y avait aussi toute sa raison qui hurlait que rien de tout cela ne faisait le moindre sens. Mais si Lenny n'avait pas d'explication à lui donner, Ari, lui, ne pouvait pas le laisser sans rien. Pas alors que maintenir cette conversation, quelle que soit la direction dans laquelle elle partirait, était la seule manière d'avoir de nouveau une connexion avec le sergent. Pas alors que son absence lui pesait aussi cruellement. Ses yeux embrumés cherchèrent leurs pairs, à travers la pièce. S'y attachèrent avec la même force que celle avec laquelle ils les avaient fuis, quelques minutes plus tôt.

-Je t'ai vu, Len, je t'ai entendu, je t'ai senti. Ta voix, ton odeur, tes gestes. Les mots que tu as employés, ce n'était pas ceux d'un inconnu. Les photos peuvent être truquées, mais ce que tu m'as dit ce soir-là, personne ne pouvait les inventer. Tu m'as dit à quel point tu te sens étouffer, à quel point je t'ai fait souffrir, à quel point tu étais malheureux dans notre relation. Tu m'as dit entre autre chose que c'était pour me faire payer d'avoir repoussé le mariage, et ça personne ne le sait à part toi et moi. Comment est-ce que je peux croire autre chose, Len, comment ?

Et l'incompréhension de gonfler, dans sa poitrine. De pousser ses mots hors de sa gorge, malgré le noeud qui l'étreignait. De cracher la violence dans des paroles hachées, précipitées. Et si Ari pouvait sentir ses larmes rouler sur ses joues, il ne pouvait pas s'arrêter. Pas alors qu'il sentait toute la raison se faire la malle, pas alors que ce paradoxe était aussi insupportable.

-Et j'ai l'impression de devenir fou tellement j'en crève de vouloir te croire, tellement je passe mon temps à chercher comment trouver une raison, une explication à ce dilemme, et pourtant les seules explications rationnelles que j'arrive à trouver c'est que... tout ça, c'était vrai. C'était bel et bien toi. Un toi différent, un toi inconnu, mais toi. Parce que le fait qu'un inconnu se soit amusé à venir me torturer toute une nuit avec ton visage et en me disant des choses que toi seul peut connaître ne fait aucun sens. Et ça me tue de ne pas pouvoir prouver que ce n'est pas toi, Len, t'as pas idée d'à quel point...

Poussé dans ses retranchements, la raison scientifique s'opposant à la clarté des sentiments. Il s'était mis à faire les cent pas en exposant le dilemme, la voix hachée, se brisant par endroits, mais les paroles fusant aussi vite que possible pour que Lenny ne puisse pas l'interrompre. Mais, arrivé à son dernier aveu, c'étaient les sentiments qui avaient pris le pas sur la raison. L'avaient arrêté net dans son élan, avaient poussé ses yeux à retrouver ceux du sergent. L'impression d'être minuscule devant l'immensité du manque, de sa douleur et de sa confusion. Lenny qui était juste là et rien de rationnel ou de concret qui pouvait prouver tout ce que son coeur disait. Il le croyait. Il l'avait toujours cru, au fond. Mais la science comme sa tête étaient faites d'hypothèses à prouver. Et l'absence cruelle de preuves ne pouvait arriver qu'à une seule conclusion.
Une odieuse conclusion.

-C'est pour ça, la preuve... Parce que je... je ne ne veux pas que ce soit ça, l'explication rationnelle... Je veux pas que ce soit toi. Parce que ça voudrait dire que je t'ai fait mal à ce point, et je peux pas vivre avec ça...




How do I make you love me? How do I make you fall for me? How do I make you want me
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Lenny Myers
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Parce que même si je crève d'envie de croire que ce n'était pas toi, comment l'expliquer autrement ?

Il n'avait aucune réponse à apporter, pas alors que cette question était si importante depuis quelques semaines. Il l'avait entendue de tant de lèvres au fil des enquêtes, à recevoir de plus en plus d'individus se plaignant du comportement anormal d'un proche. Il aurait aimé avoir une réponse toute faite à donner, pouvoir prétendre que tout n'était qu'un rêve, qu'ils se réveilleraient bientôt dans les bras l'un de l'autre sans avoir à penser à ce qui avait mis à mal leur relation. Il y avait tant de choses préférables à dire, tant de voiles à lever. Lenny avait des pistes concernant cette soirée, ses espoirs seulement portés par le journal qu'il avait apporté avec lui. La réalité, pourtant, ne cessait de se montrer de plus en plus opaque. Il n'existait aucune certitude, rien d'assez puissant en dehors de son amour pour l'autre homme. Il ne savait pas exactement ce qui s'était produit ce soir-là, n'était au courant que des photographies grâce à son meilleur ami ; mais il était évident que l'enfer ne s'était pas arrêté en si bonne route, était venu cueillir Ari jusque chez lui.
Il avait du mal à écouter le légiste lui faire l'énoncer de ce qu'il lui avait supposément dit. Les lèvres pincées, il secouait la tête de gauche à droite pour montrer qu'il n'avait aucune idée de tout ce qu'il lui racontait, qu'il n'était pas présent pour entendre ces mots, les prononcer, ni même les croire. Pourtant, les larmes d'Ari étaient bien réelles, alors ce qu'il racontait devait l'être également. Une créature infernale venue mettre un terme au bonheur de Lenny, pire encore, une chimère qui avait pris son visage et imité ses gestes.

La détresse qu'il avait ressentie en franchissant la porte ne s'était pas évanouie ; mais elle avait laissé place à un sentiment bien moins simple à contenir, tout aussi destructeur. La colère. L'estomac en fond de gorge en se sentant trembler comme une feuille au vent, à peine capable de formuler ce qui l'empêchait tant d'accepter cette séparation. L'injustice des circonstances était trop grande pour ne pas émerger de leur échange. Lenny était innocent et ferait tout pour le prouver ; après tout, il était policier, c'était son métier de résoudre ce genre de mystère. Maintenant qu'il avait mis la main sur les vidéos du poste, il était en mesure de montrer à Ari précisément ce qu'il avait fait cette nuit-là. Seulement, ce n'était pas facile de s'y résoudre sans penser à l'élément qui l'y forçait. La dernière question posée au légiste n'appelait aucune réponse, parce qu'elle n'était rien d'autre qu'un appel à l'aide. Il aurait tant aimé que la situation soit différente, qu'il lui donne la possibilité de s'expliquer plus tôt, avant qu'il ne soit trop tard pour lui.

Léonard n'avait jamais été lucide sur sa propre existence, lui qui avait été abandonné et traîné ici et là sans que personne ne décide jamais de l'adopter. Il n'était pas assez pour ces gens-là. Il semblait que quelque chose lui manquât et, en définitive, il n'avait jamais pu mettre le doigt sur cet élément si particulier. Il avait pourtant tout essayé au fil des visites. Il était passé d'un état à un autre en allant de famille en famille, s'était parfois fait bavard, parfois silencieux. Rien n'avait été suffisant pour le rendre acceptable aux yeux de tous. Alors, malgré la détresse dans le regard d'Ari et le fait que ses émotions soient légitimes, Lenny était peiné et agacé d'être une cible. Ari aurait dû le croire dès le début, n'aurait jamais dû le croire capable de toutes ces choses, pas alors qu'il avait tant investi dans leur amour. Il était celui qui avait fait presque tous les premiers pas, prenait la tristesse de son ancien amant comme un pas de géant en arrière. Mais comment lui en vouloir après ce qu'il semblait avoir vu et subi ? « — Je comprends ce que tu ressens, je peux pas t'en vouloir d'avoir été blessé par tout ça. Je suis même vraiment désolé que tu aies traversé ... ça, quoiqu'il ait pu te faire. Mais je pensais que tu te battrais pour moi. » Il baissa les yeux, bien trop bouleversé par ce contact visuel, et ouvrit son sac à dos en reniflant de nouveau. « — J'veux dire ... pour moi t'es pas juste une relation, t'es ... t'es l'homme de ma vie. C'est égoïste de ma part, mais ... j'me suis jamais senti aussi important que depuis qu'on est ensemble. Je suis toujours passé en second dans mes histoires, j'suis même pas sûr d'être le héros de ma vie, seulement un figurant qui ... » Il haussa les épaules en plongeant une main dans son sac à dos pour en récupérer le DVD. La boule au fond de sa gorge commençait à être douloureuse, il ne parvenait pas à s'en débarasser. Il cligna des yeux pour chasser ses larmes, essayant de ne pas les laisser couler sur ses joues, il voulait rester fort et ne pas montrer combien la situation était irrespirable pour lui. « — Je sais que tu penses que je suis un monstre à cause de tout ce malentendu mais ... même avec ça, je sais pas, je crois que ... j'pensais que notre histoire était assez importante pour que tu te battes pour moi. » Il se sentait honteux de lui dire une chose pareille après tout ce par quoi Ari avait dû passer, mais il était de ces romantiques qui pensaient que rien ne pouvait ébranler le véritable amour. Amateur de ces films à l'eau de rose où le protagoniste – à la place d'Ari – se serait précipité vers l'amour de sa vie pour essayer de comprendre, refusant de croire à autre chose qu'une apparition démoniaque. Le problème était que sa vie n'était pas un film, que son cœur n'était pas assez solide pour la réalité.

Il sécha les quelques larmes bloquées dans ses yeux d'un revers de la main et se mit debout pour rejoindre le coin télé. Il alluma le lecteur et déposa le DVD dans la fente en attrapant la télécommande. Il tournait le dos à Ari, se concentrant sur ce qu'il faisait pour ne pas fondre en larmes ou demander pardon pour des actes dont il n'était pas responsable. Il avait également peur de la vidéo qu'il était sur le point de diffuser, et s'il n'y trouvait pas la preuve qu'il cherchait ? Et s'il était simplement devenu fou et ne se souvenait plus de rien ? Et s'il avait été possédé par le diable ? Il redoutait absolument tous les scenarios possibles. La télé grésilla quelques secondes avant de s'allumer sur l'écran de la caméra posée au-dessus de la salle principale du commisariat. Dans un angle, près du bureau de Dick, on pouvait y retrouver le bureau de Lenny dans le chaos habituel où il le laissait. Le bas de l'écran donnait la date du fameux soir ainsi que l'heure. Toujours aussi proche de l'écran, Lenny fit exprès de ne pas revenir vers le canapé pour ne pas avoir à voir la réaction d'Ari ; le regarder était trop difficile pour lui.
L'heure indiquait le début de la soirée, on pouvait voir alors Lenny utiliser son téléphone pour prévenir Ari qu'il resterait tard pour travailler. Le pouce appuyé sur le bouton de droite, Lenny fit une avance rapide pour les mener vers un moment plus tardif. Il fronça les sourcils en voyant qu'il venait de quitter son bureau, mais fut soulagé en voyant sa silhouette revenir quelques minutes plus tard avec une tasse de café fumante. Il avança encore, afficha un sourire sur ses lèvres tremblantes en voyant Junior venir contre ses jambes. La silhouette à l'écran se pencha alors, après un regard autour de lui, puis ouvrit un tiroir pour donner une friandise à l'animal. Il savait qu'il n'avait pas le droit de lui donner de douceur à cette heure-ci et ne le faisait que lorsque Dick et Ari n'étaient pas dans les parages ; mais il ne pouvait résister au regard de Junior. Lenny tourna la tête pour jeter un regard vers Ari, un air désolé, se râclant la gorge avant de dire : « — Ne dis rien à Dick ... »

Il reporta son attention sur l'écran pour avancer de nouveau. Les heures défilaient sans que Lenny ne quitte son bureau plus de quelques minutes. On pouvait l'y voir travailler sur son ordinateur, écrire, boire du café, discuter avec quelques collègues, parfois même poser la tête sur la surface plate de son bureau pour y faire une sièste de quelques minutes ; une séquence le montrait même assis par terre pour jouer avec Junior. Mais il n'avait pas quitté le poste, du moins, pas assez longtemps pour faire quoi que ce soit de répréhensible. Lenny mit sur pause et resta dos à Ari en serrant la télécommande entre ses mains, toujours proche de la télé. « — Je ne suis pas malheureux dans notre relation, je suis seulement triste de ne plus te voir autant qu'avant. Et c'est vrai que ça m'a fait mal que tu repousses le mariage parce que ... je peux pas m'empêcher de penser que tu veux attendre pour ... je sais pas ... avoir une porte de sortie ? » Il sécha ses larmes avant qu'elles ne coulent mais le tremblement de ses lèvres, de sa voix, tout dans sa posture, montrait qu'il était secoué. « — J'ai peur qu'à trop attendre, tu termines par voir que j'suis pas assez pour toi, mais ... je t'aurais jamais fait ça pour autant. » Il finit par se retourner vers Ari et faire quelques pas dans sa direction sans le regarder. Le visage baissé, il tendit la télécommande dans sa direction. « — Tu peux vérifier toi-même si tu veux. » La manette tremblait au bout de ses doigts. Sentant qu'elle allait lui tomber des mains, il la mit lui-même dans la main de son ancien fiancé pour qu'il s'en empare. Il le contourna ensuite pour atteindre son sac à dos et en sortir le journal où il avait lu l'article concernant la hausse des plaintes dans la ville d'Exeter. Il en avait lui-même fais les frais au travail, avec tous les visages venus lui raconter une histoire similaire. Le papier entre les doigts, il le déplia pour lire les premières lignes de l'article principal :

« — Ramona résidente septagénaire d'Exeter, nous a fait parvenir un témoignage exceptionnel. Mardi, cette retraitée sans histoires est allée faire son marché. Une demi-heure après, elle était en garde à vue pour recel de drogue. Malgré qu'elle clame son innocence, les inspecteurs ne souhaitaient rien entendre et pour cause : une vidéo la montrait clairement en pleine vente d'Overlook dans une rue d'Ashmill, à 3 heures du matin. La ressemblance était tellement frappante qu'il fallut que son mari intervienne, preuves à l'appui, pour que la police la relâche enfin... »

Il ne termina pas l'article, les doigts tremblants contre le papier froissé. La lecture avait été hachée, il avait buté sur des mots à cause de l'émotion, avait eu du mal à débuter certaines phrases ou en terminer d'autres. Finalement, il posa le journal sur le canapé et croisa les bras sur son torse comme un bouclier contre ce qu'Ari pourrait lui répondre. « — T'es pas obligé de me croire, mais j'ai rien d'autres à te donner à part ... ma parole. »



THE NIGHT'S ON FIRE
the promises we made were not enough. the prayers that we had prayed were like a drug. the secrets that we sold were never known.
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Ari Williams
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love is a losing game
C'était pour cela que Stuart l'avait mis en garde. C'était à cause de cet amour, déraisonné et destructeur, qui semblait prêt à lui faire perdre tous ses moyens à chaque fois qu'il pointait le bout de son nez. Qu'il croisait les grands yeux noirs de Lenny, qu'ils soient chargés de lumière ou de larmes comme il les voyait à présent. Ari aurait cru qu'expliquer ce qu'il avait sur le coeur permettrait de résoudre une partie de la situation. Lenny lui demandait pourquoi, il répondait naturellement pourquoi. Mais rien n'était jamais simple, pas lorsqu'ils en venaient tous les deux à une forme d'explications. Et maintenant que les mots avaient filé, l'explication lancée entre eux pour que Lenny l'attrape du bout des doigts, Ari se demanda si tout cela avait été une bonne idée.
C'était probablement pour cela que Stuart essayait autant de le protéger. Parce que les coeurs s'entrechoquaient et les oreilles ne captaient que ce qu'elles pouvaient entendre, perdues entre les tambourinements. L'expression sur le visage de Lenny, sa manière de se tordre les doigts, assis qu'il était sur le canapé, arrêta encore plus le scientifique là où il était. Miroir de ce qu'il ressentait, tout aussi blessé qu'il aurait pu l'être. Son coeur qui s'allégea en entendant ce tant attendu "je comprends" jusqu'à ce qu'il retombe brutalement dans son estomac. Mais.
C'était certainement pour cela que Stu essayait de le convaincre de ne pas revoir Lenny. Pas de suite, pas avant qu'il se soit requinqué. A cause de ce mais suivi de ce coup qu'il n'avait pas vu venir. Je pensais que tu te battrais pour moi. Le monde s'ouvrit sous les jambes du scientifique. Lenny ne comprenait pas, non. Le reproche prit une multitude d'autres formes, dans sa bouche, chacune l'alimentant un peu plus. Mais aucune ne pouvait changer sa nature. Il restait un reproche, planté dans le coeur du scientifique comme un couteau acéré. Une voix plaintive sous les mèches poivrées qui clamait que c'était faux, et impossible de la faire sortir. Trop concentré à faire en sorte de rester debout malgré la gifle, à ne pas fondre aussitôt en larmes. A ne pas céder à cette indignation qui commençait à enfler dans sa poitrine, parce qu'il comprenait ce que Lenny lui disait. Comme l'autre soir, comme lorsque Lenny lui avait craché toute sa bile et son mal-être dans la figure. Un sourire aux lèvres qui s'agrandissait alors que chacune de ses lames s'enfonçait dans le cœur du scientifique.

-C'est faux...

Un murmure, écrasé comme son vécu, comme sa douleur, par la litanie de Lenny. Est-ce que c'était pareil ? Est-ce que ça recommençait ? S'était-il planté sur toute la ligne en offrant de nouveau son cœur sur un plateau pour que Lenny le piétine à nouveau ? Il comprenait, son problème était qu'il ne comprenait que trop bien tout ce que son amant lui disait. Avait tenté de faire de son mieux pour apaiser ses doutes, pour le rassurer, pour lui prouver à quel point il était important, aimé, suffisant, avant cette odieuse soirée. Il comprenait que Lenny se soit senti rejeté lors de tout ce silence, qu'il puisse en venir à ce genre de conclusion. Mais c'était faux. Ari s'était battu pour lui, ne s'en rendait-il pas compte malgré ce que le scientifique venait de lui dire ? Que c'était pour prouver que le sergent était innocent, non seulement à ses yeux mais aux yeux du monde ? Parce que la seule autre explication était qu'il avait un problème bien plus grave, plus profond, parce que cette histoire de personnes capables d'endosser l'identité d'une autre n'existaient que dans les contes de fées ? Ne se rendait-il pas compte de la portée du mal qui avait été fait, et que malgré ça, Ari avait creusé encore et encore, des jours et des nuits, pour trouver une explication à ce qu'il s'était passé ? Malgré qu'il n'ait plus la force ni l'envie de rien, malgré que même ce mal qui le rongeait pouvait bien aller se faire foutre, il n'avait plus envie de s'en occuper ?
Une compréhension sous condition. Parce que ce que Lenny lui disait, c'était ce que Lenny lui avait dit toute la nuit. La concrétisation d'une autre théorie, qui courait sous les boucles poivrées depuis qu'ils avaient commencé à se fréquenter. Tu n'es effectivement pas assez.

Est-ce que ça recommençait vraiment ? Comme l'autre soir ? Ou est-ce que cette fois-ci était pire que la précédente ? Parce que les yeux de Lenny n'étaient pas les mêmes. Ses gestes, sa façon de parler, l'expression sur son visage. Le scientifique reconnaissait tout de lui, tout de cet homme avec lequel il avait envie de partager le restant de sa vie. Avait envie de le serrer contre son coeur et de lui promettre que la houle finirait par passer, que l'orage se dissiperait toujours au profit du soleil. Mais c'était pire, oui, pire que l'autre soir. Quand ces mots viennent du coeur, il n'y a plus rien à faire.
Se battre pour quoi, quand cet acte n'est pas suffisant pour la personne pour laquelle on se bat ?

Il aurait voulu crier, mais resta muet dans ce salon. Devant ce fossé qui le séparait toujours plus de Lenny, son propre coeur encore en miettes entre les paumes. Qu'est-on, quand on n'est pas suffisant ? Rien. Eteint, en suivant les mouvements du plus jeune du regard. Sa tête bourdonnait, son sang tambourinait contre ses tempes. Il se dirigea plus par nécessité que par envie vers le canapé, porté par des jambes faites de coton. L'impression d'être une ombre, la conscience noyée dans la douleur. Plus la force de dire ce qu'il n'y avait, de toutes façons, pas à dire. Tu aurais dû te battre pour moi. Des frissons plein les doigts, les membres, en écho aux artefacts sur la vidéo que Lenny venait d'afficher sur l'écran de la télé. Spectre de lui-même, il observa les images en silence. Lenny à son bureau, Lenny avec des collègues, Lenny avec Junior. Le voir nourrir le flocon de neige subrepticement lui arracha un maigre sourire. Mais ce qu'il voyait, plus que le timestamp en bas de la vidéo ou l'acte répréhensible que venait de faire le sergent, c'était le sergent lui-même. Son dos, ses épaules courbées, à quel point sa tête était rentrée dans ces dernières. Bien plus éloquents que sa voix. Dos qui s'exprima, tirant doucement le scientifique de l'aphasie dans laquelle l'avait plongé la douleur.
Il comprenait. Du fond du cœur, de toute son âme. Comprenait que cette version de Lenny, toute aussi folle que soit son histoire, était bien celui qu'il aimait. Avec ses fêlures, avec ces craintes qu'ils partageaient tous les deux. Cette terreur qui le figeait lui-même de ne pas être suffisant. Larmes aux yeux en tentant d'ouvrir la bouche sans qu'aucun mot ne réussisse à en sortir. Le regard rivé sur le dos de Lenny en espérant qu'il se retourne. Dos qui se mit en mouvement, visage au regard qu'il tenta de croiser mais qui se déroba. La sensation d'une télécommande entre les doigts, alors que c'était ceux qui la tenaient précédemment qu'il aurait voulu attraper. Ari ne sut quoi en faire, tant il était perdu.

Perdu entre la confusion, l'amour, l'impossibilité de cette preuve, la douleur qu'il éprouvait encore. La culpabilité, qui courait en masse noire dans ses veines et lui enserrait la gorge. La voix de Lenny qui tonnait de nouveau, hésitante et brisée, sur des mots qui ne lui appartenaient pas. Ari les connaissait. Les avait lus sans réussir à y croire, tant ils ne faisaient aucun sens d'un point de vue rationnel. Des personnes ne pouvaient pas arriver du jour au lendemain avec les traits d'une autre, lui voler son identité et sa vie, ruiner tout ce qu'elle avait. Impossible.
Et pourtant toutes ces preuves, il les avait cherchées. Elles étaient sous ses yeux, elles prouvaient que tout ça était vrai.
Et leur douleur à tous les deux l'était tout autant.

C'était trop. Le barrage qu'il avait tenté de maintenir jusqu'à présent finit par céder, et Ari de craquer avec. L'impression de n'être plus maître de rien, mais une seule conviction en tête, il se releva. Qu'importait la faiblesse, qu'importait que rien ne fasse plus sens ni logique. Il traversa le salon en silence, l'impression d'évoluer comme une ombre vers sa destination. Arrivé au niveau du sergent, il croisa son regard. Lui souffla les seuls mots qui voulaient vraiment sortir.

-Moi aussi...

Ses doigts vinrent chercher ceux de Lenny, enfouis au creux de ses coudes, pour les sortir de leur cachette. Le contact avec sa peau, quand il lui prit les mains, accentua ce torrent d'émotions qui sourdait si violemment dans tout son être. Des tremblements plein le corps, il se fit violence pour faire barrage contre ses larmes. Poursuivit ce qu'il avait entrepris, s'accaparant les mains de Lenny pour l'aider à déplier ses bras. Les attira autour de son propre corps avant de fondre son visage au creux de son cou, et enrouler les siens autour de la taille de son amant. Une chaleur à laquelle il n'était pas certain d'avoir droit, dont il avait désespérément besoin. Celle que l'autre lui avait refusée, avec ses paroles aussi glacée que sa peau. Les tremblements redoublèrent, il serra le sergent plus près encore. Pressa davantage son visage dans son cou. Pour le sentir près de lui. Pour partager peine et douleur encore plus que c'était déjà le cas. Planqué contre son cou, dans cette étreinte qui les protégeait si bien du reste du monde. Avant.

-Moi aussi, j'ai que ma parole à te donner... Parce que moi aussi, je suis terrifié à l'idée qu'un jour tu te lasses, ou que tu réalises que tu veux autre chose... Je t'aime à en crever... Et quand tu... il est parti, j'ai... Avoir l'impression de te perdre, ça m'a foutu en l'air...

Pire que la mort. Mais à quoi bon essayer, si même se battre n'est pas assez ? Un sanglot étouffé. Avait-il encore vraiment le droit à cette étreinte, alors que ce qu'il avait fait n'était pas assez aux yeux de Lenny ? Parce que si ces preuves avaient prouvé une théorie, elles en avaient prouvé une autre. C'était Lenny, et non pas une pâle copie, qui avait dit cela.

-Mais c'est faux, Len... Je me suis battu. Même si tout venait de foutre le camp, même si la vie n'avait plus aucun putain d'intérêt parce que ma vie, c'est toi, je me suis battu pour essayer de prouver que tu pouvais pas avoir fait ça. C'est la seule chose qui me maintenait à flot, t'as pas le droit de me l'enlever même si toi aussi t'as souffert de toute cette histoire...

Une supplique, plus qu'une indignation. Il avait besoin que Lenny comprenne, que ce reproche n'en soit plus un. Il ne vivait plus, depuis cette nuit-là, il ne faisait plus que survivre. S'accrochant cette minuscule idée folle que le rationnel ne pouvait pas tolérer, tant toute cette histoire, même avec ses preuves, paraissait surréelle. Il finit par retirer sa tête du creux du cou de son amant, plus certain d'y avoir réellement sa place. Relâcha l'étreinte, ses mains se posant sur le torse du sergent, son regard au creux de ses yeux. Ainsi détaché de sa peau, les émotions semblaient moins sourdes. Et Ari tout entier de se sentir bien plus vide.

-J'avais la peur au ventre qu'on ne se reparle que pour te revoir partir à nouveau et ça, je savais que j'allais pas y survivre... J'avais plus que ça. Chercher à prouver que c'était pas toi, même si dans mon monde, les gens qui prennent les traits d'autres personnes pour ruiner leur vie, ça n'existe pas... Comment tu aurais réagi, à ma place ? Mais je t'ai jamais considéré comme un monstre. Personne n'est plus important que toi, ni maintenant, ni jamais. J'ai jamais aimé personne autant que toi.

La voix hachée, mais le regard plus sûr à mesure qu'il s'exprimait. L'impression de revenir dans son propre corps, même si qu'un peu, maintenant que c'était son cœur qui parlait. Il avait voulu l'éteindre sans y arriver, cette petite lumière au fond des ténèbres. Ce soupçon de doute mu par l'amour qui lui avait permis de tenir. Ses mains tirant toujours nerveusement sur les pans de la chemise du sergent, ses yeux toujours plantés dans les siens, il continua. Préserver le contact aussi longtemps que possible, peut-être pour repousser l'inéluctable départ. Cette perspective le terrifiait.

-T'as pas idée d'à quel point je suis désolé que tu aies souffert comme ça.



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Le regard baissé sur ses chaussures, il n'avait pas relevé la tête depuis qu'il avait abandonné le journal sur le canapé. Les bras croisés contre son torse, l'air d'un petit garçon à qui on avait confisqué un jouet. Il faisait grise mine, la lèvre tremblante sur un sourire qui s'était effacé depuis un moment déjà. La lumière de son visage avait faibli également, plus alimentée par l'amour d'Ari, elle avait fini par s'éteindre. Il était recroquevillé sur lui-même, les épaules basses et la posture en biais. Il n'était que l'ombre de l'homme qu'il était auparavant, comme si quelqu'un avait soufflé sur les braises de sa confiance ; mais avait anéanti l'espoir au lieu d'attiser un brasier plus véhément. Le contact des doigts du légiste contre les siens ne suffit pas à réveiller sa pleine conscience, à peine fut-il capable de ressentir un frisson lui traverser le corps. Il eut envie de retirer sa main, de ne pas lui laisser la possibilité de le manipuler ainsi, de peur qu'il ne puisse faire plus de dégâts encore. Pourtant, le sergent savait que son ancien amant n'y était pour rien dans cette histoire, qu'il n'avait fait qu'accuser le coup du mieux qu'il le pouvait. Il n'avait pas le droit de lui en vouloir, pas alors qu'il souffrait tant par sa faute.
Il abandonna alors ses doigts au contrôle de l'autre homme, la tête toujours baissée par appréhension, mais par honte également. Il ne reprit possession de ses membres qu'une fois installé contre Ari, éveillé par cette chaleur qui lui avait tant manqué, cette présence sans laquelle il n'était rien d'autre qu'une âme égarée. La tête légèrement levée pour pouvoir la poser près de celle de son ancien fiancé, il ressserra ses bras autour de lui en profitant du retour d'une sensation dont il ne pouvait plus se passer. La chaleur venait également se poser autour de son cœur, le réveiller d'une douceur qu'il ne goûtait plus depuis leur dernière étreinte. Le contact était douloureux tant il lui avait manqué, un sentiment de soulagement mais également de brûlure dans tout son corps à l'idée que rien n'était gagné. Il pouvait toujours le perdre. Il pouvait toujours faire un faux pas. Il pouvait toujours dire ou faire quelque chose de répréhensible, sans même s'en rendre compte.

Il resta attentif aux paroles d'Ari. Il lui fallait comprendre, il ne pouvait se permettre de s'abandonner totalement et ne plus être alerte concernant celui qu'il était en train de si vivement enlacer. Le cerveau enfin brusqué par la chaleur qui commençait à le quitter, il releva les yeux pour les plonger dans ceux du légiste. Les mains de ce dernier ne le quittèrent pas pour autant, Lenny s'en trouvait soulagé. Il n'aurait pas supporté de le sentir lui échapper, pas après l'espoir qui avait pris vie dans son cœur. « — Je suis tellement désolé, pour tout. Je voulais pas te reprocher quoi que ce soit, c'est juste ... Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Le silence c'était ... c'était pire que tout. » La voix tremblante, il s'interdit d'aller plus loin de peur que les larmes ne reviennent s'installer dans son regard. Il n'avait pas eu le courage d'aller jusqu'à lui en entrant dans le domicile ; pas parce qu'il n'en avait pas envie mais parce qu'il n'était pas certain d'en avoir le droit. Le fait qu'Ari ait fait le premier pas était d'une aide immense, Lenny se sentait alors autorisé à rester près de lui, à le toucher. Et cela pouvait ne pas durer, alors il voulait en profiter. Il ne voulait pas qu'Ari ne change d'avis, ne pourrait se remettre d'une telle décision de sa part.

Les doigts hésitants, il leva la main vers la joue du légiste pour y déposer une caresse. Il apprécia le contact de la barbe, y étendit entièrement sa main pour offrir toute la douceur qu'il avait contenue trop longtemps. Lenny était fait pour aimer, et rester loin de son amour pendant ces dernières semaines avait été un supplice. Avec précaution, il approcha les lèvres des siennes, assez doucement pour qu'il puisse l'en empêcher, le rejeter si le moment n'était pas le bon, s'il ne voulait pas de cette proximité. Mais le câlin qu'il avait réclamé était une invitation que Lenny ne voulait pas laisser filer. Il déposa sa bouche contre la sienne, sa seconde main sur la hanche du légiste. Le baiser était chaste, pas de ceux qui emprunte à la passion mais bien à l'amour. Ce n'était pas que l'instant était dénué de passion, bien au contraire, mais ce n'était pas ce que le sergent voulait transmettre pour l'heure. Il voulait lui montrer son amour pour lui, lui démontrer combien son cœur était affamé, plus encore que le reste de son corps, et de ses sens. Il recula le visage du sien pour poser son front contre le sien, fermer les yeux. « — Tu penses pouvoir oublier cette soirée ? Je ne sais pas ce qui s'est passé, je ne sais pas ce qu'il t'a dit, mais tout est faux. » Il se rappela soudain de l'état de son visage, de ces quelques bleus qui avaient pris de la place sur sa peau et qu'il n'avait pas pris le temps de masquer avant de venir. Barbie lui avait montré comment faire des merveilles avec du fond de teint mais il ne s'en servait pas ; impossible pour lui de passer tant de temps devant un miroir, pas alors que des visages se cachaient dans le reflet.

Il recula alors la tête et tourna légèrement le visage vers le côté comme s'il regardait un élément dans la pièce ; la manœuvre n'était là que pour essayer de cacher son visage. Il était horrible, dans un état lamentable, alors qu'Ari était plus beau que jamais, c'était du moins ce qu'il avait pensé en posant les yeux sur lui. « — T'es pas obligé de répondre de suite, tu peux ... tu peux prendre le temps qu'il te faut mais ... » Il reporta son regard dans celui d'Ari sans bouger la tête pour autant, plissant les lèvres en essayant de choisir ses mots pour ne pas avoir l'air idiot à trop bredouiller. « tu crois qu'on pourrait reprendre où on en était ? J'veux dire, pas le mariage, je- je veux pas te remettre la pression avec ça et c'est ... c'est pas que c'est pas important, ça l'est évidemment mais, juste une relation suffit largement, j'veux pas, j'ai pas envie de t'enfermer dans un mariage, juste ... revivre avec toi. » Ils étaient toujours aussi proches l'un de l'autre, si les doigts de sa main droite étaient retomber pour gratter son propre pantalon d'un air nerveux, ceux de sa main gauche étaient toujours agrippés à la hanche du légiste. « — Enfin pas revivre chez toi, j'peux rester chez moi si tu veux, c'est ton espace et j'veux pas m'imposer c'est- c'est vrai que j'aime me réveiller à côté de toi et ... et j'arrive pas à dormir si t'es pas avec moi parce que ... parce que j'ai peur quand t'es pas là et et- mais je comprends et on se rejoindrait seulement au poste ou peut-être le soir, quand tu voudras bien, pas toujours, c'est- c'est pas grave tu sais, je peux, je peux prendre ce que t'as à m'offrir, je te promets que- je jure que j'me ferai petit et je peux même juste être là et on a pas à parler, je peux, je sais pas. » Il avait commené à pleurer en parlant, ne s'en était pas rendu compte avant que son bras ne se lève machinalement pour venir essuyer les perles sur sa joue.

Il déglutit alors difficilement et essaya de respirer plus calmement en resserrant les doigts contre le tissu du haut d'Ari par peur de le sentir partir. Il reprit, n'ayant pas pu terminer ce qu'il avait à dire, s'étant totalement perdu en route par peur. « — Ce que j'essaie de dire, c'est que ça peut pas se terminer comme ça, je t'aime trop, c'est pas juste comme situation. Dev me dit de tourner la page et je ... j'arrive pas, j'peux pas. J'suis fou de toi depuis le premier jour et j'ai- j'ai pas envie de te perdre, j'peux pas, je suis pas sûr d'y survivre. Mais j'veux pas que tu répondes par obligation ou par ... par pitié. J'ai merdé, j'ai pas été là ce soir-là alors que t'avais besoin de moi, j'ai laissé cette chose s'en prendre à toi, mais j'suis prêt à assumer les conséquences et- et j'ai même pas à- à- à être officiellement dans ta vie s'il faut, j'peux juste, j'peux te nourrir, j'peux- j'peux passer après, j'peux être là quand t'as besoin, quand t'as envie, j'peux ... » Il fut incapable de poursuivre, les larmes ayant pris possession de ses cordes vocales. Il ne savait pas si Ari avait parlé en même temps que lui, n'avait pas été capable de s'arrêter ; son cerveau était déconnecté du reste, laissait à sa voix le désir de s'exprimer sans demander son avis.



THE NIGHT'S ON FIRE
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Ari Williams
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love is a losing game
La morsure glacée du vide s'était atténué, une fois lové au creux des bras de Lenny. Opposée à la chaleur de l'étreinte, elle qui avait été si omniprésente durant ces nombreux jours. Eloigné du seul endroit où il avait toujours souhaité être, et ce depuis le premier moment où il avait croisé ces grands yeux qui ne l'avaient jamais quitté, Ari avait retrouvé une partie de ses forces. Aller chercher lui-même l'étreinte, s'enrouler lui-même dans la seule source de réconfort qu'il voulait. Incertain de si Lenny avait envie de ce type de contact, c'était son coeur qui lui avait soufflé qu'ils en avaient tous les deux besoin. Mais il ne s'était pas d'avantage imposé, malgré tout ce que son coeur et son âme réclamaient. Plus de proximité. Retrouver toute la complicité qui avait été eux pendant si longtemps. La chaleur de leurs rires, la douceur de leurs étreintes. Celle-ci avait la spontanéité du besoin, pas le naturel des habitudes. Elle était vitale, avait permis au sang du légiste de se remettre à circuler dans ses veines. Fragile et conditionnelle, incertaine et maladroite. Mais Ari ne pouvait pas faire autrement.
Pour la première fois depuis cette odieuse soirée, il ne voulait pas faire autrement.

Et malgré les craintes, malgré toute cette douleur qu'il avait perçue en effleurant la peau de son amant, malgré les larmes et tout ce qui les avait séparés, Lenny avait répondu. Malgré qu'il ne se soit pas senti légitime, qu'il ait compris un peu trop tard qu'il s'était imposé là où il n'avait certainement pas sa place, Ari avait senti les bras du sergent se resserrer autour de lui. Avait fini par se reculer pour exprimer ce qu'il avait sur le coeur, à regret. Les yeux dans les yeux, là où ni les écrans de téléphone, ni les mauvaises personnes pouvaient les interrompre. Plus sûr qu'il ne l'avait jamais été. C'était toujours plus simple, quand il se trouvait au seul endroit qu'il ait jamais considéré comme sa place, avant le Grand Vide.
Il s'était encore attendu à ce que Lenny le repousse. Après tout, après tout ce qu'il s'était passé, c'était plus que justifié. Malgré une situation qui n'avait rien de rationnel, malgré qu'un inconnu se soit glissé entre eux deux pour lui piétiner le coeur au point de l'irréparable, Lenny en avait pâti. La douleur émotionnelle visible sur son visage, par ces blessures qui constellait ses si beaux traits. Tous les deux blessés par les circonstances, et tous les deux blessés l'un par l'autre. La culpabilité autour du coeur, l'illégitimité entre les silences. La terreur que ce qu'il pourrait dire ne suffise pas à faire comprendre à l'homme qui lui avait tant manqué à quel point il ne voulait pas que cette absence devienne définitive.

-Je suis désolé Len, je ne pouvais pas te revoir partir...

Il aurait voulu être aussi courageux que Lenny, si petit qu'il se sentait devant l'immensité de sa peine. Mais l'autre, qui qu'il soit, avait méthodiquement brisé tout ce qu'il avait. Son coeur, sa confiance, son courage. L'espoir. Il lui avait tout pris, le sourire de Lenny aux lèvres, ne laissant derrière lui que les vestiges d'un champ de bataille. Ce n'était pas une excuse, entre les lèvres du Néo-Zélandais, c'était un fait. Se retrouver dans les bras de son amant avait été la première fois qu'il avait eu la sensation de vivre depuis cette maudite soirée.
Une main timide se posa contre sa joue, il se laissa aller doucement au creux de sa paume. Naturellement, désespérément. Se laissa guider en voyant Lenny approcher, souffle et cœur en suspension alors qu'il comprenait l'intention. Se perdit tout entier dans la fragilité de ce baiser, dans le torrent d'émotions qui afflua alors que leurs lèvres s'effleurèrent. L'impression de n'être que de la neige au soleil, toute la chaleur de l'amour faisant fondre les murs de glace érigés par la tristesse. Ari répondit à l'échange, captant les mots tus entre les soupirs, y déposant les siens. Tous ces je t'aime qui cognaient dans sa cage thoracique, jusqu'alors étouffés par le vide, qui s'étaient remis à éclater de plus belle. Réveillèrent une énergie sombre, sourde, au creux de ses entrailles. Ses doigts s'enroulèrent dans le tissu de la chemise de son amant, cherchant à le garder malgré que Lenny commence déjà à s'éloigner. Il rouvrit les paupières qu'il avaient fermées, chercha d'un regard luisant celui du sergent. Mais, déjà, il recommençait à lui échapper. Pas bien loin, cette fois-ci. Front contre front, là où les secrets pouvaient être murmurés. Si proche que les sens plus affûtés d'Ari pouvaient capter l'odeur de son parfum, celle de sa peau. Les lèvres encore brûlantes du baiser, Ari se mordit l'inférieure à la question.

Pouvait-il oublier ? Il comprenait d'où cette question venait. De cette crainte que Lenny avait souvent exprimée, de ces terreurs d'enfant qui revenait hanter sa vie d'homme. Mais, même si Ari aurait voulu pouvoir le rassurer, son cœur demandait une autre forme de justice. Quand bien même les mots qui sortirent lui parurent bien plus abrupts, plus vrais que ce qu'il avait en tête.

-Non, parce qu'il faut qu'il paie pour le mal qu'il nous a fait.

Il n'avait jamais été aussi vindicatif et, paradoxalement, si sûr de lui. Comme si cette vérité échappée du coeur était la concrétisation d'une pensée qu'il ne se serait jamais avouée. Mais si évidente, maintenant qu'elle avait été formulée. Ses doigts froissèrent nerveusement le tissu. Lenny pouvait-il entendre une réponse pareille ? Il l'avait vu, entendu plus d'une fois émettre des questions avec la même fragilité enfantine. Elle n'appelait pas la vérité, elle demandait à être rassurée. Et ce n'était peut être pas ce qu'Ari venait de faire.
Mais c'était ce qu'il ressentait. Son coeur s'immobilisa alors que Lenny recommençait à s'éloigner. La chaleur contre son front laissa place au vide, et le vide à l'angoisse. Cette réponse n'était pas ce que le plus jeune attendait, le légiste en était parfaitement conscient. Les doigts toujours enroulés autour du tissu affirmèrent leur prise, il chercha à retrouver le regard de son amant pour tenter de dire quelque chose. Quoi que ce soit pour qu'il ne reparte pas.

Mais Lenny lui refusa son regard. Lenny reprit la parole, achevant de planter le cœur d'Ari au creux de sa poitrine. Pour une toute autre raison que ce qu'il aurait cru, toutefois. Parce que les mots qui sortaient de sa bouche, ses larmes, toutes ses propositions, il les connaissait déjà. Les avait déjà entendues, toutes ces négociations. Ces terreurs enfantines si profondes qui lui serraient le cœur dans un étau, à chaque fois qu'elles franchissaient les lèvres du plus jeune. Ce n'était pas des questions qu'il posait, c'était le désespoir qui se déversait à torrents entre eux deux. Et le légiste n'avait pas besoin de poser à nouveau ses mains sur sa peau pour ressentir une fraction de toute cette angoisse qui terrassait l'autre homme. Les larmes lui revinrent dans les yeux, de le voir comme ça. Une douleur qui était partagée, tant il la ressentait lui aussi. Tant il comprenait d'où elle venait, maintenant qu'il avait appris à connaître son amant.
Un cœur indifférent ne pouvait pas proposer autant pour obtenir si peu. Et, dans toutes ces négociations, tout ce qu'Ari entendait était cet appel à l'aide qu'il avait perçu plus d'une fois. Une boule d'émotion au creux de la gorge, il tenta de le rappeler doucement à lui. Mais ses propres larmes voilaient ses yeux, sa propre gorge était trop sèche pour que le son arrive aux oreilles de Lenny. La peine de ce dernier était trop grande.

Jusqu'aux mots de trop, ceux qui dépassaient la pensée. Te nourrir. La violence d'une gifle pour une réalité qu'il avait tout fait pour ignorer, ces derniers jours. Cette énergie sombre, vénéneuse, qui se faisait entendre au creux de ses entrailles depuis le baiser. L'allusion, dans la bouche de Lenny, le secoua brutalement. Un frisson tout le long du corps après ce rappel de sa condition monstrueuse, Ari revint aussitôt à la réalité. Parce que plus qu'un rappel de l'horreur de ce qu'il était devenu, transposer cette notion à Lenny était ignoble. La notion même de se servir de lui pour se nourrir était ignoble. Et ça, il n'en avait jamais voulu, et n'en voudrait jamais. Avant, il l'aurait pris pour lui. Mais ce soir...

-Hey, Len, regarde moi...

Ses doigts se détachèrent du tissu, vinrent se déposer précautionneusement de chaque côté du visage de son amant, évitant minutieusement ses blessures. Doucement, du bout de la pulpe, il poussa Lenny à lui faire de nouveau face. Captura les grands yeux noirs dans les siens, maintenant qu'ils n'avaient plus le choix. Ses pouces vinrent écraser ses larmes, il s'arracha à sa contemplation pour déposer quelques baisers là où elles avaient tracé leurs sillons, sur ses joues. Chaque contact diffusa une nouvelle vague de détresse dans son propre cœur. La voix trop éraillée, il murmura :

-Tu pars trop loin, mon amour, reste avec moi. Je peux déjà te la donner, ma réponse. Je t'aime. Il n'y a rien que je veuille plus au monde que reprendre là où on en était.

Les pouces caressant doucement les zones indemnes de son visage, il posa à son tour son front contre celui de son amant. Ferma les yeux et prit une profonde inspiration, suivie d'une longue expiration, pour l'inciter à les reproduire avec lui. A se rasséréner, maintenant qu'il avait la réponse à toutes ses questions, et plus aucune raison de se maltraiter comme il le faisait. Chaque inspiration charriait l'odeur de sa peau, si proche, plus intensément. Les forces déjà faibles, la fatigue de la violence des émotions s'imposant dans tout son corps, il pouvait sentir l'énergie lugubre enfler dans son ventre. Agit à l'instinct plutôt qu'à la raison en sentant Lenny s'agiter de nouveau, se détachant du contact front contre front pour approcher doucement son visage du sien. Une approche lente, timide, guettant l'autorisation ou le refus d'aller plus loin malgré l'envie de l'embrasser. Ari finit par céder, revint chercher les lèvres de son amant dans un point final à ses nouvelles questions. Y apposa une série de baisers papillons, autant de preuves de cet amour qui débordait toujours trop entre eux, finit par se laisser fondre contre ses lèvres. Ses mains se détachèrent de ses joues pour mieux laisser ses bras s'enrouler autour de sa nuque. Combler le vide, inonder le manque de toute la présence de Lenny. L'avoir tout autour de lui, dans sa vie, contre lui, était aussi vital que respirer.
Un baiser qui aurait pu durer des heures, qu'Ari aurait voulu prolonger pour l'éternité. Auquel il mit un terme en sentant que sa tête commençait à tourner, la noirceur commençant doucement mais sûrement à gagner du terrain. Il ne voulait pas entacher cette conversation avec ça. Il n'en pouvait plus de salir la pureté de l'amour avec ça.

-Je ne veux rien d'autre que partager ma vie avec toi.

Il serait bien resté comme ça, lové dans la chaleur de Lenny, mais ce n'était pas envisageable. Pas alors que la fébrilité qu'il avait niée pendant tous ces jours revenait comme un boomerang, maintenant que les tensions et le désespoir commençaient à perdre du terrain. Dénouant ses bras derrière la nuque de son amant, Ari vint chercher ses mains des siennes. L'attira doucement à sa suite pour les ramener vers le canapé. Sur l'écran, la caméra de surveillance diffusait encore les images du commissariat. Il attrapa la télécommande d'une main fébrile, éteignit diffusion et télé d'une traite. Esquissa un sourire fatigué dans la direction de Lenny :

-Nous n'avons plus besoin de ça. Et j'accepte de devenir complice de ton crime contre le régime de Junior. Si on me demande pourquoi, je répondrai que c'est par amour.

Ses doigts jouant toujours avec ceux de Lenny, il finit par s'installer plus confortablement contre lui. Baissa les yeux vers leurs doigts entremêlés, remarqua les alliances que ni l'un ni l'autre n'avaient retirées malgré le silence. Un murmure :

-Tout est toujours par amour, quand il s'agit de toi.




How do I make you love me? How do I make you fall for me? How do I make you want me
And make it last eternally?

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Lenny Myers
- responsable à jardiland -
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La proximité qui s'était installée entre eux n'avait pas suffit à apaiser les tensions de Lenny. La peur était toujours présente, courait dans ses veines et ravageait ce qui aurait pu n'être que des retrouvailles heureuses. Il s'en voudrait, certainement, plus tard de ne pas avoir été capable de garder son sang froid face à Ari. Il avait bien trop peur d'être abandonné une nouvelle fois, que ce soit par l'homme qu'il aimait, pour peser ses pensées et prendre une décision rationnelle. Il n'y avait que son palpitant dans l'équation et, plus important encore, le besoin brut de garder Ari près de lui – qu'importait les conditions, les plaisirs à éliminer. Le bonheur adopté de leur relation, de ces baisers si souvent échangés et qui semblaient ne plus avoir leur place contre leurs lèvres. Il s'y était pourtant laissé tenter, Lenny, porté par une tendresse qu'il n'avait pas été capable de faire taire. Le légiste avait pris l'initiative de le prendre dans ses bras, le sergent prenait celle d'un baiser qui valait milles mots. Le ciel pouvait bien leur tomber sur la tête après cela, l'instant avait été d'une importance inégalable aux yeux de Lenny. Il avait eu l'impression de respirer à pleins poumons pour la première fois depuis des semaines ; mais ce n'était pas suffisant, pas alors qu'Ari pouvait encore lui donner le coup de grâce. Les mots n'avaient plus aucun pouvoir, pas même ceux qui auraient dû importer. Non, parce qu'il faut qu'il paie pour le mal qu'il nous a fait. Il l'avait entendu, mais il ne l'avait pas écouté ; l'esprit déjà vagabond vers d'autres pensées aussi sombres les unes que les autres.
Le ton d'Ari n'était pas arrivé jusqu'à lui, s'était seulement frayé un chemin dans son esprit mais sans éveiller d'inquiétude. Lenny était trop accaparé par ses pensées morbides pour trouver la force de comprendre, encore moins d'y répondre. Le train était déjà en marche, plus moyen de l'arrêter avant que la crise ne se déclenche complètement et n'emporte tout sur son passage, à commencer par sa capacité de respirer. La voix éraillée donnait de plus en plus de coups, des gifles verbales dont Lenny n'avait pas conscience, parce que ce n'était pas lui qui s'exprimait par ce biais, plutôt une terreur sans borne. Le main posée contre son propre cœur, il sentait presque sa tête lui tourner alors qu'il peinait à reprendre sa respiration. Hey, Len, regarde moi... Il ne pouvait que secouer la tête, les yeux fermés et les membres tremblants. Il poussa presque un cri en sentant les doigts d'Ari contre ses joues, se défendit mollement pour ne pas avoir à affronter son regard lorsqu'il lui annoncerait qu'il le quittait, qu'il le voyait pour la dernière fois.

Il ferma les yeux en posant son front contre celui de son amour, puis l'imita en sentant sa gorge se serrer à mesure qu'il se débattait pour reprendre son souffle. Il inspira profondément, essaya de calmer ses tremblements pour ne pas se laisser emporter par de nouveaux pleurs avant de pouvoir expirer de nouveau. Lenny sentit son cœur recevoir une secousse supplémentaire avant de se soulever complètement ; pas parce que la tristesse se faisait plus grande, mais parce qu'il sentit la bouche de son ancien fiancé contre la sienne. Les sens alertés, il rouvrit les yeux quelques instants pour vérifier que son esprit ne lui jouait aucun tour. Ari était bien là, les bras autour de son cou, les lèvres contre les siennes. Il arriva enfin à respirer, malgré la douleur dans sa gorge. Il sentait que son corps était faible, certainement à cause du manque d'oxygène et de la fatigue qui retombait d'un coup.

Je ne veux rien d'autre que partager ma vie avec toi.

Il l'entendit enfin, fut capable de recevoir l'information pour rassurer ses pires craintes. Il ne partait pas ? Il ne l'abandonnait pas ? Il n'aurait pas à vivre sans lui ? La tête ailleurs, il se laissa guider vers le canapé pour s'y installer. Le regard dans le vide, il était comme détaché de la réalité, comme sortant trop brusquement d'un cauchemar. Il reniflait toujours, quelques larmes toujours humides contre ses joues. Il se sentait faible, vide, si petit. La remarque concernant Junior lui arracha un sourire sans joie, une pointe d'amusement qui ne sécha pas ses larme pour autant. « — Je suis désolé. » Il détestait se mettre dans ces états, pire encore lorsqu'Ari était forcé de s'occuper de lui greffer les pieds sur terre pour qu'il ne s'effondre pas. Il n'attendit pas alors pour répéter. « — Je suis tellement désolé. » Il baissa la tête pour sécher ses joues contre le tissu de ses épaules, refusant de lâcher les doigts d'Ari autour des siens. Il lui était si reconnaissant d'avoir pris les choses en main, sans quoi il se serait perdu dans des eaux bien trop troubles pour pouvoir en ressortir un jour. Les yeux baissés sur leurs mains, il déposa son index contre l'anneau autour du doigt du légiste, les sourcils froncés en demandant. « — Tu ne l'as pas retiré ? » Il ne parlait pas fort, tout juste audible pour Ari qui se tenait pourtant contre lui. La présence de l'alliance offrait de l'espoir, beaucoup d'espoir. « — Est-ce que ça veut dire que le mariage est maintenu ? »

Il releva la tête et plongea son regard dans le sien, mélange entre l'interrogation et de la reconnaissance. L'anneau était la preuve qu'il ne l'avait pas entièrement mis de côté, qu'il disait vrai en prétendant se battre pour lui dans l'ombre. Le silence avait été douloureux, mais il l'avait été pour les deux, Lenny n'avait pas été le seul à souffrir le martyr. La tête posée contre la clavicule du légiste, il prit une grande inspiration pour s'imprégner de l'odeur de ce dernier, retrouver ce parfum qui lui tenait tant à cœur. « — Pardon pour tout ça, Barbie m'a montré comment le masquer avec du maquillage mais ... j'ai pas le courage de le faire. » Impossible pour lui de rester assez longtemps devant son propre reflet. Il avait désigné son visage d'un geste ample de la main en disant ces quelques mots. Il aurait aimé lui offrir une plus jolie vision, se montrer sous son meilleur jour au lieu de ce visage marqué par les coups. Il lâcha les doigts d'Ari pour la poser contre sa cuisse, soucieux de se coller encore plus à lui, fondre contre son corps. Il ferma les yeux en plongeant un peu plus son visage dans le cou de son amour, son souffle contre la peau d'Ari. Il se sentait bien ainsi, rassuré et en sécurité. « — Si tu savais combien tu m'as manqué. » Absolument tout chez lui lui avait manqué, à commencé par son odeur, la douceur de ses lèvres, le son de sa voix, ces instants suspendus dans le temps à roucouler. Le contact de son corps nu, lui aussi, lui avait atrocement manqué, mais il ne voulait pas y penser pour ne pas mettre de côté le romantique de leur étreinte. La pensée, pourtant, suffit à lui faire relever la tête, non pas pour l'inviter à quoi que ce soit, mais pour une curiosité qui avait germé dans son esprit.

Comment lui poser la question ? Il ne voulait pas paraître trop direct, sembler le juger d'une quelconque manière. Il n'avait pas son mot à dire, Ari autorisé à faire ce qu'il voulait durant leur séparation. S'ils n'étaient plus ensemble, alors il n'avait aucune fidélité à respecter après tout. Mais il ne lui en voudrait pas de l'apprendre, souhaitait seulement avoir la réponse, pour une raison qu'il ne connaissait pas lui-même. « — Est-ce que tu ... Comment tu t'es nourri depuis ? » Il redoutait sa réponse, autant qu'il l'attendait. Il ne le relâcha pas, se contentant de redresser la tête pour le regarder. « — Dis-moi que tu t'es pas laissé déperir... » Il le connaissait assez pour savoir qu'il en était capable, surtout après ce qu'il avait entendu de sa bouche.



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La crise semblait en train de passer. Le coeur serré à la déraison et les doigts toujours lovés autour de ceux de son amant, Ari surveillait. Les émotions affluaient par vagues, toutes plus intenses que les autres, qu'elles soient les siennes ou d'autres. Différentes mais pareilles, soeurs mais pas jumelles. L'impression qu'il s'agissait d'un peu de Lenny qui coulait dans ses veines, à chaque fois que les coeurs étaient un peu trop à vif et que leurs peaux entraient en contact. Il n'avait jamais réussir à définir l'origine de ces impressions, avait toujours tenté de rationnaliser la chose d'une manière ou d'une autre. S'était dit que c'était la connexion qu'il éprouvait vis à vis de l'autre personne plutôt qu'autre chose qui pouvait être en cause de cette étrange intuition. Mais Lenny lui avait prouvé ce soir qu'il y avait encore bien des choses qu'il n'était pas capable d'expliquer. Que la science pouvait avoir toutes les règles et les preuves rassurantes dans lesquelles le légiste se réfugiait, elle n'en avait pas moins ses limites. Alors, si un monde existait où des personnes étaient capables de voler le visage, la vie d'autrui afin de détruire tout ce qui constituait quelqu'un, il pouvait très bien y avoir une connexion possible entre ce que ressentait Lenny et ce mélange d'émotions qu'Ari ressentait lui-même. Cette terreur qu'il avait ressentie, la violence de cette détresse si familière et pourtant étrangère à ses propres sentiments, tout ceci était réel. Plus sûr d'où commençait Lenny et d'où lui-même s'arrêtait, mais pourtant liés jusqu'à la peine qu'ils ressentaient. Sa main libre était venue se poser naturellement contre la nuque de son amant, caressant ses cheveux du bout des doigts. Prolonger encore et encore ce contact qui lui avait tant manqué tout en le rassurant comme il le pouvait. En se rassurant lui-même par rapport à ce qu'il avait expérimenté.

Et la crise semblait être en train de passer. Elle était toujours tangible, au bout de ses doigts. Toujours là, tapie au creux de la gorge de Lenny, dans la brume qui faisait luire ses yeux. Mais son amant semblait se remettre doucement, et c'était encore tout ce qui importait pour le scientifique. Le besoin de se mettre de côté pour aider celui qui comptait plus que tout. Quand bien même cette conversation aurait pris une toute autre tournure, Ari savait qu'il n'aurait pas réagi différemment. Il en aurait été incapable, en sachant que Lenny n'allait pas bien. Malgré les heurts, malgré sa propre douleur. Je suis désolé. Il secoua doucement la tête, pour lui montrer qu'il n'avait pas à l'être, se doutant bien que ce n'était pas par rapport à la boutade à propos de Junior. Pour l'avoir vu tant de fois plier sous la tempête de ses propres terreurs, Ari était seulement heureux d'avoir pu apaiser sa peine ne serait-ce qu'un peu. Je suis tellement désolé. Les doigts du légiste se resserrèrent autour de ceux de son amant, son pouce vint caresser doucement le dos de sa main.

-Je suis désolé aussi, Len.

Lenny lové contre sa clavicule, il n'hésita pas d'avantage pour percher un bisou au sommet de sa tête. Fourra son nez dans ses cheveux, ferma les yeux pour mieux capter son odeur. Les émotions avaient été fortes, trop. Se mêlaient à la fatigue et au manque dans un odieux brouillard qui s'épaississait toujours plus sous ses bouclettes poivrées. La tête lui tournait, de sentir Lenny si proche. Mais il ne quitterait sa place pour rien au monde. Pas alors que le vide que son absence avait provoqué était devenu ce précipice dans lequel il s'était senti tomber pendant ce qui semblait être une éternité. Il redressa la tête lorsque Lenny finit par s'agiter, rouvrit un regard interrogateur sur son visage. Si beau, malgré la trace qu'avaient laissée les coups. Ses yeux suivirent ceux de son amant vers leurs alliances. La vision de leurs doigts, toujours ornés de ce manifeste de l'amour, provoqua un électrochoc dans sa poitrine. L'impression que son coeur s'était arrêté, pour se remettre à rebattre plus brutalement que jamais. L'autre lui avait bien fait comprendre à quel point un aussi petit bijou avait su faire autant de mal. Au point que l'alliance n'ornait plus ces doigts tant aimés. Mais Lenny n'était pas l'autre. Et Lenny de poser une question qui arrêta le coeur d'Ari dans son élan.
Tu ne l'as pas retiré ? Une question si simple, et pourtant si violente. A laquelle Ari répondit en secouant la tête, sans la moindre hésitation. Parce que Lenny n'était pas l'autre, et l'autre n'était certainement pas Lenny. Qu'il y avait eu cet espoir si infime mais pourtant bien concret que l'explication soit toute différente, malgré que l'Autre ait semé le chaos. Une réponse si évidente, en soit, qu'il n'y avait même pas songé. Si l'amour avait dû mourir, Ari serait mort avec lui. L'alliance toujours au doigt.
Est-ce que ça veut dire que le mariage est maintenu ? Et pourtant à ça, il ne sut pas quoi répondre. Entendit le oui prononcé par son coeur, mais ni sa tête ni ses lèvres ne parvinrent à suivre, trop ancrées dans tout ce qu'il s'était passé. Dans cet amour qui était si vif, acéré comme une lame qui l'avait tailladé de part en part. Les mains tremblantes sous celles de son amant, il bredouilla piteusement :

-Ca veut dire que j'y crois encore...

Et de se rendre compte que cette réponse n'était probablement pas celle que Lenny attendait. Mais ce dernier avait déjà d'autres projets, son esprit allant toujours bien plus vite que celui d'Ari. Le laissant seul avec tous ces mots qui restaient enfoncés dans sa gorge, refusant de sortir malgré qu'ils soient lisibles au fond de ses yeux embrumés. L'impression d'être trop lent, trop confus pour le fil des pensées de son amant, il se mordit l'intérieur de la joue. Frissonna en sentant son visage s'enfoncer au creux de sa clavicule, le contact de son souffle contre sa peau aiguisant le malaise qui lui tournait déjà la tête. La reposa contre celle de Lenny, pressa doucement sa main dans la sienne alors qu'il mentionnait l'état de son visage.

-Ne sois pas désolé, tu n'y es pour rien. A mes yeux, tu es quand même magnifique.

Le besoin de retrouver sa chaleur le poussa à déposer un nouveau baiser dans ses cheveux. Ari pouvait pressentir pourquoi les astuces de Barbie n'avaient pas été appliquées, pourquoi Lenny n'avait pas eu la force de faire quoi que ce soit. Les miroirs. Son amant avait toujours eu des difficultés à croiser son reflet, il l'avait remarqué sans réussir à en déterminer la raison lors de leur toute première rencontre. La manière qu'il avait d'éviter scrupuleusement les rétroviseurs de sa voiture, alors qu'il l'amenait à travers la ville pour lui offrir le meilleur café d'Exeter. Il ne s'agissait pas d'une simple lubie, Ari avait fini par le comprendre. Posa de nouveau sa main libre contre la nuque de son amant pour le rassurer. Serait resté dans cette position pendant des heures, malgré l'inconfort, blotti contre son amant à oublier le reste du monde.

Mais les doigts de Lenny se faufilèrent hors des siens pour se poser sur sa cuisse. Le contact lui fit l'effet d'une brûlure. Les sens parfaitement conscients de la pression de ses doigts, de l'odeur de sa peau. Si proche. Et sa tête était si lourde. D'autant plus alors que son amant fourrait davantage son visage au creux de son cou. Qu'il pouvait capter la morsure si agréable de son souffle chaud contre sa propre peau. Parfaitement conscient de la présence de Lenny contre lui, de son propre bras alors qu'il s'enroulait autour de ses épaules pour l'attirer encore plus à lui. De ce manque sombre et lugubre qui venait assombrir chacune de ses sensations, de ce soupir qui lui échappa malgré lui lorsque le contact s'intensifia. Te nourrir. L'idée soumise par Lenny était toujours aussi odieuse, en particulier alors qu'il sentait sa raison filer doucement sous la pression de la faim. Toujours aussi abjecte, odieuse. Monstrueuse. L'envie n'avait plus eu voix au chapitre depuis trop longtemps. Cette ignoble noirceur qui ruinait tout, jusqu'à la tendresse de cette étreinte.
Parce qu'il était parfaitement conscient de sa propre faiblesse, maintenant que son corps tout entier lui rappelait qu'il n'en était pas maître. Qu'il ne suffirait que de peu pour que tout bascule, quand bien même il luttait pour ne pas entacher l'amour. Dans la fébrilité de ses gestes, dans la tension dans ses muscles, dans la conscience si parfaite de la présence de Lenny, juste sous ses doigts, brûlant et vivant tout contre lui. Le sang tambourinant sous son crâne, il fut reconnaissant quand son amant se détacha doucement.

De la lave plein les veines, et une question à laquelle il aurait préféré n'avoir jamais à répondre. La clameur de l'envie battant progressivement son corps en tempête, il glissa ses doigts sous ceux de Lenny. Une piètre défense que sa main entre celle de son amant et sa cuisse. Incapable de le regarder en face, malgré les yeux qui cherchaient les siens. Il baissa piteusement les siens vers leurs alliances, secouant la tête en réponse à la seconde question :

-J'ai... le strict minimum. Stuart m'a prêté ses lèvres de temps en temps, mais jamais plus. Je n'en voulais pas, avec personne. Je ne veux personne d'autre que toi, et... si tu n'es pas là, je ne veux plus de tout ça.

Te nourrir. Un frisson, dans tout le corps. En opposition avec la clameur de ce manque qu'il avait si longtemps, trop longtemps, tenté d'ignorer. Une noirceur qui n'était pas à lui, cette gangrène qui pourrissait tout ce qu'il était. A deux doigts de l'emporter tout entier, quand bien même elle le répugnait de tout son être. Il pouvait la sentir gagner du terrain, reprendre progressivement le contrôle, renforcée par la famine. Ce besoin étranger, lugubre, qui résonnait dans tout son corps. Il leva un regard embrumé vers son amant, si parfaitement conscient de sa présence à côté de lui que c'en était douloureux :

-T'as pas idée d'à quel point j'en peux plus de ça. D'à quel point ça me pourrit l'existence, d'à quel point je me sens sale ne serait-ce que d'en parler. Rien que le concept de "me nourrir" me dégoûte. Que tu me proposes que je puisse me servir de toi pour ça, comme tu l'as dit tout à l'heure, c'est... horrible. Ca me rappelle à quel point je suis un putain de monstre. A quel point j'ai peur qu'on fasse quoi que ce soit parce que c'est trop dangereux pour toi, et j'ai jamais demandé ça. Moi, tout ce que je veux, c'est me réveiller à côté de toi. T'épouser, qu'on fonde une famille, qu'on finisse vieux et heureux ensemble, sans avoir à se soucier de risquer de te faire énormément de mal à cause de ça...

Le regard toujours baissé vers leurs alliances, vers toute la nervosité qui filait dans ses doigts alors qu'il jouait distraitement avec celle de Lenny. Il écrasa ses larmes de rage du revers de sa manche avant de finir par s'extirper du canapé pour faire face à son amant. Le sang battait contre ses tempes, le grondement dans son ventre ne cessait de clamer son du. Mais Ari n'avait pas envie de l'entendre. Il n'en avait plus envie en l'absence de Lenny, il n'en avait pas plus envie à présent. Dominé pendant toutes ces années par cette condition, et les souvenirs qui remontaient à la pelle de traits bien trop similaires à ceux de Lenny, qui lui disaient des vérités qu'il ne connaissait que trop bien. Autant de rappels à cette saleté qui collait à sa peau, à chaque fois que d'autres venaient la marquer. Il était épuisé par cette bataille, par les dernières semaines, par le torrent d'émotions qui avait ravagé toutes ses défenses. Mais il avait une raison de se battre. Et elle se tenait juste en face de lui.

-La question que tu m'as posée tout à l'heure... j'ai une vraie réponse à t'apporter.

Il prit une profonde inspiration et, les doigts de son amant toujours entre les siens, abaissa un genou au sol. Qu'importait que son corps ne tienne pas la route, au diable la clameur frustrée par le manque de proximité qui secouait ses membres comme des feuilles. Les yeux levés vers Lenny, il tira doucement l'alliance sur son doigt.

-T'as complètement bouleversé ma vie depuis le premier jour où je t'ai vu, Lenny. Tu m'as montré ce que c'était le bonheur, tu m'as appris à voir le monde d'une toute autre manière. Tu m'as appris à ne pas fuir devant l'adversité, à me battre pour ce qui est important. J'ai eu envie de t'embrasser alors que ça ne faisait que quelques dizaines de minutes qu'on se connaissait, dans ce café où tu m'as amené manger une tartelette au citron. Avant que ça se développe, et je te promets de tout faire pour t'en protéger. De ce qui me ronge, mais aussi de ce qui te fait peur, ou ce qui te fait du mal. J'ai été lent, j'ai été maladroit, je t'ai fait beaucoup de mal pour lequel je ne saurai jamais te dire à quel point je suis désolé, et je ne suis vraiment pas doué pour la communication. Mais je te promets d'essayer, aussi longtemps que je vivrai. Parce que si ces dernières semaines ont prouvé quelque chose, c'est que je t'aime à en crever. Et je sais quoi te répondre, maintenant. Leonard Myers, est-ce que tu veux continuer de m'épouser ?

Il retira doucement l'alliance du doigt de son ancien fiancé, pour la remettre tout aussi précautionneusement à sa place, ce disant. Leva un regard luisant vers ses si beaux yeux noirs, le coeur cognant brutalement contre sa poitrine.




How do I make you love me? How do I make you fall for me? How do I make you want me
And make it last eternally?

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Lenny Myers
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Ca veut dire que j'y crois encore...

L'espoir forma une protection solide autour de son cœur, pour l'empêcher de se briser. Il y croyait également, mais à quel degré ? Il ne serait pas venu jusque chez Stuart s'il n'avait pas pensé leur histoire susceptible d'être sauvée. Le chemin avait été évident, bien que Lenny n'ait jamais été quelqu'un de persévérant. La réponse ne fut pas celle attendue pour autant, le sergent préférant entendre une confirmation plus impactante. Il vivait dans un conte de fée, le vrai monde ne se comportait pas ainsi, il devait s'y faire. L'expression de son visage s'illumina tout de même en entendant la voix tant aimée le qualifier de magnifique. Il ne l'était pas, il en avait conscience, mais Ari pouvait bien mentir pour qu'il ne se fasse pas trop de souci concernant son apparence. Comment croire de telles paroles face à un homme si beau ? Ari était d'une beauté inégalable, bien trop éclatante pour mettre le sergent en confiance. Les gestes de l'homme étaient machinaux, l'amour en pilote automatique. Il lui fallait être toujours plus proche, ressentir la chaleur du légiste sous ses doigts pour prouver à ses sens qu'il était bien là, à ses côtés. Contact qu'Ari ne semblait pas apprécier, pas alors que Lenny sentit des doigts faire barrage sous les siens. Il baissa doucement les yeux vers leurs mains pour essayer de comprendre, essaya de se persuader que ce n'était pas ce qu'il croyait, essaya de rassurer la petite voix dans sa tête qui répétait qu'il rêvait le regard de tendresse que son amour lui lançait, qu'il imaginait la fin heureuse qu'il pensait mériter. Il y avait plus urgent, plus important que ces pensées parasites. Il y avait Ari.

L'état du légiste était préoccupant. Lenny avait beau être lui-même fatigué, il voyait comment son ancien amant essayait de cacher son épuisement. Il le connaissait, savait reconnaître ce regard en particulier. La question de l'incube avait été naturelle, comme de savoir s'il avait bien mangé, bien dormi, s'il n'avait pas cessé de vivre – pour lui. Il pensait ne pas en valoir la peine, n'aurait pu se pardonner de le rendre plus malheureux encore en se montrant moins souple à ce sujet. L'idée que quelqu'un puisse se lier de cette manière à Ari était très difficile à accepter ; mais il préférait le savoir nourri et en bonne santé, plutôt que d'apprendre qu'il allait mal pour soutenir une fidélité qui n'était plus d'actualité. Il se crispa légèrement, pourtant, en entendant l'évocation à Stuart. Il s'en doutait. Il connaissait le passé des deux hommes et savait que le réalisateur serait présent pour soutenir les besoins de son meilleur ami. Il essaya de chasser une pensée honteuse de son esprit, celle des deux hommes en train de s'embrasser. Un électrochoc. La vision brouillée par l'urgence de se débarasser de son imagination. Il ne pouvait en vouloir à Ari, et pourtant les images ne quittaient plus son esprit alors qu'il se sentait étrangement blessé à l'idée de le savoir intimement lié à un autre. Il s'en voulait de resssentir cette jalousie, se trouvait injuste envers lui. Ari n'avait pas le choix que d'assouvir ces besoins, le sergent en était parfaitement conscient ; mais cette réalité n'enlevait pas la part de tristesse qui lui chuchotait qu'il ne serait peut-être pas le dernier à échanger un baiser avec lui, que la condition du légiste le forcerait toujours à passer outre leur amour pour survivre.

T'as pas idée d'à quel point j'en peux plus de ça.

Il se sentit plus coupable encore de ne penser qu'à lui alors que son ancien fiancé devait supporter la malédiction. Il n'avait jamais mesuré l'ampleur de son mal être, ne s'était jamais rendu compte combien il vivait mal la situation. Il y avait un mot, prononcé entre des dents serrées, qu'il voulait bannir. Monstre. D'entendre ce terme entre ses lèvres, pour se qualifier lui-même, était insupportable. Lenny ressentit de la colère l'envahir alors que Ari se mettait debout. Le geste amorcé était alors resté en suspens, Lenny ayant levé une main pour sécher la larme de rage qui s'était échappée sur sa joue. Il serra les dents en formant une phrase dans son esprit, prêt à lui demander de ne plus jamais se qualifier de cette manière. Il ne plaisantait pas, n'acceptait pas qu'il se décrive ainsi.
Mais Ari l'avait devancé en se relevant. Comment oses-tu te dénigrer ? Il ouvrit les lèvres, fut pris de court par les gestes de l'amour de sa vie qui venait de mettre un genou au sol. Lenny plissa les lèvres pour contenir son envie de lui crier qu'il n'avait pas besoin de détester quoique ce soit chez lui, il était parfait à ses yeux. Il se moquait de sa condition, l'acceptait avec tout le reste. L'effervescence de son outrage empêcha le sergent de comprendre de suite ce qu'Ari planifiait de faire, ainsi installé face à lui. Lenny se mit au bord du canapé pour se rapprocher de lui, les mains désireuses de revenir au contact de la peau de l'homme qu'il aimait. Il voulait caresser ses joues, attraper son visage dans un baiser plus profond que le précédent, s'assurer que le mot monstre soit éliminé de son vocabulaire.

Ari en avait décidé autrement, laissant les doigts de Lenny – toujours tremblants – dans les siens. Il se devait de l'écouter, de ne pas le couper avant qu'il n'ait terminé, il le lui devait bien. Il pressa ses doigts entre les siens et pencha légèrement la tête par curiosité. Ce n'est qu'en voyant les doigts adverses s'occuper de son alliance qu'il comprit les intentions du légiste ; son cœur se serra dans sa poitrine, chercha à s'en échapper pour rejoindre celui logé dans la cage thoracique de son amant. La barrière des larmes céda une nouvelle fois à la question finale, comme un soulagement. Il y eut une seconde ou deux de battement, pas parce que Lenny réfléchissait mais parce qu'il avait besoin de réguler la déferlante qui s'abattait sur lui. Les émotions étaient indescriptibles tant elles faisaient un bien fou. Il cligna des yeux, plusieurs fois, essayant de se convaincre que ce n'était pas un rêve. Il finit par hocher la tête frénétiquement, la bouche toujours fermée sur des mots qui ne pourraient, de toute manière, pas sortir. La boule coincée dans sa gorge l'empêchait de dire oui, l'empêchait de lui faire part de son accord, pire encore, de sa supplication. Il devait le faire autrement, avec ses gestes. Il continua d'hocher la tête en retrouvant un sourire éblouissant derrière les larmes.

Ses doigts lâchèrent ceux d'Ari, il se jeta à son cou. Les deux bras le serrant contre lui, il laissa échapper un dernier sanglot en tremblottant contre lui. Il lui fallait un peu de temps pour calmer ses nerfs, pour se reprendre face à l'excitation du moment. Il finit par le relâcher pour rester à genoux devant lui, les deux mains posées contre ses joues. « — J'ai cru que je t'avais perdu. » Un murmure alors qu'il séchait toujours les larmes qui avaient coulé en grande quantité. Il était si heureux, reconnaissant d'avoir la chance de retrouver son amour alors qu'il pensait que tout était perdu. Il renifla alors, le sourire toujours aux lèvres pour reprendre : « — Mille fois oui... » Il l'embrassa sans cesser de caresser ses joues. L'esprit perdu dans un bonheur qui ne connaissait aucune fin, pas alors qu'il pouvait recommencer à porter fièrement la bague qui ornait son doigt. Il comptait bien l'épouser, l'aimer pour le reste de ses jours et ne plus jamais risquer de le perdre.

Il finit par s'installer contre le canapé, toujours au sol ; en tailleur, à la manière d'un enfant sur le point de partager un secret. Ce n'était pas le cas, mais il avait pourtant réellement quelque chose à dire. Les doigts avaient abandonné le visage de son amour pour attraper ses doigts, l'invitant tendrement à s'installer contre lui. Il posa sa tête contre son épaule en prenant une grande inspiration pour profiter de son odeur. Cette dernière lui avait tant manquée. Il n'avouerait pas qu'il avait gardé un vêtement appartenant au légiste lorsque Stuart était venu chercher ses affaires à son appartement. Il n'avait pu se défaire du dernier élément qui portait son parfum. La joie avait remplacé la colère, mais Lenny n'avait pas entendu ce qu'Ari lui avait dit avant sa proposition. Il voulait revenir dessus, ne pas lui laisser l'occasion de recommencer. La pensée qu'il se considère de cette manière lui brisait le cœur tant il n'était pas de son avis. Il était parfait, à ses yeux. « — Je suis désolé pour ce que je t'ai proposé tout à l'heure, c'était pas malin de ma part. Mais si la forme était maladroite, je suis sérieux pour le fond ; je veux être là pour t'apporter tout ce dont tu as besoin. Je t'aime, je compte t'épouser et t'offrir cette famille que je veux autant que toi. Mais tu dois me laisser remplir tous mes rôles, et m'assurer que tu sois heureux et comblé en fait partie. » Il releva la tête et tourna le visage vers le légiste en haussant les épaules d'un air candide. « — Je supporte pas de t'entendre te qualifier de monstre. T'es l'homme le plus merveilleux que je connaisse, et je comprends pas que t'en sois pas conscient. » La mine dubitative, ne trouvant pas d'explication à son aveuglement envers lui-même, il se rapprocha plus encore de lui. « — Et puis, c'est pas pour me déplaire ; qui serait assez stupide pour se plaindre d'être l'objet de ces désirs ? Si un jour je me plains que tu ressentes l'envie de me dévorer, achève-moi. » Sur ces mots, il sourit en coin et posa un baiser tendre contre ses lèvres pour lui montrer qu'il était de son côté, qu'il ne l'abandonnerait jamais pour cette raison. Il l'aimait assez pour en frôler la folie, ne comptait pas faire une croix sur le bonheur.

Les doigts toujours mêlés aux siens, il baissa la tête pour les regarder en laissant une pensée confuse arriver jusqu'à son esprit. « — Tu crois que j'y suis pour quelque chose ? Je veux dire, concernant ça. Je ne savais pas que tu ne l'avais pas avant notre rencontre. » L'idée que l'arrivée d'Ari et leur rencontre coïncide avec la rencontre de tout le reste de la ville ne lui venait pas à l'esprit tant il était concentré sur eux à l'instant présent, personne d'autre n'existait à ses yeux.



THE NIGHT'S ON FIRE
the promises we made were not enough. the prayers that we had prayed were like a drug. the secrets that we sold were never known.
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Ari Williams
- ari beau, c'est beau la vie -
Ari Williams
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love is a losing game
Apposées aux mots les plus importants qu'il ait jamais dits, les secondes de silence lui parurent être une agonie. Lenny allait il le rejeter ? Après tout ce qu'il s'était passé entre eux, la violence de leurs sentiments, celle de leur rupture, les multiples fissures qu'avaient provoquées les hésitations d'Ari dans leur relation, il pouvait ne pas avoir envie de revenir sur les voeux. Il aurait eu raison, après tout. Ari lui avait fait du mal, bien plus qu'il ne pourrait jamais s'en excuser, quelle que soit la méthode. Qu'importe qu'il soit aussi profondément désolé qu'il l'était. Mais devant le silence de Lenny, lui qui avait été si rapide à demander si le mariage était maintenu quelques instants plus tôt, Ari ne savait plus à quoi se fier. Le silence était pesant. Il coupait son souffle autant que les battements de son coeur. Si Lenny refusait, Ari savait qu'il ne se relèverait pas. Il n'en avait jamais été aussi sûr qu'à présent que son sort tout entier se trouvait entre les paumes de celui qu'il n'avait jamais été aussi sûr de vouloir appeler sa moitié.
Puis Lenny avait souri. Malgré son silence, malgré les larmes qui étaient revenues dans ses si beaux yeux. Un sourire éclatant, le plus beau du monde. Un soleil dont la chaleur avait instantanément fait disparaître le froid qui s'était abattu sur ses membres. Le genre dont on ne peut détourner le regard, au risque de s'en brûler les rétines.
Et ce n'était pas grave, qu'elles s'y brûlent. Au contraire, c'était ce que le légiste voulait. Se laisser éblouir au point de l'aveuglement par ce sourire, jusqu'à la nuit des temps. Même cette dernière ne saurait entacher sa radiance, Ari en était persuadé. Parce qu'il ne connaissait pas plus beau spectacle que le bonheur de cet homme, qui sanglotait devant lui en hochant la tête. Et si c'était ce sourire, la dernière chose qu'il verrait, il était le plus heureux des hommes.

Le plus heureux des hommes. Un concept qui lui avait paru si lointain, impossible, quelques heures plus tôt. Qui l'étreignait à la gorge, qui le poussa à le réceptionner aussitôt dans ses bras pour le serrer toujours plus proche. Lenny partout autour de lui, radiant de bonheur, entre ses doigts. Vivant. Le nez fourré dans le cou de son amant, Ari n'entendit qu'à peine la pensée dissonante. Lugubre et mauvaise, un filament de noirceur au milieu de toutes les couleurs du bonheur. Il étouffa les bourdonnement du sang contre ses oreilles dans le cou de son fiancé, caressa son dos tendrement pour l'aider à apaiser ses sanglots. Glissa une kyrielle de baisers contre la peau tendre de son cou, s'enivrant du parfum de sa peau. Elle lui avait manqué. La peau de Lenny avait le goût du bonheur. Une vague de sueur froide le long de l'échine, comme une déferlante. Lenny qui le relâchait et sa vision trouble qui tentait de se raccrocher tant bien que mal aux yeux si lumineux, malgré les larmes. Il se laissa guider par ces mains posées sur ses joues, imita le geste, ses propres doigts trop avides de retrouver le contact. Caressant doucement sa peau, évitant avec attention toutes les traces de violence qui la marquaient. Et ce sourire radieux qui tranchait dans toute la douleur, comme un message. Il est magnifique. Malgré les hématomes, les coupures, les cernes sombres sous ses yeux. Il a dû tellement souffrir. L'information était restée en filigrane dans l'esprit du légiste, comme quoi c'était Devlin qui lui avait fait ça. Une question qui serait posée plus tard, qui n'avait pas sa place ici. Pas en ce moment, alors que la réponse à la plus importante de toutes effleurait enfin le sourire.

Le plus heureux des hommes. Et Ari de se faire violence pour être entièrement présent, pour capter cet instant. Le graver dans sa mémoire avec brutalité, pour se souvenir de tous ses aspects. Comme la première fois sur la plage, à des milliers de kilomètres de là. Ces moments, il les volait à son mal. Ce moment, il refusait de le lui donner. Le sourire qui naquit spontanément sur ses lèvres, il était à lui. Il était pour Lenny. Ces larmes qui lui montèrent aux yeux, d'un bonheur pur, elles étaient à eux. Toute l'immensité de l'amour qu'il insuffla au baiser qu'ils partagèrent, il n'appartenait qu'aux deux futurs époux. Une revanche sur ce qui le dévorait de l'intérieur. Le goût de Lenny. Il plongea d'autant plus dans le baiser, prolongeant la tendresse pour ne pas entendre la monstruosité. Elle n'avait pas sa place, dans ce moment. Mais cette victoire contre lui-même, il l'avait gagnée.
Le plus heureux des hommes, il savait parfaitement que ce ne serait jamais lui. Parce qu'il venait d'en faire la promesse à son amant, l'affirma dans tout cet amour qui menaçait de déborder toujours plus de son coeur. Ce ne serait jamais lui, parce qu'il venait de le promettre à Lenny. Le plus heureux des hommes, ce serait lui. Et il ferait tout ce qu'il pourrait pour la tenir, cette promesse.

Les mains toujours posées sur les joues de Lenny, il les caressa encore tendrement. Serait resté des heures à le contempler, à admirer la manière dont ses yeux captaient toujours aussi magnifiquement la lumière. La douceur de cette fossette qui creusait ses joues, à chaque fois qu'il souriait. La beauté de ses traits, qu'ils soient abimés ou non.

-Ca n'arrivera plus, je te le promets.

Et Ari y croyait. De tout son coeur, de toute son âme et même plus encore. Il finit par suivre l'impulsion de son fiancé, malgré qu'il ait l'impression d'évoluer dans du coton. Les gestes approximatifs et la tête qui tournait, mais le cœur battant suffisamment le bonheur dans son système pour continuer. Malgré la vision trouble. Malgré que la noirceur se rebelle progressivement contre tous ses efforts. Trop conscient de la présence du corps de Lenny contre le sien, de chacun des centimètres de peau qui était en contact avec sa chaleur. La peau de Lenny a le goût du bonheur. La pensée s'imposa bien plus brutalement dans ses pensées. Adossé au rebord du canapé, il laissa sa tête reposer contre celle de son amant. L'odeur de Lenny en filigrane. Bien présent. Vivant. Ari ferma les yeux pour mieux rassembler ses forces. Concentra ses efforts pour n'en laisser rien transparaître, pour que ses doigts ne tremblent pas trop sous ceux de son amant. Serre les dents. Avec une distraction, peut-être qu'il tiendrait davantage.
Mais la voix de Lenny résonna de nouveau. Et ce n'était pas pour lui apporter la distraction qu'il espérait. Mâchoires et paupières serrées, il s'efforça de se concentrer sur chaque mot. Malgré qu'ils soient douloureux. Comme s'ils n'avaient pas leur place entre les lèvres de Lenny, comme si le concept même qu'il accepte de mener cette bataille avec lui ne devait pas exister. Il lui avait promis de se battre, mais il ne savait pas s'il était prêt à accepter que le plus jeune en fasse autant. Pour eux. Pour lui. Une proposition qui n'en était pourtant pas une, qui faisait aussi mal qu'elle était agréable. L'entendre le dire lui rappelait à quel point il était épuisé. Des années à lutter seul contre un mal qui était aussi surréel que ces êtres capables d'endosser l'identité d'autrui. A se cracher à la figure à chaque fois qu'il venait happer toute forme de contrôle de soi, à en haïr chaque symptôme autant qu'il se détestait lui-même. Il avait réussi à trouver une parade à sa monstruosité, avait fini par la connaître à force de l'étudier. Ne l'avait jamais comprise mais avait maintenant suffisamment de recul pour savoir comment la gérer. Et Lenny proposait de partager ce fardeau. Avec ses mots. Avec cette maladresse qui avait le don d'élever son cœur autant qu'elle le brisait. Ari le laissa dire, sentant l'épuisement avoir raison de ses nerfs. Les larmes brûlaient l'intérieur de ses paupières, il renifla en les écrasant d'un revers de paume tremblant. Aurait voulu avoir la force de se rebiffer, de se battre encore une fois en lui disant à quel point il n'avait pas besoin de faire ça mais...
Peut-être que Lenny avait raison. Peut-être qu'il était temps de prendre une décision toute aussi difficile que celle de demander sa main. Lâcher les armes, pour la première fois depuis toutes ces années, et autoriser Lenny à l'aider dans ce combat contre lui-même. La perspective était terrifiante. Mais peut-être que oui, Lenny avait raison. Il était peut-être temps d'arrêter de se battre seul.

Il força un sourire, devant ces compliments qu'il n'admettrait probablement jamais. Incapable de se voir lui-même, incapable d'admettre que Lenny puisse avoir raison. La blague qui suivit lui remit un peu de baume au coeur, le poussa à rouvrir un regard embrumé mais reconnaissant sur les traits de son amant. C'était lui, l'homme que son coeur avait choisi toutes ces années en arrière. Celui qui lui proposait à présent de faire les plus grands bonds dans le vide qu'il ait jamais faits, ensemble, main dans la main. Et il la serra dans la sienne, hochant doucement la tête malgré que la terreur coupe le moindre son dans sa gorge. Si c'était avec Lenny, si c'était main dans la main, il acceptait de sauter.
Perdit toute sa reconnaissance dans le baiser qui suivit, l'amour en étendard. Un amour viscéral. Fond du coeur, fond des tripes, fin des temps. La brûlure fantomatique de l'empreinte des lèvres de son amant, reparti bien trop vite, et tout juste son goût qui restait. Il était épuisé de se battre.

Pouvait sentir l'odeur de l'autre homme dans l'air, les variations dans sa voix plus claires. Les pupilles dilatées sous la brume, et c'était sa chaleur qui se dépensait clairement en liseré tout autour de sa silhouette. Il connaissait les symptômes, était terrifié par le traitement. La bouche pâteuse, il lui fallut un temps pour retrouver ses esprits. Une nouvelle question. Le regard trébuchant sur les traits si beaux du plus jeune, Ari déglutit lourdement. La fébrilité était toujours annonciatrice de ce pire qu'il avait tenté de nier toute la soirée.

-Je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que l'envie de t'embrasser dont je t'ai parlé, à ce café où tu m'as amené, c'était entièrement moi. J'ai eu envie de toi avant que ça me tombe dessus. Le reste s'est développé plus tard, lentement, dans le courant de ma première année dans cette ville. Niran m'a dit une fois qu'il y avait quelque chose dans l'atmosphère d'Exeter, lors de nos recherches. Je n'y ai jamais réellement cru jusqu'à ce soir.

Oui, Niran. Les symptômes avaient été les mêmes, ce soir là. Les membres tremblants. La bouche pâteuse. Les pensées de plus en plus intrusives. La noirceur de chacune d'entre elles, cet appel perpétuel et obnubilant. L'impression de ne percevoir que trop la vitalité de l'autre personne. Cette conscience si parfaite de toute la vie que contenait son corps, et le besoin viscéral de dévorer toute sa chaleur.
Celui d'attraper la main de Lenny pour la poser dans ses cheveux, pour se rassurer tellement il était terrifié.
Il était affamé.
Une réalisation qui fit sauter le dernier barrage. La noirceur dévala dans tout son système, assombrissant le regard du légiste, reprenant progressivement le contrôle qu'Ari lui avait refusé jusqu'alors. Répondant à l'appel de la chaleur, son corps se remit en mouvement malgré lui. Commença par tirer doucement sur leurs mains jointes pour l'attirer, avant que sa main libre ne vienne se poser sur la joue de Lenny pour l'attirer dans un nouveau baiser. Ses lèvres chassant leurs paires pendant quelques instants, avant de venir s'en emparer, la faim marquant son empire contre la bouche de son amant. Son corps se dirigea en automate vers celui qui l'attirait tant. Rompit la distance en s'installant naturellement à califourchon sur son bassin, en quête de briser toute forme de distance qui pourrait les séparer. Captant la chaleur, s'en repaissant comme un assoiffé. Un affamé. Un courant d'énergie en délicieuse décharge électrique le long de l'échine, Ari se fit violence pour reprendre un soupçon de contrôle. Murmura précipitamment :

-Il faut que je te dise quelque chose. Tu sais déjà que le mal a déjà pris une vie. Ce que personne ne sait, c'est qu'il y a une vidéo, chez moi. Dans le coffre du labo. C'est un rappel que pour éviter le pire, je ne dois jamais atteindre le même état que ce soir-là. Mais je suis à bout de forces. Toi aussi. J'ai besoin que tu m'aides, j'ai de plus en plus de mal à me contrôler. Je... J'ai peur, Len.

Il releva un regard désespéré vers les yeux de son amant. Relâcha ses doigts pour venir poser ses deux mains sur ses joues, déposant une supplique dans ce regard qui comptait tant. Qu'il aimait à en mourir, mais qu'il ne supporterait pas de voir mourir. Il ne les percevait trop bien dans son état, ces cernes noirs sous ses yeux. La façon si singulière avec laquelle Lenny mâchait ses syllabes quand il était épuisé, il l'avait perçue plus d'une fois au cours de la soirée. Lenny était tout autant à bout de forces que lui, et s'il n'arrivait pas à se contenir lui-même, à retenir toute la portée du mal, il ne voyait aucune autre issue. L'accident était voué à arriver, dans des conditions pareilles. Ses pouces caressèrent doucement la peau de son amant, à des lieues de tout ce que le besoin réclamait de proximité. Une supplique silencieuse, au fond de ses yeux noircis par l'appel lugubre qui battait dans tout son corps.

-Je t'aime tellement. Il faut que tu m'arrêtes. A la seconde où tu sens que tu fatigues. Je n'y arriverai pas sans toi...

Et la perspective était terrifiante, tant c'était la première fois qu'il n'était pas le seul à décider des limites. Ce combat contre lui-même, il l'avait toujours mené seul. Mais cette fois-ci, il savait qu'il n'en serait pas capable.
L'une de ses mains se libéra pour venir chercher l'une de celles de Lenny. S'ils plongeaient tous les deux, il n'y avait rien à craindre, si ? Il l'espérait.
Désespérément, il l'espérait.




How do I make you love me? How do I make you fall for me? How do I make you want me
And make it last eternally?

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Lenny Myers
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    L'envie de se perdre dans le regard d'Ari était passée à l'état de besoin. La lumière qui luisait dans ses pupilles lui apportait plus de réconfort que toutes les thérapies qu'il aurait pu entreprendre durant sa descente aux enfers. Il en oublia les semaines d'agonie, les soirées à préférer les heures supplémentaires en pagaille à l'aspect oppressant du silence. Il n'avait pu rester dans son appartement sans la présence de sa colocataire, et cette dernière ne passait que peu de temps chez eux, toujours à virevolter entre son lieu de travail et le cocon de ses nombreuses conquêtes. Lenny avait trouvé refuge chez son meilleur ami, de peur de commettre une erreur à trop penser à ce qu'il avait si injustement perdu. La mort avait été engageante, bien plus que la perspective des années à venir ; sans Ari, sans l'unique homme capable de le rendre heureux, selon lui. La joie qui s'engouffrait dans son cœur, alors qu'il se trouvait dans les bras tant aimés, lui donna raison. Il n'aurait pu continuer sur ces rails, ignorer la perte de sa source d'énergie vitale. Il était assez amoureux d'Ari pour déposer sa propre gerbe sur la tombe de leur relation. La fin de leurs fiançailles coïnciderait ainsi avec son propre trépas, serait le point final d'un chapitre tout juste entamé.
    Il n'aurait jamais quitté cet état de léthargie sans l'espoir, sans la sensation revigorante que l'amour n'était pas mort, pas encore. Il le sentait sous le regard hagard de son amant, sous le souffle erratique qu'il sentait dans le creux de son cou, qui frôlait si parfaitement les sens qu'il repoussait par besoin de cette douceur innocente.

    Devlin l'avait empêché de se décomposer, Ari lui rendait la vie.

    Il était le prince endormi des contes de fée, celui subitement réveillé par le baiser d'un prince charmant. Les lèvres de son fiancé étaient douces contre les siennes, mouillées par l'épuisement et le soulagement des deux protagonistes. Ils échangeaient cette étreinte comme une sucrerie trop longtemps abandonnée, comme un doudou qu'un enfant aurait retrouvé des années plus tard, après avoir versé des torrents de larmes. La détresse émotionnelle avait épuisé le sergent, l'avait démis de ses forces et entraîné vers une mélopée sentimentale dont il s'était, jusque là, pensé incapable de se relever. La promesse d'Ari, pourtant, eut un effet stupéfiant. Il offrit un nouveau sourire, un nouveau souffle, une nouvelle espérance concernant un futur à deux. L'espoir apportait des solutions à bien des choses, à ces doigts tremblants entre ceux de Lenny, qu'il aurait aimé pouvoir calmer d'un baiser. Il en était bien incapable, ne pouvait que le rassurer, former des paroles chargées de sens, de cet espoir en lequel il croyait plus que jamais. Ari n'avait pas à se battre seul, pas même à s'en vouloir de détenir cette part d'ombre dont Lenny ne connaissait rien. Il l'avait pourtant rencontrée, entre deux baisers, l'avait décelée dans certains regards portés sur son corps qui ne manifestait plus l'amour, seulement le désir. Une ombre qu'Ari qualifiait de mal, quand le policier n'y voyait qu'un contretemps. Rien ne le ferait s'écarter du chemin du légiste, pas même une condition paranormale qu'il n'était pas en capacité de comprendre.

    Il ne pouvait la comprendre, mais saurait en prendre soin. Non pas pour cette bête qui semblait prendre parfois les commandes de son fiancé, mais pour cet amour lui-même qu'il sauverait coûte que coûte. Il pouvait le lui prouver sans plus attendre, s'abandonner à des baisers qui n'appartenaient pas seulement à son amant, mais qui lui étaient intégralement dédiés.

    Le corps toujours aussi proche du sien, il l'écouta répondre à cette question qui lui était venue si promptement à l'esprit. Il aurait été bien embêté d'être à l'origine des malheurs d'Ari, s'en serait tant voulu d'avoir déclenché quoique ce fût de réprimandable. Il adressa une oreille attentive, attendant de comprendre comment une telle chose avait pu se produire ; était-ce lors de leur rencontre ? « — Tu aurais dû m'embrasser, je n'attendais que ça. » Ce ne fût qu'un murmure, un aveu entre deux battements de cœur. Il posa de nouveau une main contre la joue de son amoureux, taquinant sa peau de la pulpe de ses doigts en ajoutant, sans hausser la voix. Un secret entre eux, dans l'intimité de leur moment partagé. « — Je suis d'accord avec Niran, j'ai moi-même expérimenté certaines ... choses, depuis mon arrivée en ville. » Il ne parlait pas de ces baisers qui semblaient avoir un certain pouvoir, don partagé avec sa meilleure amie dont il aurait aimé ne pas connaître l'existence. S'en servir ne lui plaisait pas, il ne l'aurait jamais fait si des pulsions n'avaient pas régi certains de ses gestes. Le fameux soir où il était revenu de l'hôpital, pas exemple, et toutes les fois qui avaient suivi, où il n'avait œuvré que par besoin de se voir rassuré.
    Il n'en dit pas plus sur ces soucis arrivés depuis qu'il était à Exeter. Les visages déformés, agonisants, qui envahissaient les reflets autour de lui. Il était question d'Ari, il ne voulait pas parler de ses propres problèmes quand ce dernier était si perturbé par ce qu'il était. Il n'en dit pas plus, se contenta de poursuivre les caresses de ses doigts pour lui montrer qu'il était là, toujours, et qu'il ne comptait aller nulle part. Il l'épaulerait quoiqu'il advienne, serait là chaque jour pour lui rappeler qu'il n'était pas fou, qu'il n'était pas un monstre, qu'il n'était pas seul.

    Il se laissa guider entre ses doigts, comme une poupée par son marionnetiste. La main dans les cheveux d'Ari, il recommença ses mouvements circulaires afin de l'apaiser du mieux qu'il le pouvait. Il ne contrôlait plus la situation, ni ses actes ni ceux de son fiancé, prit le parti de lui faire confiance en laissant ses lèvres à sa disposition ; pire encore, en répondant à chacun de ses baisers. Il ne libéra la bouche adverse que pour en écouter surgir une réalité terrifiante. La mort régnait dans ce genre d'échange, c'était ce qu'Ari essayait de lui faire comprendre, mais Lenny n'y prêtait pas réellement attention. Il avait appris l'incident impliquant Niran, avait ainsi compris que les craintes de son amant étaient entièrement fondées. Mais il n'avait pas décidé d'abandonner pour autant, soucieux d'aider Ari dans ses batailles. Il hocha vivement la tête en entendant les peurs de son fiancé, joua dans ses boucles du bout des doigts après l'avoir accueilli sur ses genoux. « — Tu n'as pas à avoir peur, d'accord ? J'ai confiance en nous, tu ne me feras aucun mal. » Il récupéra ses lèvres en un baiser profond, posant sa seconde main dans son dos pour le rapprocher un peu plus de son corps. Il ressentait le besoin de le sentir contre lui, de presser sa virilité contre son bas ventre pour lui montrer tout le désir qu'il suscitait en lui.

    Le désir avait pris possession de son regard, agrandissant des pupilles qui lui donnaient l'air d'un chat plus féroce que d'habitude. Le corps pressé contre le sien lui rappelait combien les semaines passées avaient été frustrantes, Lenny cherchant sa moitié à tous les coins de rue, incapable de se laisser aller aux bras d'un autre quand sa peau réclamait tant le doigté d'une seule et unique main. « — Je crois que c'est moi qui vais finir par te dévorer, Poppy. Ne me fais plus attendre, j'ai jamais été très patient dans cette configuration. » Il s'agrippa avec plus de poigne à ses boucles poivrées, sans faire attention à ne pas lui faire mal, il savait comment opérer lorsqu'il était l'objet du regard noir de son compagnon. L'amour régnait en maître, mais la tendresse laissait place à une passion dévorante. Il ne prit pas la peine de s'installer confortablement sur le canapé, débuta sans plus attendre l'effeuillage de son partenaire. Les gestes vifs, le souffle court se percutant contre les lèvres de l'autre ; ils n'avaient qu'un but, étouffer la flamme qui embrasait l'adversaire.

    Malheureusement, la sonnette d'alarme ne tarda pas à se faire entendre. Les corps partiellement dénudés mais pas encore satisfaits, Lenny avait l'impression de revivre en sentant son fiancé s'activer au même rythme que lui, au-dessus de ses hanches. Les jambes légèrement repliées, Lenny se redressa de manière imperceptible sans rompre le contact, accrochant des doigts au cou d'Ari pour l'intimer à continuer, ne pas faire attention à ce qu'il faisait. Il avait cru que la position ferait son effet, mais c'était sans compter l'énergie qui lui échappait un peu plus au fil des mouvements. Il ferma les yeux un instant sans rien dire, finit par ralentir son corps en refermant fermement ses doigts autour des cuisses de son amant. Il sentait qu'ils allaient trop loin mais n'avait aucune envie d'en avertir Ari. Pas seulement parce qu'il en voulait toujours plus, mais plutôt parce qu'il savait que son fiancé avait besoin d'énergie, et il voulait l'aider coûte que coûte. « — Ari, je peux pas... » Le souffle court, brisé entre le besoin de lui parler, l'effort et le plaisir. La frustration suivrait de près, tirerait la couverture quand il aurait mis un terme à leurs ébats. « — Désolé, j'peux plus... » Il posa son front contre l'épaule du légiste, paupières closes, il sentait son énergie filer de plus en plus rapidement. Laisse-moi cinq minutes de repos, puis on reprend. Il ne parvint pas à prononcer ces quelques mots, se contenta de replier ses doigts autour des épaules d'Ari en espérant qu'il l'ait entendu, qu'il s'arrête à temps.



THE NIGHT'S ON FIRE
the promises we made were not enough. the prayers that we had prayed were like a drug. the secrets that we sold were never known.
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Ari Williams
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love is a losing game
J'ai peur. Plus pour Lenny que pour lui-même. Au nom de cet amour qui, il avait dû l'apprendre de la pire des manières, pouvait être aussi destructeur. La terreur lui étreignait au moins autant la gorge que la noirceur qui assombrissait chacun de ses gestes. Les mains plus aventureuses qu'il ne l'aurait voulu, lui qui ne voulait n'être que douceur vis à vis du plus jeune. Le corps en autopilote, la soif inextinguible de l'autre sourdant dans tout son système comme une famine qu'il avait commencé à connaître. J'ai peur. Pas de Lenny, mais de lui-même. Chaque nouveau baiser le rapprochait davantage de la perte totale de contrôle. A trop rejeter sa propre réalité, il ne s'était pas rendu compte qu'il s'approchait toujours plus du bord du précipice. Et si la main tendre de son amant, posée dans ses cheveux, était une ancre à laquelle se raccrocher, ce furent ses paroles qui marquèrent Ari plus qu'il ne l'aurait cru.

Tu n'as pas à avoir peur, d'accord ? J'ai confiance en nous, tu ne me feras aucun mal.

Se laisser aller, un concept qui lui était entièrement étranger. Remettre son propre destin entre les mains de l'autre, tout en étant aussi proche du point de non retour. Tout en sachant tout ce que le besoin était capable de leur arracher à tous les deux. Mais Lenny n'avait pas peur. Lenny lui répétait ces paroles qui paraissaient étrangères, surréelles, malgré qu'il les lui ait dites plusieurs fois. Trop habitué à la solitude quand on en venait à cet aspect de sa vie, entièrement perdu maintenant que la configuration devenait différente. Les larmes lui montèrent aux yeux, de terreur, de reconnaissance, alors qu'il hocha la tête. Tout du moins, qu'il crut hocher la tête, sans savoir si son corps avait réellement suivi le mouvement. Accepter de se perdre pour mieux se retrouver. Accepter de partager le pire pour laisser la part belle au meilleur. Un sacrifice qu'il ne se serait jamais cru capable de faire, à cause de son affliction. Malgré qu'il en ait toujours crevé d'envie.
Mais il y avait cette main, dans ses boucles poivrées. Il y avait ces yeux, d'une chaleur tendre, qui ne fuyaient pas le danger. Et, plus qu'entre tous, il y avait cette certitude dans la voix de son amant. Une confiance absolue pas seulement en lui, ou en Ari, mais en eux. Il n'y avait pas à avoir peur, s'ils affrontaient tout ça ensemble. Un grand plongeon terrifiant, sans la moindre sécurité, mais dont ils ressortiraient tous les deux vivants parce qu'ils sauteraient main dans la main. Ses doigts, venus chercher ceux de son amant, les pressèrent doucement. Malgré la peur, le tumulte, le manque de contrôle. Et Ari de fermer les yeux et de faire un pas en avant, en même temps que Lenny.

Un sourire s'étira sous la barbe poivrée, un ricanement feule et rauque à la mention suivante. Plus qu'une pulsion guidée ce besoin d'énergie inextinguible, une faim en puits sans fond qui ne se tarirait probablement jamais. Les gestes bien plus souples, félins, il relâcha la main de son amant pour enfoncer ses serres dans ses épaules en s'installant plus confortablement. En reprenant les lèvres adverses dans un baiser avide d'elles, de lui, de son énergie. La famine dévalant brutalement dans tout son système, les reins roulant déjà contre le bassin du plus jeune en vagues violentes s'écrasant contre le récif. Son regard vipérin, les rétines noires comme l'encre, s'accrochèrent aussitôt à celles de Lenny.

-Qui t'a demandé d'être patient ?

Lui ne l'était plus. Le besoin ne l'avait été que trop. L'amour bourdonnant en arrière pensée lancinante à l'arrière de son crâne, il reprit les lèvres de l'autre homme dans une série de baisers voraces. Savoura chaque filament de cette énergie si caractéristique, le goût de Lenny, alors qu'ils traversaient son système. Ses doigts s'agrippèrent au tissu de ses vêtements, tirèrent dessus sans la moindre préoccupation pour les retirer. S'acharnèrent sur autre chose, pour chacun de ceux qui refusaient de coopérer rapidement. L'urgence et la précipitation n'avaient ni règle, ni mesure, seulement portées par le besoin d'absorber la chaleur du plus jeune. Consommer chaque parcelle de son énergie. Dévorer sa vie, à crocs féroces, jusqu'à satiété.
Mais il y avait cet amour, qui lui brûlait la peau à chaque mouvement. Qui dévalait dans ses veines en même temps qu'il pouvait sentir le courant revigorant de sa vitalité lui rendre ses forces. Mélange des sentiments, ceux que le besoin tentait d'étouffer, ceux que la peau du sergent lui insufflait. Un paradoxe bien plus addictif que la plus efficace des drogues. Un rappel de tout ce qui lui avait si cruellement manqué, tant Lenny était redevenu omniprésent. Partout, de cette main qui tirait ses cheveux vers l'arrière, de la peau de son cou qu'il était revenu mordre pour mieux la posséder, du plaisir qu'ils s'acharnaient à partager, au ballet avide de leurs mouvements. Et cet amour fulgurant, bien au-delà de tout ce que la famine pouvait avoir d'immense, qui le transperçait de toute part.

Cette lumière qu'il avait toujours vue dans ses yeux, qui avait illuminé jusqu'aux heures les plus sombres. Jusqu'à la noirceur de ce qu'il était devenu depuis qu'il était arrivé à Exeter.

Mais le besoin était avide, le besoin était affamé. Le besoin n'avait que faire de l'espoir, de l'amour, de la confiance. Repoussait Ari avec la même volonté que ce dernier l'avait fait ces dernières semaines, la volonté de survivre comme unique leitmotiv. Le plaisir qu'il donnait, c'était pour le récupérer au centuple. Porté par les soupirs de l'autre homme, chaque coup de bassin devenant plus impérieux que le précédent. Quand bien même les doigts agrippés à ses cheveux étaient devenus moins pressants. Alors même qu'il pouvait parfaitement sentir la faiblesse s'emparer du corps du sergent, sous le sien. Lui ne serait satisfait que lorsqu'il serait trop tard.
Mais Ari, lui, comprit. Perçut la faiblesse dans les mouvements du plus jeune, malgré cette main dans son cou qui l'incitait à aller toujours plus loin dans leur étreinte. Noyé par les caprices de sa propre monstruosité, il pouvait pourtant les voir, les signes avant-coureurs de la catastrophe. Il ne les connaissait que trop bien, se débattait contre lui-même pour mieux reprendre ce contrôle qui lui manquait. L'aveu de faiblesse de Lenny fut l'alarme de trop, celle qui lui permit de rassembler toutes les forces que lui avait offertes son amant pour commencer à reprendre le contrôle.

Lenny remettait son destin entre ses mains, comme Ari l'avait fait avant lui. A tous les deux, ils pouvaient déplacer des montagnes. Et tout aussi insurmontable qu'il en avait l'air, le besoin ne serait pas l'obstacle qui se mettrait en travers de leur chemin.

Malgré son avidité. Malgré sa rage. Bien loin d'avoir atteint la satiété, et le corps toujours plus avide de plus. Mais Lenny faiblissait maintenant à vue d'oeil, devant lui. Se faisant violence, il s'imposa devant la noirceur. S'accrocha aux sentiments, ceux de son amant, les siens, pour briser le cercle infernal dans lequel la famine l'avait poussé. Ralentit ses mouvements progressivement, envers et contre les hurlements de protestation qu'il pouvait sentir émaner de tout son corps. La frustration de n'avoir pu se satisfaire que d'aussi peu devant l'immensité de tout ce qu'il restait encore à combler, mais Ari n'en avait cure. Pas alors qu'il était plus urgent, plus vital de protéger Lenny, encore plus maintenant qu'il tirait réellement la sonnette d'alarme. Le coeur battant encore à tout rompre dans sa poitrine, il enroula ses bras autour des épaules de son amant. L'accueillit dans le creux de son cou et, au terme d'un effort résolument surhumain, mit fin à leur étreinte. Le sang battait violemment contre ses tympans, charriant les protestations sonores d'un système qui restait résolument sur sa faim. Il s'en occuperait plus tard, de tout ça. Maintenant qu'il était de nouveau en pleine possession de ses moyens, il y avait bien plus urgent comme préoccupation à avoir.

Il y avait Lenny. Les doigts d'Ari vinrent se poser contre sa nuque, en caressèrent doucement la peau. Il s'était arrêté avant le drame, mais pas suffisamment tôt pour éviter que le plus jeune soit épuisé. Toujours lové au-dessus de lui, le corps brûlant de frustration, il le garda contre lui, guettant sa respiration, captant les coups brutaux de son coeur qui percutaient sa poitrine contre la sienne, attentif au moindre signe du pire. Il n'en perçut rien, seulement l'épuisement monstrueux qu'il avait imposé à son amant. Glissa un baiser humide contre sa tempe, le temps qu'ils reprennent tous les deux leur souffle, rassuré lui-même de ne pas avoir provoqué plus de dégâts en dépit des circonstances.

-Ne t'en veux pas, mon amour. Tu as fait ce qu'il fallait, au moment où il le fallait.

La voix bien plus douce, plus humaine, maintenant qu'il avait repris le contrôle. Ses lèvres se posèrent en kyrielle de baisers contre ses cheveux, sa tempe, aussi rassurantes que possible. La tendresse chassant le vice, alors que ce dernier continuait de clamer sa famine sous ses boucles poivrées. Gardant toujours Lenny au creux de son épaule, Ari se décala pour mettre un point définitif à toute forme de tentation. La famine le battait encore à blanc, mais elle était suffisamment nourrie pour réussir à la garder dans un calme précaire. Avec de nombreuses précautions, il s'installa à côté de Lenny et l'attira de nouveau entre ses bras dans une étreinte tendre.

-Comment tu te sens ?

Lenny était faible. Très. Il pouvait le ressentir au manque de réaction dans ses gestes, au poids de sa tête au creux de son cou. Mais, maintenant que les brumes de la passion commençaient doucement à s'estomper, Ari pouvait plus aisément évaluer que la vie de son amant n'était pas en danger. Il s'en voulait déjà suffisamment de l'avoir laissé dans cet état. Guettant la réponse d'une oreille attentive, il hocha doucement la tête, le gardant encore un peu contre lui. Finit par se détacher doucement pour caresser l'angle de sa mâchoire du bout des doigts, glissant le long de cette dernière jusqu'au menton, l'incitant à relever le museau. Ce fut pour déposer un baiser tendre, pur, à des lieues des derniers qu'ils venaient de s'échanger. Qu'il rompit à contrecœur, trop inquiet que même le plus doux des baisers puisse avoir un impact négatif sur la santé de son amant.

-Je t'aime tellement. Tu as fait bien plus que tu ne l'imagines, c'est à mon tour de m'occuper de toi, maintenant. A commencer par t'installer plus confortablement. Tu penses pouvoir marcher jusqu'à la chambre ou tu as besoin d'un peu plus de temps ? Je peux nous installer ici.

Les mains tenant le visage de son amant en coupe, ses lèvres vinrent se poser contre le front de ce dernier avant de se fendre d'un sourire tendre. Il caressa doucement ses joues de la pulpe des pouces avant de finir par se redresser. Un mouvement bien plus facile, lui rappelant à quel point il avait puisé dans les réserves de Lenny pour remplir les siennes. La culpabilité enroulée autour du coeur, Ari aida le sergent à se relever. Passa son bras en travers de ses épaules, enroula le sien autour de sa taille pour mieux le soutenir. Attentif à ses mouvements en le guidant jusqu'à la chambre d'amis de Stuart, où il avait élu domicile depuis la nuit où tout avait basculé, il guida Lenny vers le lit. L'aida à se déshabiller et à s'installer plus confortablement avant de s'assoir à côté de lui, sur le rebord du lit. Ses doigts vinrent chercher leurs pairs.

-Tu as besoin de quelque chose en plus ? Je peux aller te chercher de l'eau, ce serait bien aussi que tu te mettes quelque chose sous la dent...

Un excès de précaution, pour s'assurer que son amant reprenne des forces. Une manière de le remercier pour tout ce qu'il avait fait pour lui, de lui prouver à quel point il s'agissait de bien plus pour Ari que juste se nourrir. De lui prouver, à son tour, que l'amour allait bien au-delà des monstres, qu'ils courent les ruelles d'Exeter ou qu'il soit celui qui sommeillait au fond de ses entrailles.



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    Il se sentait meurtri par les larmes qui baignaient les yeux de son fiancé. Le cœur en miettes face à ce spectacle, il attendait qu'elles dévalent ses joues pour les sécher de quelques baisers. Il était prêt à recueillir cette peine à l'état liquide, à prendre sur lui pour éviter à son amant toute forme d'abattement, tout sanglot susceptible de secouer ses épaules, de l'ébranler un peu plus encore. Il connaissait la peine qui l'habitait, était familier avec l'étrange impression de douleur qui émenait d'une pareille situation ; lui qui avait passé son enfance à ressentir un vide semblable, à se reconnaître impuissant face à l'injustice et des heures bien sombres. Mais ce soir-là, pourtant si proche de l'homme qui lui avait tant manqué, Lenny était confronté à un mal qui lui était partiellement inconnu, un mal qui pourtant ne l'effrayait pas. La bête qu'Ari décrivait ne pouvait se gérer de la même manière que leurs autres afflictions dont ils auraient pu souffrir ; il n'était pas sans force, mais redoutait de surestimer ses capacités à encaisser. Il voulait donner de sa personne, faire en sorte que son amant puisse se contenter de lui, ne jamais ressentir le besoin de se servir dans les réserves d'autres personnes. Lenny avait bien des qualités, mais il n'était pas partageur, pas en ce qui concernait l'amour ou ses relations plus charnelles. Il ne voulait pas qu'Ari aille vers d'autres visages, ne survivrait pas à l'idée d'avoir à le partager avec d'autres, malgré la situation.  
    L'image de Stuart embrassant son amour était douloureuse, mais il ne pouvait s'en plaindre, sachant qu'il lui avait sauvé la vie en agissant de la sorte. Le réalisateur n'était pas à blâmer, Lenny en avait conscience. Cela ne l'empêchait pas de souffrir en les imaginant ensemble, en se demandant si les baisers de l'autre homme avaient été plus savoureux sur la langue d'Ari que ceux qu'il savait lui donner lui-même. Le sergent voulait intégrer la vie de son fiancé, plus que tout, ne supporterait pas d'être mis de côté. Il voulait être disponible pour lui, toujours dans son sillage, à satisfaire le moindre de ses besoins. La bête demandait ; il répondait. Mais au milieu, il y avait Ari, et l'impression que laissait l'autre aurait pu le rendre mal à l'aise, à défaut de l'effrayer. Lorsqu'il étreignait l'autre, était-il fidèle envers Ari ? Lorsqu'il se laissait aller à frôler petite et grande mort dans ses bras, à qui profitait ces instants ?

    La pupille de son amant offrait parfois une réponse, il le savait aujourd'hui. Il l'avait vu dans son regard, la faim plus forte que le reste, s'élancer le long de son corps avant même que leurs lèvres ne se touchent. Qui t'a demandé d'être patient ? Il n'avait pu tenir à cette mention, n'avait pu se défaire de la langueur du corps adverse contre sa peau, du roulement des hanches balayant les siennes. Il se sentit sombrer en sentant le souffle contre son cou, les dents taquinant son épiderme dans un élan possessif qui le fit frémir. L'énergie lui manqua rapidement, mais comment mettre un terme à cet assemblage si parfait qu'ils formaient ? C'était comme s'ils étaient faits pour être ensemble, comme si leurs corps avaient été moulés dans une forme assez spécifique pour convenir à celui de l'autre. Il finit par de moins en moins se faire entendre, toujours frémissant de plaisir mais ayant perdu la capacité de manifester sa satisfaction. La tête penchée en arrière pour laisser à l'autre le soin de s'emparer de lui, de dévorer cette nuque qu'il mettait à sa disposition. Jusqu'à ce qu'il n'y puisse plus, le corps panique mis sous silence par la volonté du sujet. Il se sentait faible, frustré, désireux d'enfoncer ses doigts assez profondément dans la peau du légiste pour qu'il ne le lâche jamais malgré les risques. Il voulait se perdre dans ce torrent, s'y laisser engloutir sans céder à la prudence.

    Les paupières rabattues sur un regard absent, il reprit son souffle en essayant de ne pas perdre le contrôle de son corps. L'énergie lui manquait mais il voulait pouvoir bouger encore, se blottir contre lui et s'excuser de ne pas pouvoir faire plus, de ne pas être suffisant. Il resta immobile contre lui, le nez dans son cou et le corps entier soumis à sa volonté. Il était épuisé, devait lutter pour ne pas s'endormir sur le sol. Il avait à peine senti Ari rompre l'étreinte, ne l'avait pas vu se désolidariser de lui pour s'installer à ses côtés et le tenir dans ses bras. Ne t'en veux pas, mon amour. Tu as fait ce qu'il fallait, au moment où il le fallait. Il avait entendu cette voix, comme un écho lointain. Il s'en voulait, c'était vrai, mais essaierait de ne pas le montrer à son amant, pas alors qu'il risquait ainsi de le perdre. Et si Ari prenait la décision de tout arrêter à cause des états d'âme du sergent ? Et si, en voulant bien faire, Lenny ne faisait que forcer son fiancé à s'éloigner de lui ? Il essaya de ne pas montrer sa peine, de ravaler la colère qu'il ressentait envers lui-même et de se laisser aller contre la chaleur réconfortante du légiste. « — Je vais bien ... » C'était la vérité, ou presque. Physiquement, il allait bien. Il ne lui faudrait qu'une bonne nuit de repos pour reprendre des forces, aurait retrouvé une partie de son énergie dès le lendemain après un bon verre de jus d'orange. Peut-être serait-il légèrement au ralentis au long de la journée mais ce n'était pas grave, ils mettraient tous cette attitude sur le dos de ses heures supplémentaires.
    Le plus inquiétant était plutôt ce qui traversait son esprit, toutes ces pensées parasites qui lui répétaient que s'il ne pouvait pas satisfaire son fiancé, il ne le resterait pas pour longtemps. Le légiste avait besoin de nourrir ce mal qui le rongeait, devait le tenir rassasié pour être en forme ; pour cela Lenny devait résister malgré ses moments de faiblesse. Essayant de rassembler ses forces, il prit une grande inspiration pour montrer qu'il se portait comme un charme, mais il ne dupait personne. Les lèvres tendues dans sa direction, il soupira contre celles d'Ari, fit son possible pour ne pas se mettre à trembler d'anticipation. Il avait échoué. Plus la force de pleurer, pas même celle de s'en vouloir suffisamment pour faire entendre sa voix. Il resta silencieux, bercé par la tendresse dont son amant faisait preuve à son égard. Il avait échoué et, pourtant, Ari ne lui en voulait pas, prenait soin de lui.

    Il ne répondit rien à sa quesiton, se contenta d'émettre une sorte de mélange entre soupir et grondement pour montrer qu'il se moquait de l'endroit où il échouerait pour la nuit. Il pouvait très bien rester par terre, se mettre sur le canapé ou bien ramper jusqu'à la chambre ; la seule condition à remplir était la présence d'Ari, il voulait dormir dans ses bras, n'en démordrait pas jusqu'à ce qu'il cède. Il ne voulait pas d'un lit douillet, pas même d'un oreiller moelleux pour reposer sa tête, tout ce qui lui importait était de sentir la chaleur de son fiancé contre lui. Les bras moues, il se laissa guider par Ari, essayant de ne pas tomber en marchant ; il ne voulait pas que son compagnon s'en veuille de le laisser avec si peu d'énergie, ressentait le besoin de le rassurer en donnant l'air d'être tout à fait capable de se déplacer sans l'aide de personne. C'était faux. Il se laissa aller contre le corps de son amant jusqu'à la chambre et s'installa dans le lit en fermant directement les yeux. Les doigts contre les draps, Lenny chercha désespérément ceux d'Ari, faillit s'affoler en ne les trouvant pas près de lui ; les yeux ouverts, il put enfin agripper sa main en serrant le plus fermement possible afin de s'assurer qu'il fut incapable de partir. « — C'est toi que j'ai très envie de me mettre sous la dent. » Un sourire canaille malgré ses yeux presque fermés. Il s'humecta les lèvres en serrant ses doigts entre les siens du mieux qu'il put. « — J'veux que tu restes avec moi, j'veux pas que tu partes ... J'veux pas que tu me laisses seul ... » Les yeux entièrement fermés, il essaya de tirer sur sa main pour l'inviter à le rejoindre sous les draps, à dormir à ses côtés. Il n'accepterait aucun refus, se battrait pour pouvoir dormir près de lui jusqu'au petit matin.
    Il attendit de le sentir allongé près de lui pour se détendre complètement. Incapable d'ouvrir les yeux, il chercha le cou de son amour à tâtons et finit par s'y blottir en ramenant ses deux bras entre eux, en position fœtale. Il aurait donné énormément pour pouvoir rester éveillé avec lui, trouver l'équilibre entre le sommeil et le besoin de se sentir de bonne comppagnie ; mais il ne pouvait tenir, pas alors que l'obscurité continuait de l'appeler. Il devait dormir, avait besoin de se reposer pour reprendre des forces, sans quoi il serait totalement inutile le lendemain. Il ne pouvait se le permettre, avait bien trop à faire. « — Désolé ... » Un murmure presque inaudible, perdu au seuil de ses lèvres. Il ne savait pas si Ari l'avait entendu, l'espérait tant.

    Il ne se réveilla que deux fois durant la nuit. La première fois fut accompagnée d'une violente migraine, Lenny persuadé qu'on lui enfonçait un couteau dans le crâne tant la douleur fut vive. Il savait que ce n'était pas important, seulement une affliction dû à la fatigue qu'il avait bien trop accumulée, celle également qui était arrivée d'un coup franc avant qu'il ne parvint à s'endormir. Lorsqu'il ouvrit les yeux pour la seconde fois, le mal de tête avait disparu pour laisser place à une lenteur délirante. Il se sentait comme pris d'une profonde gueule de bois, comme coupable d'avoir descendu des litres et des litres d'alcool en quelques minutes seulement. Le monde continuant de tourner autour de lui, il avait profité d'être éveillé pour se lever et passer un coup de téléphone. Devlin devait être mis au courant des derniers évènements, du mariage à venir, de son cœur si parfaitement comblé par la présence de celui toujours présent dans ses bras à son réveil. Ce dernier s'était d'ailleurs invité dans la cuisine pour le rejoindre, s'était inquiété, ce qui avait ravivé une chaleur diffuse dans son âme, se sentant renaître sous le regard de son amour. L'appel terminé, il était retourné se blottir contre Ari pour y passer le reste de la nuit.

    Lorsqu'il s'était réveillé après les heures suivantes, son réveil n'avait pas encore sonné. Il n'était pas certain de l'écouter, de toute manière, désirant passer la journée avec son fiancé plutôt que penché sur son bureau à chercher une jeune femme qu'il pensait déjà décédée depuis longtemps déjà. Le visage tourné vers Ari, il afficha un sourire radieux ; il avait eu besoin de se rassurer, se prouver que ce n'était pas un rêve, qu'il n'avait pas fabriqué son bonheur de toutes pièces. La main levée devant ses propres yeux pour tester sa force, il serra le poing, soucieux de décider s'il était en état de se lever ou non. L'hésitation ne dura que peu de temps, l'envie de faire plaisir à l'homme endormi près de lui plus forte que la prudence. Il déposa alors un doux baiser contre la tempe d'Ari et se mit sur pieds pour préparer un petit déjeuner à apporter au lit. Il ne faisait pas fondalementalement froid, mais il sentit des frissons lui parcourir le corps lorsqu'il quitta les draps. Il n'avait pas apporté de pyjama et la soirée de la veille ne lui avait laissé le temps que de se déshabiller avant de se coucher ; du moins, Ari l'avait aidé. Sachant qu'il ne serait pas habité trop longtemps par la morsure du froid, il prit le chemin de la cuisine en se frictionnant les bras. Le café serait suffisant pour le réchauffer, les bras d'Ari feraient le reste du travail, il n'en doutait pas.

    Il ouvrit les yeux en sentant des doigts contre sa peau. Réveil en sursaut, il se passa une main sur le visage et regarda autour de lui pour essayer de comprendre ce qui s'était produit. Il était assis à la table de la cuisine, la tasse vide dans une main, le reste du corps douloureux à cause de la position. Le noir complet s'était de nouveau emparré de lui. Il s'était assis en attendant que le café chauffât, avait finit par s'endormir. Il lâcha la tasse pour la poser sur la table et se frotta les yeux en lançant un regard perdu vers Ari : « — Qu'est-ce que je– Je me suis endormi ? » Il parut déçu en voyant la tasse vide et le jour levé, la mine basse en soupirant. « — Je voulais t'emmener le petit déjeuner au lit ... » La moue boudeuse, il croisa ses mains devant lui en enfouissant sa tête entre ses épaules pour braver le froid du matin.  



THE NIGHT'S ON FIRE
the promises we made were not enough. the prayers that we had prayed were like a drug. the secrets that we sold were never known.
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Ari Williams
- ari beau, c'est beau la vie -
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love is a losing game
L'alliance des corps avait beau être presque parfaite, l'urgence de l'état de Lenny était passée avant le reste. La frustration pouvait battre son corps encore brûlant à blanc, le grondement du besoin embrouillant ses sens, insatisfait, Ari ne souhaitait plus y prêter la moindre attention. Avec une partie de ses forces, c'était sa capacité à contrôler la faim qui était revenue, s'acharnant dans un seul et unique but : Lenny. De l'inquiétude plein les veines en prenant autant soin de l'accompagner jusqu'à ce repos plus que mérité, il redoubla d'attentions pour le tranquilliser. Les  sens encore en alerte, il l'avait senti, cet éclat d'une culpabilité qui n'était pas la sienne. Un sentiment inconnu et pourtant si familier, tant elle n'avait eu aucun mal à épouser la sienne. Et s'il avait redoublé de tendresses pour essayer de rassurer le plus jeune, s'il avait tout fait pour le conforter dans l'idée que ce n'était pas grave, il l'avait ressentie comme une flèche enfoncée dans son coeur. Le plus important était qu'il aille bien. Que le mal ne l'emporte pas, encore moins alors qu'ils venaient tout juste de se retrouver. Ce combat, ils avaient décidé de le mener à tous les deux. Se faire confiance, même dans l'adversité, en sachant ce que tous les deux pourraient ou ne pourraient pas faire.
Et Lenny s'en voulait, Ari l'avait perçu, contre sa peau. Dans ses entrailles. Il n'en avait rien dit, il n'en avait pas besoin. Plus maintenant qu'ils étaient deux à affronter tout cela.

Cela prendrait du temps, Ari en était conscient. Cela nécessiterait qu'ils en parlent, qu'ils accordent tous les deux leur diapason pour ne pas se blesser mutuellement. Mais Rome ne s'était pas construite en un jour, et il y avait bien plus urgent. Lenny était faible. Trop. Il n'avait pas prononcé le moindre mot depuis de trop longues minutes. Parlant pour se rassurer autant que pour réussir à avoir une réponse, en le guidant jusqu'au lit. L'inquiétude du légiste ne s'effaça qu'en sentant des doigts un peu trop faibles à son goût attraper les siens. Ne put s'empêcher de sourire lorsque la voix de son fiancé résonna enfin à ses oreilles, si faible et pourtant si sonore tant il l'attendait. Il pouffa doucement à l'allusion, pressa les doigts de Lenny entre les siens, tendrement :

-Tu pourras me dévorer autant que tu le souhaites au petit déjeuner, Tiger.

Te dévorer. Une allusion particulièrement aigre-douce, quand c'était précisément le genre de choses qui avaient précipité leur chute, ce soir. Des frissons le long de la nuque alors que la promesse elle même rappelait au besoin à quel point il était loin d'être repu. Des échos de cette monstruosité abjecte qui mettait son coeur à la peine, et son amant dans l'état d'épuisement où il se trouvait. Un éclat de culpabilité passa sur les traits du Néo-Zélandais. Etreignit son cœur. Par chance, les paupières closes de Lenny l'empêchèrent de le voir. Il caressa doucement le dos de la main de sa amant du pouce, sentit la pression autour de ses doigts s'accentuer faiblement. Une impulsion à laquelle Ari aurait cédé, même sans les mots qui l'accompagnèrent.

-Je ne vais nulle part, mon amour, je te le promets.

Il serait allé lui décrocher la Lune, si Lenny le lui avait demandé. Aurait accompli le moindre de ses désirs si cela pouvait l'aider à aller mieux, ne serait-ce qu'un peu. Mais il le savait, depuis qu'ils s'étaient retrouvés. Qu'importait la distance, ce serait dans ses bras qu'il reviendrait se nicher. Relâcha ses doigts le temps de finir de retirer les vêtements que la passion n'avait pas su lui enlever du dos, et les retrouva aussitôt. Se faufila sous les draps pour mieux se blottir contre sa chaleur, le laissant s'installer plus confortablement. Fourrant son nez dans les cheveux du sergent, Ari retrouva enfin cette capacité de respirer qu'il avait crue perdue pendant toute la période qu'ils avaient passée éloignés l'un de l'autre. Celle d'être enfin, et pleinement, à sa place. Avec Lenny dans ses bras, lové dans sa chaleur. L'odeur du plus jeune tout autour de lui, et le poids de son corps qui sombrait progressivement dans le sommeil contre sa poitrine. Il l'avait su, lors de la première étreinte qu'ils avaient partagée tous les deux. C'était entre ces bras qu'il se sentait le mieux. Ca l'avait toujours été, depuis le tout début. Alors cet homme qui s'endormait progressivement contre son coeur, il ferait tout pour le protéger.
Du monde. De ses peurs, de ses doutes et de ses douleurs. De lui-même.

Désolé. Ari serra d'avantage les épaules de son amant contre son cœur, en réponse. Faible comme il était, il lui sembla si frêle, entre ses bras.

-Tu n'as pas à l'être, Len...

Il n'était pas sûr que Lenny l'ait entendu. L'espérait de tout cœur, espérait qu'il emporte dans ses rêves sa propre sincérité. Parce que chacun des mots qu'Ari lui avait confiés était sincère. Il ne pouvait pas se rendre compte de l'immensité de ce qu'il avait fait pour lui, ce soir. Une preuve d'amour. Lenny la lui avait offerte, avait même fait bien plus que cela. C'était maintenant au tour d'Ari de s'assurer de son bien être, et il était plus que paré à remplir sa mission. Surveilla la respiration de l'assoupi pendant de longues minutes, profitant d'avoir repris quelques forces. Les battements réguliers, tranquilles, de son cœur, la chaleur de son corps. Et finit par se laisser sombrer progressivement à son tour, bercé par les inspirations de Lenny et par le confort de son étreinte, une fois sûr que rien ne pourrait arriver à son amant.

Ce fut un mouvement dans le lit qui le réveilla une première fois, au beau milieu de la nuit. Il ne comprit pas de suite ce qu'il s'était passé, avait senti la morsure du froid s'engouffrer sous les draps quand Lenny s'était redressé. Le palpitant en alerte aussi sec, en réalisant que le plus jeune se faufilait hors de son étreinte. Le corps encore suffisamment alerte malgré le sommeil pour bondir à son secours s'il lui arrivait quoi que ce soit, il l'avait pourtant laissé faire. Avait perçu le son de sa voix, feutré, à l'autre bout de la maison. Rassuré par son ronronnement, mais l'oreille aux aguets. Jusqu'à ce qu'il entende le premier sanglot. Quoi qu'il se passe, il était hors de question de le laisser affronter tout cela tout seul. L'inquiétude guidant ses pas jusqu'à la cuisine, il l'avait trouvé pendu à son téléphone. N'était plus qu'instinct en venant se lover dans son dos, faisant le plus attention du monde pour lui apporter son soutien sans le déranger outre mesure. Si croiser son sourire et entendre la mention de Devlin le rassura un peu, ce n'était pas définitif. Un défilé de pensées vagabondes sous les boucles poivrées, jusqu'à ce que Lenny finisse par le rejoindre. Il s'était assoupi, en dépit de sa vigilance. Le sourire que son amant lui avait adressé avait beau être sincère, c'étaient ses yeux remplis de larmes qu'il avait encore en tête. Des larmes de joie. Il pouvait parfaitement l'entendre, avait même participé à la conversation pour savoir qu'il s'agissait bien de cela. Mais ses propres émotions étaient encore bien trop vives pour qu'il se satisfasse d'une telle explication.
Alors il décida de tenir, cette fois-ci. Aussi longtemps que possible, il serait la sentinelle silencieuse qui chasserait les cauchemars du plus jeune. Dans son état d'épuisement, ce n'était déjà pas normal qu'il se soit levé. Et, maintenant qu'il était de retour dans ses bras et que le sommeil revenait le happer, Ari redoubla de vigilance. Quelques messages à Stuart, au beau milieu de la nuit. Le palpitant brassant bonheur et prudence alors que, un bras autour des épaules de l'amour de sa vie, il partait pour de longues heures de veille.

Le soleil étirait déjà ses rayons à travers les rideaux, quand il se réveilla enfin. Tiré du sommeil par une sensation de fraîcheur contre sa peau. Anormale. La peur prit aussitôt le dessus, l'arrachant immédiatement de sa torpeur. Lenny. La main du légiste palpa frénétiquement le côté du lit où devait se trouver le plus jeune, une sensation de malaise grimpant en flèche dans son organisme. Les événements de la nuit passée, il ne les avait pas rêvés. Ca avait beau être arrivé plusieurs fois lorsqu'ils n'étaient plus ensemble, Ari savait qu'il ne s'agissait pas d'un rêve, cette fois-ci. Ouvrit aussitôt les yeux, malgré qu'ils soient gonflés de sommeil, constata avec horreur que le lit était vide. Arythmie frénétique, en se redressant. Une vague de sueur froide le long du dos. Un silence de plomb régnait sur la maison. Et il n'y avait aucune trace de son fiancé.
Pourvu qu'il ne soit rien arrivé pendant qu'il dormait.

-Len ?

Aucune réponse. De l'appréhension plein les membres, le légiste s'extirpa aussitôt de la chaleur réconfortante du lit. Enfila les quelques vêtements qu'il avait laissés par terre la veille, rapidement, et fila aussitôt à la recherche de son amant. Il avait peut-être fait un malaise, il pouvait lui être arrivé bien pire. Aucune trace de vie dans la salle de bain, de même pour la chambre de Stuart. Remontant progressivement chaque pièce, il n'ouvrit les portes que sur l'absence. L'appréhension, elle, gonflait en panique dans sa poitrine. D'autant plus alors qu'il ne trouva pas plus âme qui vive dans le salon. Pouvait-il s'être éloigné pour passer un appel ? Impossible, son téléphone était encore sur la table de chevet, de son côté du lit. Il l'avait vu du coin de l'oeil. Certains des vêtements du plus jeune jonchaient encore le sol, au pied du sofa, vestiges de ce qu'il s'était passé cette nuit. Accentuèrent le malaise autant que la terreur dans les entrailles du légiste. S'il lui est arrivé quelque chose, c'est ta faute.

-Lenny ?

De l'urgence, dans la voix. Il finit par s'arrêter au milieu du salon, prit une profonde inspiration pour s'efforcer à se calmer. Une odeur familière lui parvint aussitôt. Du café chaud. Il n'attendit pas plus longtemps pour se précipiter jusqu'à la cuisine. Et sentit son cœur s'arrêter brutalement dans sa poitrine. Lenny était bien là. Effondré sur la table de la cuisine, une tasse pendue au bout de ses doigts. Un chapelet de non au bout des lèvres, Ari le rejoint aussitôt. La peau de son amant était fraiche, quand il attrapa son épaule. Mais, surtout, il ne réagit pas. Malgré les appels d'Ari, malgré la position inconfortable ou cette tasse que le légiste subtilisa de ses doigts rapidement avant de s'installer devant lui. Les pires scénarios se bousculaient sous les mèches poivrées. Et s'il ne se réveillait pas ? Et s'il était... La poigne du médecin s'affirma, il poussa un peu plus fermement l'épaule. Manqua de sursauter quand Lenny se réveilla aussi sec, sous l'impulsion.  Le coeur enfoncé au creux de sa gorge, il lui fallut une seconde pour assimiler la question de son fiancé. Ses mains, elles, avaient déjà fait le voyage pour prendre le visage aimé en coupe. La terreur au fond des yeux, en retrouvant le regard embrumé de son amant. En guettant sur son visage le moindre signe, le moindre symptôme de ce pire qui empoisonnait ses pensées.

-Tu vas b... quoi ?

Encore trop affolé pour saisir l'évidence de ce qui s'était produit, Ari marqua un temps d'arrêt. La simplicité de l'explication était à des lieues de tout ce qui se tramait dans sa propre tête. Lenny s'était tout simplement assoupi. Il fronça les sourcils, suivit malgré lui le regard du plus jeune vers la tasse de café. Deuxième temps d'arrêt.

-Le café ?

Les yeux noirs s'arrêtèrent enfin sur la cafetière qui ronronnait encore tranquillement sur son comptoir. L'odeur chaleureuse et rassurante du breuvage revint envahir ses narines. Trop confus par la poussée d'adrénaline, il ne s'était même pas arrêté pour arriver à la conclusion si simple de la réalité. Posa un regard perdu dans celui de son amant :

-Tu t'es endormi en faisant le café ?

Plusieurs clignements des yeux, le temps que l'information imprègne réellement son cerveau. Il allait bien. Tout allait bien. Des tremblements au bout des doigts sous le soulagement, il sentit les larmes lui monter aux yeux. Relâcha les joues de Lenny pour le serrer aussitôt dans ses bras, dans une étreinte plus forte qu'il ne l'aurait voulue.

-Tu m'as fait tellement peur !

Mais tout allait bien. Lenny était bien vivant, bien dans ses bras. Il ne s'agissait que de sommeil et de café, pas de ce pire qui aurait si facilement pu arriver. Tout ça n'était que dans sa tête, propulsé par une nuit sans repos, par le cumul des émotions de ces dernières semaines et par la peur. Mais la peau du plus jeune se réchauffait déjà, sous l'étreinte. Il pouvait lâcher les armes, c'était une fausse alerte. Il ne le fit pas totalement, pour autant. Ne relâcha les épaules de son amant qu'au bout de longues minutes, reprit son visage en coupe entre ses paumes pour déposer un baiser rassuré contre ses lèvres. Bien chaudes, bien réelles, bien , contre les siennes. Un soupir contre leurs paires, alors qu'il se calmait enfin. Il bredouilla, désolé :

-Pardon, j'étais si inquiet, c'est adorable comme intention... C'est juste que je t'ai vu sur la table, j'ai cru qu'il t'était arrivé...  tu te sens comment ?

L'adrénaline n'aidait pas ses pensées à calmer leur ronde folle, sous son crâne. L'esprit filant bien plus vite que sa raison, il se rappela à quel point la peau de Lenny avait été fraîche, sous ses doigts. Il recula aussi sec, sans prévenir, retira son t-shirt pour le glisser sur les épaules de son amant. Impossible de savoir depuis combien de temps il était dans cette cuisine, mais il n'avait rien sur le dos. Il ne pouvait pas le laisser avoir froid. Même si la morsure de l'air ambiant ne tarda pas à se faire sentir contre son dos. Il frissonna.

-Il fait un froid de canard dans cette cuisine, je propose qu'on finisse ce que tu as commencé et qu'on retourne au chaud, sous la couette, t'en penses quoi ?

Il ne lui laissait pas réellement le choix, en vérité. Pas alors qu'il reprenait la tasse vide, laissée à l'abandon sur la table, et se dirigeait vers la cafetière à côté de laquelle s'en trouvait une autre. Il se rendit compte qu'il tremblait encore en versant le breuvage fumant, et ça ne venait pas de la fraîcheur ambiante. Ses yeux s'embrumèrent. La panique avait laissé place à la culpabilité. Une boule d'émotion en travers de la gorge, il attrapa les hanses et revint au niveau de son fiancé :

-Je suis désolé que tu sois fatigué à ce point... Tu as besoin que je t'aide à rejoindre la chambre ?




How do I make you love me? How do I make you fall for me? How do I make you want me
And make it last eternally?

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Lenny Myers
- responsable à jardiland -
Lenny Myers
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damné(e) le : o07/04/2022
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-- love is a losing game ft. @ari williams
    La morsure du froid attaquait sa peau ; le sommeil plus ou moins profond, il ne s'en rendit compte qu'une fois les yeux ouverts et l'esprit éveillé. La main contre son épaule lui arracha un frisson, l'épiderme réagissant au contraste entre la chaleur de cette paume et la tétanie glaciale qu'imposait la cuisine. Il plissa les yeux pour que sa vision fasse un focus, lovant amoureusement ses joues entre les mains chaudes de son fiancé. Il s'en voulait de ne pas être allé au bout de son idée, de ne pas avoir trouvé la force d'apporter cette preuve de dévouement jusqu'à la chambre d'appoint. Ari ne lui en voudrait pas, évidemment, mais lui se montrait toujours plus exigeant envers ses propres actes, acceptant difficilement ses échecs, quels qu'ils fussent. La tête lourde, il regarda autour de lui pour chercher une source de chaleur, hésitant à se blottir contre le légiste pour partager la sienne. Il se sentait faible, pourtant capable de poursuivre son idée, de préparer un plateau qui contiendrait boissons et mets à grignoter. Tu t'es endormi en faisant le café ? Il le regarda de nouveau, hocha la tête en lui adressant un sourire plein d'excuses. Sa bouche était pâteuse, sensation désagréable de n'avoir pas assez dormi, bu trop d'alcool, du moins cherché à freiner son cerveau quelle qu'en fut la manière. Il n'avait pas senti les bras de son amant s'enrouler autour de lui, ressentait néanmoins le contact comme une nouveauté réconfortante ; il se consolait de le sentir contre lui. L'étreinte se fit de plus en plus serrée, les membres d'Ari affirmant leur prise avec une conviction sans faille. Lenny ne broncha pas, n'en eut ni la force ni l'envie. Il se contenta de rester contre lui, de savourer sa chaleur, son odeur et l'amour qui émanait de ce geste.

    Il émit un léger grognement de mécontentement en le sentant se désolidariser de son corps. Le froid était plus présent que jamais, créait des saillies presque douloureuses le long de sa peau tant le contact lui manquait. Il ferma les yeux en sentant les lèvres du légiste contre les siennes, se nourrit du goût d'un amour retrouvé depuis trop peu de temps encore. Il n'était pas guéri de sa carence d'affection, ne le serait pas avant quelque temps. « — Je vais bien, j'étais juste ... fatigué. » Il aurait pu employer bien d'autres termes, des synonymes plus proches de la réalité, tant celui employé était un euphémisme. Il n'était pas seulement fatigué, plutôt épuisé, exténué, à bout de force. Il ne pouvait pas le lui avouer, pas alors que son regard exprimait une telle culpabilité. Il essaya de ne pas trembler, de ne pas montrer combien son corps redoutait l'air glacé, ne portant qu'un simple caleçon. Il secoua la tête en voyant son amour retirer son tee-shirt, comprenant immédiatement ce qu'il comptait en faire. « — Non, Poppy. Tu vas avoir froid ... » Il continua de secouer la tête, se tortillant dans l'intention de se débarrasser du vêtement. Il n'y parvint pas ; soit parce qu'il fut trop fatigué, soit parce qu'Ari l'en empêcha, il n'en sut rien. Il apprécia la sensation de chaleur qui suivit, la consolation d'un morceau de tissu entre lui et le froid.

    Il releva la tête vers le dos d'Ari, alors que ce dernier servait lui-même les tasses du café fumant. Les lèvres plissées, il baissa les yeux vers ses doigts, commençant à les triturer les uns contre les autres. Il avait honte. Ce n'était pas à son fiancé de prendre soin de lui, pas alors que c'était sa décision à lui de venir préparer de quoi rester entre les draps jusqu'au terme du petit matin. Il croisa les bras contre son torse, épaules en avant pour s'enlacer ; les frissons qui le parcouraient n'étaient pas seulement dus au froid et au harassement. Il secoua doucement la tête pour refuser son aide, se leva pour ouvrir la marche. Il s'arrêta d'abord près d'un placard pour attraper un paquet de gâteaux, il n'avait pas la force d'en faire plus. L'objet en main, il s'engagea déjà en direction du couloir en faisant attention de ne pas être seul. Il tournait souvent la tête en arrière pour vérifier qu'Ari n'ait pas disparu. Il entra dans la chambre et s'assit sur le lit en déposant le paquet à côté de lui. « — C'est pas ta faute, tu sais ? Le problème vient de moi. » Il soupira et s'adossa plus confortablement contre la tête de lit. L'odeur d'Ari était partout autour de lui, se faisait plus présente maintenant que le sergent était vêtu de son tee-shirt, peut-être que ce furent ces fragrances qui lui donnèrent le courage de poursuivre son idée. « — J'suis beaucoup trop amoureux de toi pour agir de manière rationnelle. » Elle était là la vérité, il avait bien peur d'être littéralement fou d'amour. Il en faisait trop, se montrait imprévisible et incohérent. Le besoin d'exprimer son amour allait au-devant de tout le reste, se faisait maître dans un horizon incertain. Il n'avait pas réfléchi en se levant, s'était dirigé vers la cuisine avec une mission à l'esprit, qu'importait que son corps lui demande de ne pas bouger, que sa tête lui hurle de céder au repos.

    Il souleva les draps près de lui pour inviter son amant à le rejoindre, puis s'agrippa à sa peau une fois ce dernier près de lui. Légèrement tourné vers lui, il avait déposé une main sur la cuisse de son fiancé, l'autre remontant la couverture sur eux. « — J'ai failli pas te prévenir, j'ai failli te laisser aller trop loin. » Il ne savait pourquoi il avait ressenti le besoin de lui avouer, comme si le cacher n'aurait fait qu'accentuer l'égoïsme dont il avait fait preuve. La perspective d'un monde sans Ari lui glaçait le sang, mais il était encore plus effrayant d'imaginer un univers dans lequel l'être aimé n'existerait plus. Il pouvait alors tout prendre ; sa vie ; son énergie ; sa main ; tout ce qui pouvait l'aider à rester près de lui. « — Si j'te dis ça c'est parce que j'veux pas que tu t'en veuilles de quoi que ce soit. Je sais dans quoi je m'embarque en t'épousant, et tu dois penser que je suis fou d'accepter tout ça, mais je ne le fais pas pour toi. Je le fais pour moi, parce que j'serai incapable de vivre sans toi. » Il se rapprocha un peu plus encore, retirant la main de sa jambe pour entrelacer ses doigts aux siens. Il caressa tendrement le dos de sa main à l'aide de son pouce, savourant la douceur de l'instant malgré des paroles qu'il n'aurait jamais dû prononcer. Il tenait à être honnête, et il s'en serait voulu de laisser la culpabilité encercler le légiste. « — C'est stupide, je sais ... mais j'ai plus peur de te perdre que de mourir en essayant de te garder. »



THE NIGHT'S ON FIRE
the promises we made were not enough. the prayers that we had prayed were like a drug. the secrets that we sold were never known.
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